Annonce du blocus de Paris  : Attal échoue à calmer la colère des agriculteurs

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Lauriane Bernard, France-Soir
Publié le 29 janvier 2024 - 13:01
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Sameer Al-Doumy / AFP
Blocage de l'autouroute A16, Beauvais Nord, 29 janvier 2024.
Sameer Al-Doumy / AFP

FRANCE - Vendredi 26 janvier, Gabriel Attal a présenté les mesures de son gouvernement pour calmer la colère des agriculteurs. Mesures de simplification, aides supplémentaires, suppression de la taxe sur le GNR… De quoi apaiser ceux qui ont initié le mouvement, mais insuffisant pour la FNSEA, les JA, la Coordination rurale et d’autres agriculteurs indépendants qui ont appelé au blocage de Paris à partir de ce lundi.

C’est depuis une botte de foin d’une ferme de Montastruc-de-Salies en Haute-Garonne, là où les manifestations ont commencé, que le nouveau Premier ministre a promis “les yeux dans les yeux” que son gouvernement allait “mettre l’agriculture au-dessus de tout”.

Pour Gabriel Attal, c’est avant tout l’heure du “choc de simplification” administrative (ça ne vous rappelle rien ?), notamment sur “les délais de recours contre les projets agricoles”. Mais le simple fait d’entendre ce mot donne la nausée à n’importe quel agriculteur. Car depuis qu’on lui promet la simplification, c’est exactement l’inverse qui se produit. Les engagements pris par le gouvernement ne pouvaient donc pas s’arrêter là. 

Annonce du doublement du fonds d'urgence

Le 23 janvier, un mouvement d’agriculteurs s’est formé en Occitanie pour réclamer trois mesures : l’arrêt de la taxation sur le gazole non routier (GNR), une aide d’Etat sur l’accès à l’eau et la prise en charge vétérinaire pour les bêtes d’élevage touchées par la maladie hémorragique épizootique (MHE). Ces demandes ont été satisfaites le 26 janvier, mais ce n'est pas tout.

Le Premier ministre a également annoncé un doublement du fonds d’urgence. Une bonne nouvelle pour les agriculteurs de Bretagne, sévèrement touchés par la tempête Ciarán de fin 2023. En revanche, d’autres mesures de financement interrogent. A commencer par l’augmentation de 50 millions d’euros du fonds pour la filière biologique, alors que ce secteur souffre avant tout de l’absence d’application de la loi.

Egalim n’est pas appliquée 

Avec la loi Egalim, votée en 2018, l’Etat a effet incité les paysans à se tourner vers le bio. En 2024, le compte n’y est pas, et beaucoup de paysans ont opéré une conversion à perte. 

D’ailleurs, cette loi Egalim, qui vise aussi à protéger le revenu des agriculteurs dans le cadre des négociations avec les industriels et les supermarchés, n’a jamais été appliquée. Le déséquilibre va même de mal en pis. Interrogée par France-Soir le 18 janvier, la présidente de la FDSEA 84 expliquait que “les industriels annoncent des prix à la baisse de 10 à 15 % sur certains produits dans la grande distribution. Ils vont récupérer les marges sur les agriculteurs’. 

Gabriel Attal a promis un renforcement des contrôles et une "pression maximale” sur le secteur agro-alimentaire, mais les marges sont telles qu’il faudra plus que de simples contrôles pour rééquilibrer la balance. 

La France s’oppose à la signature avec le Mercosur

Enfin, le Premier ministre a rappelé que la France “s’oppose à la signature de l’accord commercial entre l’Union européenne et les pays latino-américains du Mercosur. En oubliant toutefois de rappeler que l’accord ne se vote pas à l’unanimité des 27 pays de l’UE et que la Commission européenne vient de déclarer qu’une "conclusion de négociation était à portée de main avant la fin de ce mandat". Sans compter que Gabriel Attal n’a pas évoqué les accords de libre-échange qui sont déjà en vigueur, ni même répondu sur les questions de concurrence déloyale au sein même de l’UE. 

L’annonce de toutes ces mesures ont apparemment convaincu son auditoire, à commencer par Jérome Bayle, qui a levé le barrage de Carbonne dès le samedi 28 janvier. Mais la FNSEA, les JA, la Coordination rurale et d’autres agriculteurs indépendants ont appelé au blocage des autoroutes qui entourent Paris lundi 29 janvier. 

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