La puissante machine de propagande qui appelle à la guerre - 1ère partie

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Jean-Neige pour France-Soir
Publié le 21 mars 2024 - 18:34
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Ukraine X
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France-Soir
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TRIBUNE/ANALYSE - Si les principaux chefs des oppositions ont critiqué, avec plus ou moins de vigueur, les folles propositions de Macron sur le déploiement de troupes en Ukraine, sur les chaines comme LCI, de ce que l’on voit sur X, quasiment tous les commentateurs habituels, tous russophobes, approuvent quant à eux l’idée. La synergie de ces médias avec le pouvoir macroniste et atlantiste pur et dur demeure intacte.  

Dans tous les médias, sur tous les réseaux, il y a tellement d’acteurs impliqués dans cette campagne de propagande maximale à qui tous les micros sont ouverts que l’on ne peut que conclure que tout cela fait partie d’un plan concerté à l’échelle de l’Occident tout entier, et plus particulièrement en France où les va-t-en-guerre atlantistes sont particulièrement présents sur les ondes.  

Et à écouter les déclarations les plus guerrières et hystériques les unes que les autres de toute la Macronie, et de quelques autres dirigeants européens qui nous affirment que la Russie veut s’en prendre directement à l’Europe, qu’ils ne s’arrêteront pas à l’Ukraine, on a l’impression d’être face à un phénomène de délire paranoïaque collectif ; ou à la mise en application d’un plan concerté pour déclencher une véritable guerre mondiale.  

Soit ils paniquent face à la victoire des Russes qui se dessine ; soit ils cherchent juste à terroriser les populations pour justifier des mesures extrêmes, avec un gouvernement totalitaire européen qui se mettrait en place par touches successives, profitant des crises permanentes et d’une guerre sur le fil du rasoir (guerre qu’ils espèrent pouvoir maitriser dans leur folie) ; soit ils veulent vraiment l’Apocalypse.  

Cela fait deux ans qu’un matraquage médiatique sans précédent pour diaboliser la Russie, à grands coups de manipulations grossières, est déversé sur tous nos médias. On voit encore passer des messages hystériques sur X où des gens croient toujours que des milliers de femmes et d’enfants ont été violés par les troupes russes en Ukraine, mensonge pourtant démonté 

Evidemment, pour ceux qui ont été convaincus par cette propagande, Poutine est le nouvel Hitler. Et ceux qui ne sont pas prêts à lui faire la guerre sont des collabos, ou des Daladier en puissance, voire la 5ème colonne qui prépare l’accueil des troupes russes à Paris. Depuis le fameux discours de Macron du 26 février, les références à la période précédant la 2ème guerre mondiale sont matraquées par tous ses soutiens, pour justifier la fin des « limites » et tenter d’ostraciser les récalcitrants.  

Les rares fois où l’on peut assister à un débat, tel cet échange tendu entre Eric Naulleau et Florian Phillipot sur CNEWS, le représentant de la bien-pensance cherche à marquer le trublion qui ne suit pas le narratif de la marque de la Bête. Ainsi, en une minute trente, Naulleau répète cinq fois « Vous êtes pro-russe », et deux fois vous vous « couchez devant Poutine ». Par un discours totalement binaire, il tente ainsi de décrédibiliser son interlocuteur aux yeux du public. Être pro-russe ou pro-Poutine est le nouveau Point Godwin. On indique au spectateur naïf qu’il ne faut pas écouter les arguments, quels qu’ils soient, émanant de la personne ainsi étiquetée.  

Pour en avoir fait plusieurs fois l’expérience, les gens qui croient toujours la parole officielle refusent de lire tout article qui ne vient pas de leurs sources autorisées. Et pour d’autres, même si vous leur mettez les faits sous les yeux, ils refusent de voir. Quand les convictions sont si profondément ancrées dans l’émotionnel, les arguments ne passent plus. On entre en religion. C’est le terrible pouvoir de la propagande basé sur l’émotion. Il y a aussi la réticence de l'amour-propre à reconnaitre qu’on a pu se tromper lourdement.  

Le mensonge permanent 

Le plus gros mensonge est sans doute celui qui prétend que l’intervention russe en Ukraine a été totalement non-provoquée. Alors que les Etats-Unis ont transformé l’Ukraine en base avancée d’espionnage contre la Russie depuis 10 ans, comme le New York Times l’a révélé le 25 février dernier, ceci s’ajoutant à la mise en place du régime le plus russophobe de la planète dès le coup d’Etat sanglant de février 2014, qui a déclenché tout le reste. On peut trouver un historique de toute cette manœuvre américaine.

