La France : en marche vers la récession
TRIBUNE/ANALYSE (partie 1/4) - Les tendances économiques se développant en France depuis la crise de 2008 ont reçu un important coup d'accélérateur dès l’installation au pouvoir suprême de la république en 2017 du parti d’Emmanuel Macron, dont le cadre de la politique intérieure et de la politique étrangère autodestructrice mène directement vers la récession économique dans laquelle la France est en train d’entrer à grands pas.
La personne à la tête du ministère français de l’Economie, monsieur Bruno Le Maire, a prononcé un discours magistral, le 1er mars 2022, dans lequel il n’a « laissé planer aucune ambiguïté sur la détermination européenne » dans sa volonté de « livrer une guerre économique et financière totale à la Russie », afin de faire effondrer son économie. Son enthousiasme était sans équivoque : « Nos sanctions sont efficaces. Les sanctions économiques et financières sont même d’une efficacité redoutable […] Nous allons donc provoquer l’effondrement de l’économie russe ! ».
Deux ans et demi se sont écoulés depuis les exultations publiques dudit personnage et nous retrouvons l’économie de la Fédération de Russie très exactement à l’opposé des lumineuses prévisions du ministre : dans une des meilleures de ses formes - ce qui est très loin d’être le cas pour l’économie de l’Hexagone, dont ce dernier est censé s’occuper.
Le PIB de la Russie a augmenté de 4,6% sur un an au premier semestre 2024, contre 1,1% en France. Le FMI, qui a déjà prévu une croissance confortable du PIB russe, a récemment revu à la hausse ses prévisions initiales de croissance, anticipant désormais une hausse du PIB de 3,2% sur l'ensemble de l'année 2024. Des prévisions qui ne prennent pas, néanmoins, en compte tous les éléments de la réalité des marchés démontrant que la croissance sur l’ensemble de l’année en cours sera plutôt de 3,5-4%.
Selon les dernières statistiques, en juin 2024 la Russie est devenue le pays avec le plus faible taux de chômage parmi les pays du G-20. Le niveau du chômage parmi la population active n’est que de 2,4% contre 7,4% en France qui entre dans le peu glorieux Top-5 des pays du G-20 avec le taux du chômage le plus élevé et dont l’indice INSEE du climat d’emploi annonce un taux de chômage de 8,5% pour la fin de l’année en cours.
En ce qui concerne le pouvoir d’achat de la population russe, au premier trimestre 2024, les revenus nets disponibles - les revenus monétaires corrigés de l'inflation moins les paiements obligatoires des impôts, taxes, redevances et autres contributions obligatoires au budget de l'état - ont vu l’augmentation de 5,8% par rapport à l'année précédente (source : Rosstat). Sur l’ensemble de l’année 2024, l’augmentation du pouvoir d’achat est attendu à hauteur de 9,2% (source : ministère de l’Économie). Pour la France, cependant, une augmentation du pouvoir d’achat à hauteur de 1% brut pour l’année 2024 serait déjà considérée comme un très bon résultat, après une croissance de 0,8% brut pour l’année 2023 (source : l’OFCE).
De même, la Fédération de Russie est entrée dans le Top-3 du G-20 au niveau de la plus faible dette publique par habitant qui n’est que de 2.070$/hab., contre 40.300$/hab. en France, 50.600$/hab. au Royaume-Uni ou encore 104.500$ par habitant aux Etats-Unis d’Amérique.
En France, le taux de chômage élevé de ce jour, la très faible croissance du PIB et la dette publique exorbitante pesant sur le présent et le futur de l’économie française ne sont que les constantes structurelles se développant en synchronie avec toute une série d’autres facteurs économiques résultant de la politique française irresponsable des dernières années et démontrant l’entrée prochaine de la France dans la récession économique.
La croissance du PIB à hauteur de 1,1% pour le premier semestre 2024, dont le chiffre correspond également à la croissance attendue pour l’ensemble de l’année en cours, malgré les prévisions de stagnation annoncées auparavant par l’INSEE, ne doit guère être surestimée et prise pour une constante. La non-modération de la joie serait une importante erreur d’appréciation, car son augmentation n’est grandement due qu’à la hausse des dépenses publiques (+0,3% de la consommation des administrations et +0,6% de l’investissement public pour le second trimestre) qui ne fait que soutenir artificiellement le PIB du pays en creusant davantage la dette de l’état français.
La réindustrialisation ou la désindustrialisation ?
La désindustrialisation de la France n’est nullement un phénomène nouveau. Elle s’est mise en place dès la crise de 1974 et ne s’est jamais arrêtée depuis, en faisant de la France le pays européen qui s'est le plus désindustrialisé ces 50 dernières années.
Si en 1972 la part de l’industrie française dans le PIB était de 19%, en 2020 elle n’est plus que de 9%. De même pour la part d’emplois dans le secteur industriel : 37,4% en 1982, contre 13,3% en 2020.
Dès la période de la propagande électorale précédant la prise du pouvoir en 2017, Emmanuel Macron a choisi de se promouvoir avec un message politique tout à fait attractif adressé aux masses électorales : faire de la réindustrialisation de la France un chantier prioritaire de son mandat. Message adressé à des masses qui ne connaissent à peu près rien du fonctionnement de l’économie mondiale et des lois qui la gouvernent pour être pris au sérieux.
Le travail d’un illusionniste, c’est de concentrer l’attention des spectateurs sur des détails devant leurs yeux et de ne surtout pas leur permettre la vision globale de l’ensemble du processus en développement, ce qui mènerait, le cas échéant, inévitablement à la découverte de la supercherie.
Les années ont passé et Emmanuel Macron se vante de la grande réussite de son initiative de réindustrialisation de l’Hexagone. Les éléments mis en avant sont le solde positif de la création d’emplois dans l’industrie depuis 2017 et la création de 500 usines de plus en France en 2023 par rapport à 2016.
Très jolie image. Toutefois, la réalité est tout à fait différente.
La spécificité du secteur industriel français d’aujourd’hui et de ses capacités de production sont dans une situation sous très forte dépendance directe des approvisionnements étrangers en matières premières critiques et en énergie.
Vouloir se libérer de cette dépendance – c’est une chose ; pouvoir se permettre ce luxe – s’en est une autre. Chercher des alternatives aux approvisionnements depuis, notamment, la Chine et la Russie est non seulement une idée utopique, mais, tout simplement, financièrement suicidaire pour de nombreux secteurs de l’industrie française, dont les marges de manœuvres sont déjà quasi inexistantes.
Et c’est exactement ce que le gouvernement Macron est en train d’imposer au secteur secondaire de l’économie française. En violant d’une manière grossière les règles de l’OMC, le tenant actuel du pouvoir en France est en train de provoquer la mise en place d’une riposte de la part de la Russie et de la Chine à l’hostilité française. Une riposte asymétrique qui aura des répercussions désastreuses et à très long terme sur l’économie française.
Oleg Nesterenko
Président du CCIE (www.c-cie.eu). Ancien directeur de l’MBA, ancien professeur auprès des masters des Grandes Ecoles de Commerce de Paris)
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