Paris : le campement de Roms de la petite ceinture à nouveau démantelé
Un campement insalubre de familles roms installées sur les rails de la "petite ceinture" dans le nord de Paris, où il a compté jusqu'à 300 personnes, a de nouveau été évacué mardi matin, a constaté l'AFP.
L'expulsion, la quatrième depuis 2015, de ce bidonville constitué de cahutes de bois serrées sur une voie de chemin de fer désaffectée, entre la Porte de Clignancourt et la Porte des Poissonniers, a commencé vers 07H30 avec la sortie d'un premier groupe de femmes et d'enfants qui ont embarqué à bord de bus.
"113 personnes dont 55 enfants (...) ont été mises à l'abri", précise la préfecture de la région Ile-de-France dans un communiqué annonçant la fin de l'évacuation.
L'opération s'est déroulée "dans le calme" et a mobilisé "une centaine de policiers", a précisé Yann Drouet, chef de cabinet du préfet de police de Paris.
Maria, une mère de trois enfants, a pu mettre toutes ses affaires dans un petit chariot. Pour les vêtements, "on a tout mis sur nous", a-t-elle dit à l'AFP en montrant les différentes épaisseurs qu'elle portait.
Une moitié environ des 250 à 300 personnes précédemment recensées dans le camp étaient déjà parties, une proportion "habituelle" avant une évacuation, selon M. Drouet.
"Tout le monde a été pris en charge" à l'hôtel ou en centre d'hébergement d'urgence, a assuré Jerôme Normand, directeur de projet chargé des campements illicites à la préfecture de région, en assurant qu'un effort avait été fait pour maintenir près de Paris les familles avec des enfants scolarisés notamment.
"Ils seront à plusieurs dans le même hôtel, ce qui augmente les chances qu'ils y restent", a précisé sur place Pierre-Etienne Billot, bénévole au Secours catholique.
Les hébergements seront proposés en priorité aux personnes vulnérables, aux parents d'enfants scolarisés et aux personnes se trouvant dans une démarche d'insertion, avait-on auparavant indiqué à la préfecture de région, en rappelant qu'un diagnostic social avait été réalisé sur le bidonville.
L'opération était attendue, la justice ayant donné aux occupants jusqu'au 10 novembre pour quitter ce terrain appartenant à SNCF Réseau.
Elle n'en était pas moins très contestée du fait de son calendrier, en pleine trêve hivernale, alors même que la loi Egalité et citoyenneté, passée en début d'année, prévoit d'étendre aux habitants des bidonvilles la suspension de toutes les expulsions pendant cette période de l'année.
Mais le tribunal avait estimé que les habitants du bidonville des Poissonniers s'étaient installés de force sur le terrain, ce qui peut constituer une exception à la loi.
Plusieurs associations avaient demandé "le respect de la trêve hivernale" pour "des raisons humanitaires" dans une lettre envoyée début novembre aux autorités.
"Nous craignons que la nouvelle expulsion annoncée ne brise les parcours, encore fragiles, de scolarisation et de soins de ses habitants", affirmaient ces associations, dont le Secours catholique de Paris, Médecins du Monde, le Mrap ou la Ligue des droits de l'Homme.
"Je veux une vie normale comme tout le monde", expliquait avant le démantèlement Albert, jeune Rom engagé dans un service civique, et vivant dans le bidonville.
"La solution ce n'est pas deux semaines ici, un mois ailleurs", soulignait pour sa part Elena, mère de trois enfants, dont un petit Darius scolarisé dans le XVIIIe arrondissement.
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