Au-delà de la primaire, l'avenir du PS se joue à travers le duel Hamon-Valls
Clarification. Il y a eu Lionel Jospin, François Hollande et enfin Martine Aubry: pendant plus de quinze ans, et même vingt si l'on compte Harlem Désir et Jean-Christophe Cambadélis, le Parti socialiste a été dirigé par la synthèse. Une ligne "centrale" autour de laquelle s'articulaient les courants plus "à gauche" (aujourd'hui représentés par Maintenant la gauche d'Emmanuel Maurel) ou "à droite" (Les Réformateurs de Gérard Collomb).
Mais avec le renoncement de François Hollande et la mise en retrait de Martine Aubry, le "centre" du PS se cherche désespérément une tête d'affiche. Un casting qui n'a pas abouti avant la primaire, de sorte que Vincent Peillon, si discret depuis deux ans, a pu surgir pour tenter de reprendre l'oriflamme avec le résultat que l'on connait (6% au premier tour), laissant seuls en lice Benoît Hamon et Manuel Valls, les représentants des deux camps autrefois marginaux.
Au-delà de la désignation du futur candidat pour une présidentielle que d'aucuns prédisent perdue d'avance, ce duel du second tour est donc celui de la clarification. L'un des deux camps jusqu'ici maintenu en minorité va passer au premier plan et mettre la main sur l'appareil socialiste, une belle machine héritée de longues années de pouvoir notamment au niveau local et régional.
Et si, face au frondeur Hamon, Manuel Valls aurait pu avoir toutes ses chances car le mieux placé pour récupérer une large part des légitimistes orphelins, lui qui se réclame de l'héritage de Rocard et défend le bilan Hollande (qui est aussi le sien), l'irruption d'Emmanuel Macron contrecarre ses projets. Une tactique qu'il semble pourtant décidé à poursuivre jusqu'au bout, en jouant à fond la carte de l'opposition entre la gauche "crédible" de gouvernement, la sienne, et l'autre, celle des "promesses irréalisables" et tribunicienne, celle de Benoît Hamon, comme il a attaqué son adversaire dès le soir du premier tour.
Sauf que le maire d'Evry, s'il tente de se draper des oripeaux de la synthèse, reste l'une des figures de longue date d'un socialisme de rupture. Défenseur de la théorie des "deux gauches irréconciliables" et d'une laïcité dure, à l'image de son positionnement sur le voile islamique à l'université, celui qui a crié son amour à l'entreprise à l'université d'été du MEDEF peine ainsi à rassembler largement.
Preuve en est ces ministres et autres hollandais historiques qui ont refusé de le soutenir pour la primaire. Ou même ceux prêts à franchir le Rubicond et rejoindre Emmanuel Macron, tels Ségolène Royal ou Jean-Marc Ayrault, plutôt que de le rallier. Comme s'il valait mieux laisser le PS exploser que de le laisser entre les mains de l'ex-Premier ministre.
Car tous semblent convaincus qu' avec une victoire de Benoît Hamon, cet apparatchik de haut rang -"combinard" disent ses détracteurs- qui tient à sa botte le MJS et n'a pas hésité par le passé à planter des poignards même dans le dos de très proches (Arnaud Montebourg par exemple en a fait les frais en son temps comme le rappelle Marianne)– le PS est voué à l'opposition pour longtemps. Voire à un lent mais inexorable déclin jusqu'à devenir l'ombre de lui-même, soit la trajectoire qu'a connu le PCF en son temps.
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