Halloween, folklore d’induction à la psychose

Auteur(s)
Teresita Dussart, pour FranceSoir
Publié le 02 novembre 2022 - 18:05
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Clown
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AFP
"La radicalité des manifestations faisant l’apologie du culte de la mort et de l’homicide violent, grandit d’années en années."
AFP

TRIBUNE - Une mère tire sur le bras d'une petite fille de cinq ans environ pour monter dans le train. Scène de la vie quotidienne. À ceci près que la mère arbore un serre-tête représentant un couteau de cuisine, traversant de part en part le cortex. Des traces de sang semblent couler le long des tempes. Le déguisement illustre, sans seconde lecture possible, un macabre assassinat, extrêmement violent. Répugnant et vulgaire, pour qui pourrait l'incorporer dans sa dimension de fiction, il est impossible de spéculer sur ses effets, s'agissant du cerveau d’un enfant. Les passants semblent approuver. Ils portent un regard attendri sur le couple mère-fille, malgré le stupre psychologique de la scène. C’est ça la magie d’Halloween, les sens ouverts à l'incorporation dans un folklore venu d'ailleurs, des formes de cruautés les plus extrêmes !

La radicalité des manifestations faisant l’apologie du culte de la mort et de l’homicide violent, grandit d’années en années. Ce phénomène global fait déjà des morts. Les armes blanches de la grande faucheuse ou du clown psychotique, se sont avérées réelles dans nombre de villes européennes dans les nuits qui vont du 31 octobre au 2 novembre. Des villes où ce phénomène culturel totalement exogène s’est enraciné avec une puissance irrationnelle.

Vampire, zombie, lycanthrope, créatures habitées d’effets paranormaux, joker schizophrène, ces créations de la fiction, d’abord réservées au registre du film de terreur pour adultes, incorporent désormais le monde d’Halloween, une fête d’enfant avant tout : « Des bonbons ou un sort ». Entre les assassins qui sont entrés dans un cinéma ou une école aux États-Unis -, pays où la transformation du contenu d’Halloween de fête païenne en carnaval gore, dispose de plusieurs longueurs d’avance -, tous ont été abreuvés de cette culture d’induction à la transgression psychotique.

Curieusement, aucune étude sociologique, criminologique ou anthropologique ne s’intéresse à l’impact d’un tel folklore fondé sur des représentations apologétiques du mal, ainsi que du merchandising et des productions en streaming qui l’accompagnent. Le seul paramètre solide repose sur les acquis en matière de psychologie et neuroscience sur la peur. La réponse de l’humain aux stimuli de la terreur est celle de la paralysie des fonctions cognitives. Soit, la fameuse “impossibilité de penser". Cette culture de la terreur ressemblerait donc à une sorte de concertation en vue de l’imbécilisation et de l’immoralité, ce qui est une autre façon de le dire, de l’espèce.

Mais il y a pire que la peur, c’est son absence. L’exposition à des scènes de terreur, dans le cadre desquels sont clairement représentées des scènes d’homicide, de viol ou d’accidents violents, conduit nécessairement à leur normalisation. La normalisation du mal, y compris au travers de dessin animés propre à la période d’Halloween dans le cadre desquels de méchants superlativement cruels sont représentés en tant que personnages positifs, pose la question de la formation éthique des adultes de demain. Quelle sera leur idée du bien et du mal ? D’autant qu’il y a des précédents. Au Mexique, la culture de la Mort, soutenue par les narco feuilleton ou narco corridos (mélodie dédiée à un narco connu) rendent populaires les criminels et génèrent de plus en plus de vocations pour le sicariat. 

L’absence de peur a pour effet, entre autres choses, d’éteindre les alarmes de survie et de capacité de traitement et analyse de l’information. Les 153 morts à Séoul dans le cadre des festivités d’Halloween, une fête totalement étrangère à la culture locale, n'ont pas perçu les signes les plus évidents de l’engorgement du lieu, tout occupés qu’ils étaient à convoquer de manière festive la mort. Au point de la trouver.

La fête gaélique à l’origine d’Halloween, ou le "All Hallow Eve”, est le Samhain. Une fête par laquelle les individus se déguisaient pour tromper la mort, et non pas pour la convoquer, au cours de la nuit la plus longue de l’année. Nuit pendant laquelle, la légende voulait que les portes de l’enfer s’ouvrent, profitant de ce sporadique triomphe de l’obscurité sur la lumière. Mais dans le folklore originel, la peur de la mort comme constante anthropologique, est le pivot de la célébration. Elle ne s’accompagne pas de déclinaisons psychotiques de toutes les formes de lésions corporelles et autres formes d’injures à l’intégrité physique des personnes, propre aux accoutrements de l’Halloween globalisé.

Pendant deux ans, les jeunes et les enfants ont été sacrifiés sur l’autel de la peur, de l’hypocondrie des adultes au cours de l’éclipse de raison lors de la crise sanitaire. Il est normal qu’ils aspirent désormais à récupérer les unités de jeunesse confisquées, la joie de vivre, de se retrouver dans la rue, dans le monde réel. Il est dommage que ce désir de vivre, soit accaparé par une culture psychotique, venue d’ailleurs, alors même que les indicateurs sur la santé mentale des enfants et adolescents sont au plus bas.

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