A Paris, badauds et bateliers résignés regardent monter la Seine

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Par Elia VAISSIERE et Pablo GUIMBRETIERE - Paris (AFP)
Publié le 22 janvier 2018 - 22:11
Mis à jour le 23 janvier 2018 - 00:28
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A Paris, non de la place de la Concorde, le 22 ajnvier 2018
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© CHRISTOPHE SIMON / AFP
A Paris, non de la place de la Concorde, le 22 ajnvier 2018
© CHRISTOPHE SIMON / AFP

Près du pont de l'Alma à Paris, une dizaine de bateliers s'affairent, équipés de bottes et de cuissardes, pour contrôler l'amarrage des péniches menacées par la crue de la Seine, qui a envahi les berges.

"Je suis venue spécialement au Pont de l'Alma pour voir le Zouave, j'en avais beaucoup entendu parler par ma mère et ma grand-mère qui ont connu la crue de 1910", raconte Eliette Rabot, 71 ans. Cette célèbre statue, qui sert de jauge aux Parisiens pour évaluer l'ampleur des crues, a désormais de l'eau jusqu'aux genoux.

En juin 2016, la crue avait atteint son plus haut niveau depuis 30 ans, soit 6,10 m, forçant le musée du Louvre à évacuer des œuvres d'art et d'autres sites comme le musée d'Orsay à fermer, ce qui n'était pas encore le cas ce lundi soir où le fleuve dépassait 4,70 m. En 1910, la Seine était montée jusqu'à 8,62 m.

Venue d'Orly, au sud de la capitale, pour observer ce "très beau spectacle", Joëlle Emfrat constate que "c'est moins haut qu'en 2016, mais ça reste impressionnant car tous les bars, les péniches en bord de quai (...) sont arrêtés".

Le courant, très fort, drague des détritus et quelques troncs d'arbre. Alors que les flots se rapprochent des voûtes des ponts, au point de bloquer la navigation, interdite depuis lundi matin, les eaux sales des caniveaux dévalent les rampes d'accès aux quais, venant grossir le fleuve.

- "Bloqués" sur la Seine -

Cernée par les eaux qui ont presque envahi le quai face à la tour Eiffel, une voiture menace d'être engloutie. A quelques mètres, des mariniers s'empressent de consolider l'amarrage de leurs péniches, les pieds dans l'eau.

"On gère au mieux, en posant des +défenses+, des tiges métalliques, pour éviter que la péniche ne monte sur le quai et s'échoue", explique le directeur du "Dauphin", une péniche événementielle.

"Par précaution, des matelots et le capitaine vont rester sur le bateau 24h/24, et faire des rondes, toutes les deux heures, pour tendre ou détendre les câbles (d'amarrage) en fonction de la hauteur", soupire-t-il.

Hubert Vinez, lui, ne peut déjà plus quitter son bateau. "Bloqué" sur son yacht "Joséphine", il ne peut que jouer avec les cordages pour tenter de "se maintenir loin du bord".

"J'ai l'impression que ça repart comme en 2016, et j'étais resté bloqué plus d'une semaine. Ça prendra le temps que ça prendra", lâche-t-il, résigné.

Selon François Duquesne, directeur du Service d'appui à la prévention des inondations (Vigicrues), la crue va se poursuivre: "on prévoit entre 5,10 et 5,40m dans la journée de mercredi, avec une tendance à la hausse qui va se poursuivre. (...) Il est fort probable que le niveau augmente jusqu'à la fin de semaine", explique-t-il, n'excluant pas qu'il puisse atteindre celui de 2016.

Les autorités appellent donc à la prudence: la préfecture de police a déjà interdit la circulation sur certaines portions de route proches du fleuve. Les voies sur berges piétonnes ont également été fermées.

La mairie de Paris se dit très "vigilante" face au risque de débordement des nappes phréatiques: "on a commencé à avoir des remontées d'eau dans des parkings des 12e et 13e arrondissements", dans le sud-est de la capitale, explique à l'AFP Colombe Brossel, adjointe à la sécurité. Certaines caves privées et lieux d'habitations situés en sous sol sont aussi menacés. La Ville surveille également la situation de la crypte de la cathédrale Notre-Dame, où "les oeuvres peuvent être évacuées en deux heures" si nécessaire.

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