Attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray : les représentants des cultes reçus par Hollande
François Hollande reçoit ce mercredi 27 au matin à l'Elysée les représentants des cultes, pour une réunion programmée au lendemain de la mort d'un prêtre égorgé dans son église à Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime). La réunion a commencé vers 8h. La conférence des représentants des cultes (CRC) réunit les Eglises catholique, orthodoxe, protestante, ainsi que les représentants de l'islam, du judaïsme et du bouddhisme en France. "Nous devons être ensemble", a justifié mardi le président de la République.
Moins de deux semaines après le carnage de Nice (84 morts), les djihadistes du groupe Etat islamique (EI) ont à nouveau frappé la France mardi à Saint-Etienne-du-Rouvray, où l'égorgement d'un prêtre dans son église pose la question des moyens de lutte contre les attentats. Jacques Hamel, prêtre auxiliaire de 86 ans, a été égorgé au couteau lors d'une prise d'otages dans son église de Saint-Etienne-du-Rouvray, près de Rouen. Un autre otage, un paroissien de 86 ans, a été grièvement blessé mais est hors de danger. L'attentat, revendiqué par l'EI, a été perpétré par deux djihadistes qui ont été abattus. L'un des deux, mis en examen pour avoir tenté de rejoindre la Syrie, était sous bracelet électronique. Cet attentat est survenu 12 jours après l'attaque au camion qui avait fait 84 morts et plus de 300 blessés le soir du 14 juillet à Nice, également revendiquée par l'EI.
L'un des assaillants de Saint-Etienne-du-Rouvray a été formellement identifié comme étant Adel Kermiche. Connu des services antiterroristes, ce Français de 19 ans avait tenté de rallier la Syrie par deux fois en 2015 - d'abord en mars via l'Allemagne alors qu'il était mineur, mais il avait été interpellé, puis en mai alors qu'il était majeur via la Suisse, puis la Turquie où il avait été arrêté. Mis en examen dès mars 2015 pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, il avait été placé en détention provisoire à l'issue de sa deuxième tentative, puis libéré en mars 2016 et assigné à résidence sous bracelet électronique. Le parquet de Paris avait fait appel de cette libération, sans obtenir gain de cause. L'identification du second assaillant est toujours en cours. Un mineur, algérien, a été placé en garde à vue.
"Il faut en finir avec cette possibilité qui est donnée de libérer pendant sa détention provisoire, donc avant son jugement, tout individu mis en examen pour un quelconque lien avec le terrorisme", a réagi Frédéric Lagache, secrétaire général adjoint du syndicat policier Alliance. Dans un climat politique déjà électrisé par l'attentat de Nice, l'opposition a critiqué mardi la politique antiterroriste du gouvernement. L'ex-président Nicolas Sarkozy a récusé "les arguties juridiques" conduisant à "une action incomplète" contre les djihadistes. La présidente du FN Marine Le Pen a dénoncé la "responsabilité (...) immense" de "tous ceux qui nous gouvernent depuis 30 ans".
"Restreindre nos libertés (...) n'apporterait pas d'efficacité à notre lutte contre le terrorisme (...)", a déclaré le président François Hollande lors d'une allocution mardi soir depuis l'Elysée, appelant de nouveau à "faire bloc". "L'objectif" de l'attentat est de "jeter les Français les uns contre les autres, s'attaquer à une religion pour provoquer une guerre de religions", a jugé le Premier ministre Manuel Valls. Le président réunira mercredi à 8h45 à l'Élysée un Conseil de sécurité et de défense, après avoir reçu les représentants des différents cultes.
Mardi vers 9h25, les deux assaillants étaient entré dans l'église en pleine messe et avaient pris six personnes en otage: le prêtre, trois religieuses et un couple de paroissiens. Les djihadistes, qui se sont "enregistrés", ont crié "+vous, les chrétiens, vous nous supprimez+", et l'un a fait "un peu comme un sermon autour de l'autel en arabe" avant l'assassinat du prêtre, a témoigné sur RMC et France 2 l'une des religieuses, Sœur Danielle, parvenue à s'enfuir et à prévenir la police. Les deux religieuses et la paroissienne sont ensuite sorties, "suivies des deux terroristes, l'un d'eux portant une arme de poing, s'élançant sur les forces de police aux cris d'Allah Akbar", selon le procureur François Molins. Les policiers de la Brigade de recherche et d'intervention (BRI) de Rouen les ont abattus. L'EI a affirmé que cette attaque avait été exécutée par deux de ses "soldats".
A l'unisson de la communauté catholique, sous le choc, le pape François a fustigé "un meurtre barbare". Ému, mardi soir, sur le perron de l'Elysée, l'archevêque de Rouen, Mgr Dominique Lebrun, a cité la "parole de Jésus, +pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font+". Mardi soir, des dizaines de bougies étaient allumées devant la mairie de Saint-Etienne-du-Rouvray. L'église restait inaccessible. Mercredi à 18h15, une messe sera célébrée en la cathédrale Notre-Dame de Paris pour les victimes de l'attentat.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.