La France : en marche vers la récession (partie 3/4)
TRIBUNE/ANALYSE (partie3/4)
L'industrie du secteur des technologies avancées, est-elle salutaire ?
Certains économistes préconisent que la fuite du secteur énergivore de l'industrie hors UE n'est pas aussi grave qu'il paraît car, en ce qui concerne la part de l'industrie du secteur des technologies avancées, telles que technologies quantiques, de navigation, des biotechnologies et de la robotique, la position de l'UE et de la France est assez saine. Notamment, en 2022, 194 entreprises dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA) ont été créés dans l’UE contre 160 en Chine et la part du secteur des technologies avancées de l’Union Européenne représente dans les 20% du volume mondial : 22% dans les technologies quantiques, 20% dans la navigation, 18% dans les biotechnologies et 18% dans la robotique (données 2022).
S'ils ont, d'une part, tout à fait raison de souligner le développement accru du secteur en question dans les pays de l'UE, ils négligent, toutefois, le facteur du poids financier actuel de ce dernier vis-à-vis de l'apport dans le PIB de l'UE et de la France en particulier. Et ce dernier reste relativement modeste par rapport à celui de l'industrie "traditionnelle" qui est en train de se désagréger sur le sol européen.
D'autre part, il n'est pas à négliger que le développement du secteur des technologies avancées en France et en Europe, en général, se heurtera davantage dans un avenir très proche non seulement à la très importante concurrence américaine et chinoise déjà omniprésente, mais également à la forte croissance exponentielle de cette dernière de la part de la Chine qui affiche un grand dynamisme dans le domaine. Notamment, concernant les dépôts de brevets, tous secteurs confondus, en 2023 l’UE accuse une croissance de 2,9% contre 8,8% en Chine pour la même période (source : l’OEB).
Le facteur de développement des hautes technologies à lui seul n’est guère salutaire : l’Allemagne qui a déposé en 2023 incomparablement plus de brevets que la France - 24.966 contre 10.814 - est un pays dont le marché est également en train d’entrer à grands pas dans une récession économique.
La force toute particulière de la France dans le domaine des technologies avancées se situe dans le secteur des transports/l’aéronautique, et, comme indiqué auparavant, c’est bien la production du matériel de transport qui s’est littéralement effondrée dans l’Hexagone - et ceci malgré la continuation de l’innovation suivie par un important dépôt de brevets dans le domaine.
Le déficit commercial français et les énergies
En ce qui concerne le déficit commercial français, ce dernier se maintient dans des sommets peu enviables : 85,9 milliards d’euros pour la période de mai 2023 à mai 2024, dont 8 milliards d’euros pour le seul mois de mai dernier (source : Insee).
Certes, le camp politique de Macron peut se vanter de n’avoir creusé que 85.9Mld de déficit contre le record absolu de 162Mld d’euros qu’il a réalisés en 2022 (source : Douanes Françaises), mais il n’y a pas de quoi se réjouir : le très grave déséquilibre du commerce extérieur ne va que s’accentuer car, à ce jour et dans les horizons du visible, il n’y a strictement aucun indice politico-économique sérieux permettant de supposer le contraire.
Ce n’est pas depuis hier, mais depuis l’année 2006 que la balance commerciale française est dans le rouge chaque année consécutive sans exception et le déficit cumulé des dix-huit dernières années a déjà dépassé les 650Mld d’euros.
Les principales raisons structurelles de ce grave déficit sont un important déséquilibre du solde des échanges des biens manufacturés, dont la concurrence française est plombée par le très haut niveau des prix de l'énergie faisant exploser les coûts de production; la forte dépendance française aux énergies fossiles importées et, surtout, l’incapacité déconcertante du président Emmanuel Macron et des responsables de son appareil exécutif à mener une politique économique nationale et, surtout, une politique étrangère qui ne sera pas profondément irresponsable vis-à-vis des intérêts stratégiques de la France qui exigent l’atténuation des retombées désastreuses sur l’économie française par le maintien de relations politico-diplomatiques saines avec des pays-fournisseurs de l’énergie.
En ce qui concerne les capacités de la production nationale d’électricité, les inquiétudes des Français à la suite de la privation de la France de sa première source d’uranium qui est le Niger ont été atténuées par la communication d’informations sur les stocks français d’uranium qui semblent être suffisants pour faire fonctionner les centrales électriques de l’Hexagone durant les 32-40 ans années à venir.
Le Texte n° 222 déposé au Sénat, le 19 décembre 2023, dévoile : “Si la France ne dispose pas directement d'uranium naturel sur son territoire, les opérations d'enrichissement ont, elles, lieu en France. Aujourd'hui, pour faire fonctionner nos 56 réacteurs nucléaires, EDF a besoin de 8 à 10 000 tonnes d'uranium naturel chaque année. Fin 2021, le stock d'uranium appauvri entreposé sur notre territoire national était de 324 000 tonnes”.
Pourtant, l’apaisement des Français à ce sujet est bien hâtif.
Ce même texte stipule : “…en conservant ce rythme actuel [de l’accroissement des réserves de l’uranium], il devrait avoisiner 550 000 tonnes en 2050”. Ce qui laisse sous-entendre, à juste titre, l’importance stratégique de la continuation de l’accumulation des stocks. Pourtant, les indications des rythmes de l’accumulation des réserves de l’uranium indiqués dans ce texte du Senat sont aujourd’hui totalement coupées de la réalité.
Non seulement ils ne sont plus réalisables, mais la probabilité est forte que les réserves stratégiques “intouchables” dont la France dispose commenceront à être consommées sous peu, faute de volumes d’importations suffisantes, et cela sera le signe du début du désastre énergétique à venir.
Avant d’avoir retiré ce début juillet 2024 le permis d’exploitation d’un important gisement d’uranium à Madaouéla (Nord du Niger) au groupe canadien GoviEx, le 19 juin, le gouvernement nigérien a retiré le permis d’exploitation du gisement d’uranium d’Imouraren au groupe français Orano (ex-Areva). Imouraren qui est classé comme l’un des plus grands gisements d’uranium au monde, avec des réserves estimées à 200 000 tonnes.
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