Benoist Apparu : la crise des réfugiés, sans précédent depuis 1945
Lui se dit "pas fermé à accueillir" des réfugiés au nom de la solidarité. Benoist Apparu, maire Les Républicains de Châlons-en-Champagne et ancien ministre du Logement a répondu aux questions de FranceSoir sur la crise migratoire qui secoue actuellement l'Europe.
Les premiers des 24.000 réfugiés que doit accueillir la France sont arrivés mercredi 9. Vous-même, en tant que maire de Châlons-en-Champagne, êtes vous prêt à en recevoir un certain nombre dans votre ville?
"Je ne suis évidemment pas fermé à accueillir non pas des migrants mais des réfugiés à Châlons-en-Champagne. Le terme de migrants ne recouvre pas la réalité car il n'est pas ici question d'immigration mais de réfugiés qui quittent une situation de guerre et que nous devons évidemment accueillir le temps que leur pays est en guerre. Simplement, je souhaite évidemment connaître avant les conditions d'accueil".
Justement, qu'attendez-vous de la réunion sur ce sujet prévue samedi 12 avec les maires de France, à l'initiative de Bernard Cazeneuve?
"Je ne pourrai pas y être présent mais je serai représenté par Elisa Schajer, mon adjointe aux Affaires sociales qui est en charge du Centre communal d'action sociale (CCAS). Ce que j'en attend,s c'est de connaître ces conditions d'accueil: combien de réfugiés? S'agira-t-il d'accueil en famille, en centre d'hébergement, en logement? Quelles sont les modalités financières? Pour combien de temps? Bref, qu'on réponde à un certain nombre de questions pour que les maires et préfets qui vont devoir organiser l'accueil puissent savoir avant de devoir se prononcer définitivement".
Est-ce à l'Etat de payer?
"Oui, mais c'est toujours difficile d'être sur des considérations financières sur ce type de sujets. Simplement, l'accueil des réfugiés est une mission de l'Etat. Donc à partir du moment où l'Etat français engage le pays dans l'accueil de réfugiés, c'est à lui de le prendre en charge. Il y aura un accompagnement associatif et un accompagnement municipal, bien évidemment".
Cet accueil doit-il être pérennisé?
"Rappelons qu'en France nous n'avons pas connu ces situations depuis 1945. Ce sont des situations malheureusement très connues en Afrique et au Moyen-Orient, où il y a des réfugiés liés à la guerre israélo-palestinienne, des réfugiés dans la région des Grands Lacs, en Syrie et en Irak. Mais nous, nous n'avons pas connu ces situations, avec des déplacements massifs de population pour cause de situation de guerre, depuis 1945. C'est quelque chose de très nouveau.
"Une fois que leur pays ne sera plus en situation de guerre, ce que j'espère au plus vite pour elles, ces populations auront vocation à y retourner. Il ne s'agit toutefois pas de conditionner, de les prendre pour deux ans et de les virer ensuite".
Que pensez-vous de l'instauration de quotas européens et d'un mécanisme obligatoire d'accueil des réfugiés au niveau des pays membres?
"Les quotas me paraissent assez légitimes. C'est un principe de solidarité infra-européen, on ne peut pas faire peser sur un très petit nombre de pays ce type de crise. Il est donc légitime que l'Union européenne instaure des quotas par pays. Je suis par contre beaucoup plus réservé sur le critère automatique car cela consisterait quelque part à déposséder les Etats de leur capacité de décider, je n'y suis pas favorable".
Plus globalement, quelle est la solution de cette crise?
"Ensuite, à plus long terme, comment on sort de cette crise? Il faut à mon sens impérativement distinguer les situations. Pour les migrants économiques, il faut établir une +liste des pays sûrs+ unique en Europe pour que, dès la première entrée dans l'UE, ils soient refusés immédiatement. Pour les migrants illégaux et les déboutés du droit d'asile, qui le détournent, il faut une politique de reconduite à la frontière très forte, très ferme et très rapide.
"Pour les réfugiés, l'idée d'avoir des +hotspots+ dans les pays d'origine pour organiser leur afflux me paraît indispensable. L'autre type de solution est de savoir comment on règle la situation syrienne ou irakienne. Je suis favorable aux reconnaissances et aux frappes (aériennes). Mais je ne crois pas à l'envoi de troupes au sol car l'histoire récente, du Vietnam à l'Afghanistan en passant par l'Irak, nous montre que ça ne marche pas. Il faut le faire pour affaiblir Daech et, parallèlement à cela, il faut tenter la solution politique".
Propos recueillis par Pierre Plottu
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