Les mutilations de la théorie du genre : la clinique Tavistock

Auteur(s)
Pierre-Antoine Pontoizeau pour France-Soir
Publié le 19 mars 2024 - 16:45
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Homme femme
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La théorie du genre conduit à pratiquer d’affreuses mutilations définitives sur des mineurs.
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TRIBUNE - Trois cas démontrent que la théorie du genre conduit à pratiquer d’affreuses mutilations définitives sur des mineurs. Ces traitements inhumains se font au nom d’une idéologie sordide qu’il convient de dénoncer pour ses atteintes à la dignité humaine et son détournement de la médecine dans des pratiques non-thérapeutiques et amorales : les mutilations délirantes. Dans ce premier article, examinons le premier cas.

Le cas de la clinique Tavistock

Le service de Développement de l’Identité de Genre pour les enfants a été fermé sur décision du National Health Service (NHS). Cette clinique a reçu de très nombreux enfants, et plus de mille ont reçu des bloqueurs de puberté, comme le décrit la journaliste d’investigation Hannah Barnes [1]. Elle fait état de pratiques médicales inhumaines et d’un consentement très contestable d’enfants très jeunes, à peine dans la préadolescence. On y notera même des pratiques sectaires consistants à séparer les enfants de leur milieu familial, cet isolement les mettant sous l’influence directe des médecins, arguant des lois qui prétendent émanciper les enfants d'influences parentales prétendument néfastes, influences parentales, pour le bonheur de leurs nouveaux protecteurs, intéressés à leur conseil. Elle témoigne des souffrances endurées par ces enfants et du caractère économique et mercantile de ces prescriptions, pour conduire le plus grand nombre à une situation quasi irréversible d’une transition de genre chirurgicale traumatisante, comme le montre l’affaire Chloe Cole en Californie. Cette dernière poursuit l’hôpital et les médecins au motif qu’elle a subi un traitement médical expérimental et irréversible, cette hormonothérapie transgenre a été suivie d’une mutilation des organes sexuels causant des dommages permanents, en considérant que cette seule perspective lui a été proposée, sans avertissement sur les conséquences ; ce qu’elle regrette maintenant. Elle fait aussi état de la pression exercée sur ses parents par les médecins, cherchant à les culpabiliser en exhibant un fort risque de suicide de l’enfant qu’elle était. Hannah Barnes décrit le trouble d’une partie de la communauté médicale, très déstabilisée par ces pratiques qui interrogent. Enfin, la journaliste montre comment cette affaire est devenue un scandale de santé publique conduisant à la fermeture de ce service, après l’audit du docteur Hilary Cass[2].

Force est de constater que les théoriciens du genre omettent les conséquences de leur propagande. Celle-ci se concrétise dans ces réalités triviales : des actes médicaux, des faits opératoires, des suites, voire des suicides qui s’ensuivent. Ces jeunes ne sont pas accompagnés, leurs angoisses deviennent un piège fatal que les adultes instrumentalisent pour mener des expériences, commettant l’irréparable sur des jeunes dépressifs, autistes parfois, atteint de dysphorie de genre, mais aussi d’anorexie ou d’autres troubles et maladies. Fragiles, ils subissent une pression psychologique, leur environnement parental est culpabilisé, voire menacé du fait de chantage à la survie, avec l’exhibition du risque de suicide. Il est d’ailleurs étonnant de justifier une émasculation de jeune garçon parce qu’il serait consentant et de réprouver l’excision traditionnelle imposée dans des sociétés traditionnelles. Où est la différence quant à la maltraitance des corps et à la défiguration définitive d’une vie biologique ? Le fait est là : amputation des organes sexuels[3], et la situation des personnes nées intersexe est une démonstration à elle seule de cette réalité. 

Concernant les bloqueurs de puberté utilisés pour des enfants dont on fait exprimer une angoisse sur leur désir de devenir ce qu’il ne connaisse pas : un adulte sexué, homme ou femme, l’exploitation de leur angoisse fait obtenir un consentement qui n’en est pas un. Et pour bloquer leur puberté, les thérapies sont celles utilisées pour la castration chimique des délinquants sexuels. Il s’agit d’une destruction chimique des futures capacités de reproduction : sensibilité, érotisme, épanouissement et liberté amoureuse jusqu’au désir d’enfantement. Tout cela est définitivement massacré à vie.

