Camp de migrants à Paris : sans l'Etat, Hidalgo ne fera que "colmater" alerte La Cimade
"Paris est une ville refuge", a martelé Anne Hidalgo mardi 31 lors de l'annonce de la création prochaine dans la capitale d'un camp humanitaire destiné à l'accueil des migrants. Une annonce largement soutenue par la classe politique mais qui soulève aussi beaucoup de questions. D'autant que le projet reste flou et pourrait se limiter à un accueil de jour, prévoyant peu d'hébergement. Un point pourtant "indispensable", affirme à FranceSoir Cécile Poletti, déléguée nationale en région Ile-de-France de La Cimade, qui rappelle également l'importance d'un engagement de l'Etat dans le dispositif pour qu'il fonctionne.
Anne Hidalgo a annoncé la création prochaine, d'ici un mois à un mois et demi, d'un camp de réfugiés à Paris. Les détails de ce projet restent toutefois, à ce stade, flous et il pourrait se limiter à un accueil de jour. Serait-ce suffisant compte tenu de la situation à laquelle est confrontée la capitale?
"Les termes sont encore flous en effet, mais il semble que le projet prévoie un accueil de jour avec de l'information, de l’orientation et un hébergement. Pour répondre à la situation urgente actuelle en Ile-de-France où les campements de fortune se multiplient dans des conditions indignes, des propositions d’accueil et d’hébergement sont indispensables. Cependant elles doivent être nécessairement couplées d’un accompagnement solide permettant l’accès aux droits des personnes.
"Cette initiative nous paraît intéressante mais elle ne pourrait être que temporaire et une étape vers des dispositifs d’accueil et d’accompagnement plus adaptés et pérennes. Elle traduit également les dysfonctionnements qui sont beaucoup plus généraux et qui doivent être réglés, sous peine de ne faire que colmater un problème qui est de toute façon récurrent".
Quels sont ces dysfonctionnements?
"Au premier chef, c'est un déficit de prise en charge par l'Etat. En Ile-de-France il y a un manque crucial de places d'accueil pour les exilés comme les personnes précaires en général. On assiste également à de nombreux dysfonctionnements, pratiques administratives ou dispositions législatives, rendant extrêmement difficile l’accès aux droits pour les personnes exilées. C’est le cas depuis la réforme de l’asile en 2015 en Ile-de-France: les demandeurs sont bloqués en raison du sous-dimensionnement des moyens mis en œuvre par la préfecture de police. Cette dernière a été d’ailleurs condamnée maintes fois pour violation du droit d’asile sans effets pour l’instant. Ces demandeurs se retrouvent donc hors des dispositifs et potentiellement à la rue.
La solution est donc uniquement politique?
"Oui, au regard du contexte actuel, c’est un changement de politique globale qu’il est nécessaire d’amorcer. Il faut revoir les politiques d'accueil françaises et européennes. Plus on sera sur des politiques de fermeture de frontières qui ne sont ni réalistes ni humainement défendables, plus on précarisera les personnes exilées, qui n'auront d'autres points de chute que des campements de fortune. La Cimade espère donc que cette initiative d'Anne Hidalgo et celle de Grande Synthe permettent de créer un rapport de force positif avec l'Etat pour une mise en place de solutions pérennes pour l'accueil des exilés".
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