Ces dernières semaines, X est inondé de posts macronistes et pro-Ukrainiens enragés qui renvoient toujours le même message de soutien inconditionnel à l’Ukraine. Certains comptes étaient déjà connus, quand beaucoup d’autres semblent sortir de nulle part, avec des noms improbables, tous les drapeaux de la bien-pensance alignés, et peu d’abonnés. On peut penser que certains services de l’Etat soient à l’œuvre dans cette manœuvre d’influence. Cela fait partie de la guerre moderne. Le contrôle de l’opinion est un point-clef pour justifier une opération militaire en démocratie.  

Des forces centrifuges puissantes sont donc à la manœuvre pour marteler le narratif. Et cela a commencé avec la crise du Covid. On est au niveau de Goebbels. Répétez un mensonge suffisamment de fois, et la majorité finira par y croire.   

Edward Snowden, l’ex-agent Américain réfugié en Russie, résume cela avec cette formule :  

"Tout le système est basé sur l'idée que l'on peut convaincre la plupart des gens de n'importe quoi, à condition de le répéter souvent haut et fort. Et ça marche. » 

Je l’ai encore vérifié récemment avec des gens pourtant intelligents, mais qui sont tellement conditionnés à détester la Russie qu’ils sont prêts à croire que c’est cette dernière qui a fait exploser ses propres gazoducs de Nord-Stream… pour accuser les Américains.  

Le mensonge sur la cause de la mort de Navalny 

Le dernier exemple en date de propagande massive est la mort de Navalny en prison, présentée partout comme un assassinat politique censé démontrer la monstruosité du régime russe et de son président.  

Et puis, en passant, le chef du renseignement militaire ukrainien, Budanov, a annoncé que ses services savaient que Navalny était vraiment mort d’un caillot sanguin, donc a priori de mort naturelle, s’excusant au passage de décevoir les journalistes autour de lui.  

Mais la dénégation a toujours moins d’écho que le mensonge initial. Autour de moi, personne n’est au courant de cette dernière révélation. Cela dit, pour les furies de la propagande anti-russe comme l’inénarrable Alla Poedie, cela ne change rien. Poutine reste responsable. Qu’importe les faits. Seul compte le narratif.   

Et donc, on invite la veuve de Navalny au Parlement européen en continuant à traiter Poutine d’assassin, pointant du doigt les députés comme Bardella qui osent ne pas applaudir la nouvelle égérie fabriquée par l’Occident en train de déblatérer ses insultes. Cette dernière remplit le rôle que l’on attend d’elle en lançant : « Ne négociez pas avec Poutine ». Et certains s’extasient devant la nouvelle idole qui appelle à toujours plus de sang versé. Et Claude Malhuret, un des pires va-t-en-guerre du Sénat, recycle le même mensonge sur Navalny pour dénoncer toute tentative de négociation. L’Occident dégénéré recherche la guerre à tout prix ! 

Gonzalo Lira, martyr ignoré de la liberté d’expression ! 

Au passage, personne en Occident dans la presse subventionnée ne semble avoir mentionné la mort de Gonzalo Lira, youtubeur américano-chilien vivant en Ukraine.  Deux poids, deux mesures ! 

Lira fut arrêté une première fois par le SBU de Zelensky pour avoir « justifié l’invasion russe en Ukraine », en fait pour avoir osé critiquer le régime de Kiev. Lira remettait notamment en cause le narratif de Boutcha, qui comporte de nombreux éléments semblant indiquer une manipulation. Mais en Ukraine, on ne s’en prend pas impunément à la propagande d’Etat.  

D’après ses dires, Lira fut torturé en prison par l’intermédiaire de ses codétenus. Après avoir été relâché en attente de procès, Lira fut à nouveau arrêté au moment où il tentait de quitter le pays. Il est mort en prison le 12 janvier dernier d’une pneumonie, faute de soins, d’après son dernier message envoyé à son père. Le traitement de Lira par l’Ukraine a été digne des dictatures. Mais le gouvernement de Biden n’a pas levé le petit doigt pour l’aider. Le youtubeur avait choisi le mauvais camp.  

Mais il parait que défendre l’Ukraine, c’est défendre la démocratie… 

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