La lutte contre le passe sanitaire s’ancre dans un combat civilisationnel

Auteur(s)
Jean-Frédéric Poisson, pour FranceSoir
Publié le 22 novembre 2021 - 12:00
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Manifestation anti pass sanitaire, août 2021
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Manifestation anti-pass sanitaire, août 2021
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TRIBUNE — Les contestations qui ont cours, à la suite de l’instauration du passe sanitaire par le gouvernement Macron, ne sont pas comme de nombreux politiques aiment à le réduire, un problème exclusivement sanitaire qui opposerait des citoyens altruistes favorables au passe, à des séditieux égoïstes « anti-vax ». Le défi est bien plus élevé : nous avons ici affaire à un véritable enjeu de civilisation. Ce sont nos libertés réelles que nous défendons : cet héritage plurimillénaire que nous nous efforçons de sauvegarder lorsque nous nous opposons, action après action, aux folles mesures discriminatoires imposées au nom d’une soi-disant « liberté collective » par nos responsables politiques. Les libertés individuelles et les libertés collectives doivent être, ici, distinguées, rentrant chacune dans des champs qui leurs sont propres.

Les libertés collectives, depuis la démocratie athénienne au Vème siècle avant Jésus-Christ, sont normalement la garantie de la souveraineté du peuple. Le plébéien ou le patricien de la Rome antique, l’artisan médiéval votant au sein de sa corporation, ou encore le citoyen moderne choisissant ses représentants, participent, par la démocratie directe ou indirecte, à l’exercice des libertés collectives. Aujourd’hui, lorsque l’État rend le vaccin accessible à tous, il représente et exprime théoriquement la volonté du peuple libre, parce que souverain. Cependant, lorsque, sur des prétextes fallacieux, il empêche d’accéder aux traitements précoces contre le Covid (macrolide, ivermectine, zinc…) alors que ceux-ci pourraient permettre de désengorger les hôpitaux, il bafoue le mandat qui lui a été confié et se rie de nos libertés collectives.

Au-delà du collectif, lorsqu’un État ne se contente pas de rendre les vaccins accessibles à tous, mais les impose à toute une population par divers dispositions contraignantes comme le passe sanitaire, il s’agit d’une effraction dans l’intime des individus. C’est alors une atteinte aux libertés individuelles. Il est normal que l’État puisse contraindre ses citoyens dans les domaines qui relèvent du régalien : la défense, la diplomatie, la justice, la police, et la fiscalité. Encore doit-il le faire avec mille précautions. La santé, elle, concerne le for interne de l’individu et n’a jamais fait partie du domaine régalien. Dans l’héritage que nos anciens nous ont légué sur le sujet de la santé, certains principes invariables sont propres à notre civilisation et attestent du poids laissé à la décision libre et éclairée de l’individu : d’abord ne pas nuire. Ensuite ne pas soigner un patient contre son gré. Nous laisserons à d’autres le soin de déterminer si l’Etat a su respecter ces principes hippocratiques… Ces libertés individuelles sont normalement encadrées, en France, par le Code civil laissé par Napoléon Bonaparte. Cette brèche ouverte dans notre droit et dans nos mœurs peut permettre l’instauration d’une multitude de nouvelles règles liberticides et nous entraîner, progressivement, vers une société de contrôle systématique similaire au régime chinois actuel, bien éloigné de notre modèle de société historique.

Comme l’écrit le philosophe Gaspard Koenig [1] : « le passe sanitaire ouvre la voie à une société dystopique qui arrive au grand galop, sur le modèle de la Chine : là-bas, l’espace public s’est transformé en une série de sas que l’on ne peut franchir qu’en montrant des certificats numériques, de bonne santé, de bonne citoyenneté, de bonne fiscalité… ». Ce modèle, nous n’en voulons pas !

L’Europe n’est pas un espace d’entraves et de surveillances. C’est le berceau des libertés, une terre de peuples auxquels n’est imposé qu’un minimum de chaînes. C’est ce qui a fait la force de nos nations à travers les âges et rend possible le bonheur de leurs citoyens. Et de ces nations, la France en est normalement le phare le plus flamboyant. La gestion liberticide de la pandémie par nos gouvernants et par Bruxelles a été, de ce point de vue-là, une véritable remise en question des principes constitutifs de notre identité. In fine, par ce combat, il s’agit de conserver l’un des trésors les plus sacrés de notre civilisation européenne : les libertés. Dans ce contexte, ceux qui sont prêts à sacrifier le futur de leurs enfants en cautionnant ce passe totalitaire sont ceux qui défendent une posture individualiste motivée par l’intérêt, la peur et le conformisme servile. Lutter contre le passe n’est pas une réaction égoïste. C’est un choix exigeant, et même un dur combat qui déterminera le futur de nos sociétés. Au carrefour qui déterminera le destin des Français, choisissons la continuité civilisationnelle plutôt que le totalitarisme technocratique.

 

Jean-Frédéric Poisson est le président de VIA | la voie du peuple.

 

[1] « Gaspard Kœnig-Raphaël Enthoven. Sans interdit ? », Philosophie magazine, le 28/10/2021.

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