Concernant l’accompagnement psychologique, le protocole consiste essentiellement à faire s’exprimer l’enfant âgé de 12 à 13 ans, puis à lui imposer les bloqueurs de puberté, ensuite des traitements hormonaux et enfin des interventions chirurgicales, dites de réattribution définitive, qui désensibilisent le corps, à la manière de l’excision, puisque les organes sexuels naturels sont amputés et des simulacres d’organes génitaux opposés sont mis en place, sans innervation et réalité physiologique environnante. Ne tombons pas dans le sordide, mais la trivialité du réel exige peut-être de rappeler que le désir humain s’accompagne d’une multitude de phénomènes physiologiques aussi ingénieux que complémentaires pour susciter le désir, permettre l’acte sexuel et envisager son aboutissement à court terme dans le plaisir, voire son autre but reproductif. Le mammifère s’accouple aussi pour se reproduire. Trivial, mais vrai. Or, tout cela est annihilé.

Concernant le dissensus au sein du personnel soignant, il conduisit à la démission de 35 psychologues entre 2016 et 2019. Ces derniers témoigneront d’une médicalisation dangereuse aux conséquences incertaines, dont ces fameux bloqueurs de puberté aux effets secondaires méconnus. Ils mentionneront ces démarches contraintes et manipulatrices, sous l’emprise de médecins, privant ces enfants du recours à l’autorité de leurs parents, culpabilisés et contestés, refusant l’exposé d’alternatives à cette transition. Ces diagnostics excessifs pour des enfants troublés, perturbés, en manque d’affection parfois, et surtout pour certains souffrant de dysphorie de genre, ne légitime en aucun cas cet acharnement chirurgical. Le problème d’éthique médicale est entier et la faiblesse du législateur coupable.

 

Pierre-Antoine Pontoizeau est essayiste, chercheur et fondateur de l'Institut de Recherches de Philosophie Contemporaine, il a notamment publié des ouvrages sur la théorie de la communication, la théorie des organisations, la théorie du langage politique et la philosophie des mathématiques.

 

NOTES

[1] Hannah Barnes, Time to think : The Inside Story of the Collapse of the Tavistock’s Gender Service for Children, 2023, Swift Press. Il faut lire le rapport d’audit du docteur Hilary Cass

[2] Son audit sera la cause de la fermeture du service incriminé. Elle est pédiatre et ancien président du Collège royal de pédiatrie et de santé infantile. On notera que le personnel craignait les représailles, le docteur Cass soulignant que : « le personnel de soins primaires et secondaires nous a dit qu’il se sentait sous pression pour adopter une approche affirmative inconditionnelle et que cela allait à l’encontre du processus standard d’évaluation clinique et de diagnostic qu’il a été formé pour entreprendre dans toutes les autres rencontres cliniques. ». La dimension médicale de la transition est niée par idéologie, dans la pure doctrine de Butler, et les précautions cliniques n’ont pas d’importance, dont l’usage de bloqueur de puberté non-éprouvé par exemple.

[3] Il est étonnant qu’on puisse établir que faire subir une normalisation sexuelle des personnes intersexuées est illicite et tragique sans faire le lien avec la nouvelle orthodoxie d’une normalité des transitions qui conduit aux mêmes interventions chirurgicales. Une table ronde organisée le 22 janvier 2019 à l’Assemblée nationale sur Les mutilations subies par les personnes intersexuées à leur naissance, précise que 13.000 personnes environ naissent ainsi en France soit 1,7% des naissances sur une année. Les médecins confirment l’absence de problème de santé pendant l’enfance et toute les difficultés éthiques de mener des opérations chirurgicales dès l’enfance. Deux extraits démontrent que les transitions de genre procèdent aujourd’hui des mêmes dérives : l’emprise du milieu médicale et le traumatisme des opérations chirurgicales :

Extrait 1 : « Les personnes concernées peuvent très rarement exprimer un consentement libre et éclairé pour ces opérations, largement décidées par les parents sous l’influence du personnel médical. Elles mènent pourtant à de très nombreuses complications de santé manifestes : ablations d’organes sains, cicatrices marquées, infection des voies urinaires, insensibilité sexuelle, etc. »

Extrait 2 : « Les opérations chirurgicales de personnes intersexuées se sont multipliées depuis 1945, du fait des progrès médicaux et de la volonté d’inclure toute la population dans le cadre « homme-femme ». S’en est suivi le développement d’une série de pratiques non-cruciales et « pathologisantes » : récession clitoridienne, vaginoplastie, prescription hormonale. »

Et de conclure :

« Il faut un rappel du caractère illicite de ces actes médicaux non consentis ainsi que s’assurer que ces actes ne sont pas commis sur le territoire national. »

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