Cantines : Yves Jégo défend les menus végétariens
"On ne fera plus de la politique demain comme on en faisait hier", voilà son leitmotiv. Le député-maire UDI de Montereau-Fault-Yonne (Seine-et-Marne) et ancien secrétaire d'Etat Yves Jégo appelle les partis politiques à changer de logiciel sous peine de se faire "uberiser" à la manière des taxis, menacés par l'application venue d'outre-Atlantique.
C'est le sens, dit-il à FranceSoir, de sa proposition de loi soutenue à droite comme à gauche et visant à remplacer les repas de substitution dans les cantines scolaires par des menus végétariens. Mais aussi de son soutien à Bruno Le Maire pour la primaire de la droite et du centre en vue de la présidentielle de 2017. "On ne gérera pas les problèmes du XXIe siècle avec des hommes du XXe siècle", explique-t-il pour justifier ce choix.
Vous avez récemment déposé un texte de loi pour remplacer les repas de substitution sans porc par des menus végétariens dans les cantines scolaires. Pourquoi vouloir réformer le système actuel dont Najat Vallaud-Belkacem dit qu'il "fonctionne bien"?
"La ministre fait semblant de ne pas voir les problèmes. Les gestionnaires de cantines sont de plus en plus sollicités par des demandes diverses, la question du repas des enfants devient un sujet d'affrontement, de prosélytisme, et de dogmatisme. Ma proposition vise à donner un cadre simple et de sortir par le haut pour faire à nouveau des cantines scolaires un lieu d'apaisement".
Votre proposition ne revient-elle pas à contraindre les enfants ayant des interdits religieux à faire des repas végétariens?
"Aujourd'hui un enfant qui ne souhaite pas manger de viande s'il n'y a pas de menu de substitution équilibré est condamné à laisser la viande sur le bord de son assiette et à manger plus de légumes. C'est-à-dire à manger un repas végétarien non équilibré, contrairement à ce que je propose.
"Cela peut aussi répondre à ceux qui, pour des questions éthiques, morales, de la protection de la vie animale ou encore d'alimentation diversifiée, ne souhaitent pas manger de chair animale. On peut, avec une seule proposition et un dispositif simple, répondre à plusieurs problèmes de la société. Ça me semble une voie de bon sens".
Votre texte, par ailleurs soutenu par des députés de tous bords comme Cécile Duflot (EELV) ou Thierry Solère (LR), a recueilli plus de 144.000 soutiens sur Internet. Vous qui n'avez de cesse de dire que le modèle des partis politiques est "en train de mourir", estimez-vous que la participation citoyenne est l'avenir de la politique?
"La politique est, comme tous les modèles, en train d'évoluer. Les partis politiques doivent se renouveler notamment parce que la technologie vient changer la donne et offre aux citoyens la capacité d'intervenir dans le débat. On ne fera plus de la politique demain comme on en faisait hier. Il faut associer des gens en dehors des clivages politiques sur des combats partagés, sortir du mode traditionnel où un parti +X+ dépose un texte que les partis autour ne soutiennent pas uniquement pour des raisons de clivage. Les partis ont intérêt à réfléchir à ce format sous peine de se faire un jour +uberiser+".
Ce type de mobilisation existe pourtant de longue date, par exemple avec SOS Racisme ou, plus récemment, La Manif pour tous...
"Il y a eu effectivement des expériences, comme SOS Racisme ou La Manif pour tous, mais elles étaient souvent des mobilisations +contre+. Je pense qu'il y a aussi des mobilisations positives à avoir pour défendre un sujet. Quand le parti socialiste fait un référendum pour essayer de défendre l'unité de la gauche, même s'il apparaît ridicule dans le montage, il est lui aussi à la recherche de cette nouvelle voie".
Vous avez récemment déclaré que "depuis le départ de Borloo il n'y a pas de candidat de (votre) camp capable de remporter la primaire" de la droite, en vue de la présidentielle de 2017. Et Jean-Christophe Lagarde?
"J'ai dit et je confirme que depuis le départ de Jean-Louis Borloo nous n'avons plus de leaders capables de gagner en 2017. Ce n'est une insulte à personne que de le constater, Jean-Christophe Lagarde sait lui-même qu'il ne gagnera pas l'élection présidentielle de 2017. Il se positionne dans une perspective personnelle qui est parfaitement compréhensible. Si Jean-Christophe Lagarde souhaite être candidat à l'élection primaire pour défendre sa vision des choses et prendre une dimension médiatique et nationale qui peut lui faire défaut aujourd'hui, ça me semble légitime. Moi je veux que les idées de l'UDI soient présentes partout ".
D'où l'officialisation récente de votre soutien à Bruno Le Maire pour la primaire de 2016?
"Je soutiens celui qui, à mon sens, a le plus de chances aujourd'hui d'être élu président de la République en 2017. Je suis persuadé que, contrairement à ce qu'on dit dans les sondages et ce que disent les analystes, aujourd'hui, Bruno Le Maire est l'homme politique de l'opposition qui a le plus de chances de gagner en 2017. Il incarne le renouveau qu'attendent les Français. C'est injuste pour ceux qui sont là depuis vingt ou trente ans et qui voudraient continuer mais je pense que les Français veulent du neuf. Par sa dimension personnelle, son expérience, sa formation, son parcours de haut fonctionnaire et de ministre, Bruno Le Maire est celui qui a la dimension d'être l'homme qui pourra moderniser la France, l'adapter au XXIe siècle. On ne gérera pas les problèmes du XXIe siècle avec des hommes du XXe siècle".
Vous annonciez avant les sondeurs, à l'été 2014, Marine Le Pen au second tour de la présidentielle de 2017. Alors que cette hypothèse semble prendre de plus en plus de corps, diriez-vous qu'elle est inéluctable?
"Je souhaiterais que ça ne le soit pas. Si je m'engage auprès de Bruno Le Maire c'est aussi parce que c'est le seul qui peut démoder et démonétiser Marine Le Pen. Je lis les sondages et j'entends ce qui se dit sur le terrain et, quand j'écrivais le livre Marine Le Pen arrivera au pouvoir, sauf si... (Ed. First document, 2014), j'avais malheureusement raison s'agissant de la montée régulière du vote en faveur de l'extrême-droite. Le devoir de l'opposition c'est de l'empêcher. Il faut pour cela créer la surprise, bousculer les habitudes. Marine Le Pen est l'héritière de l'idéologie pétainiste du siècle dernier, elle est inapte à faire entrer la France dans le siècle qui s'ouvre.
"Il faut s'adapter à un monde nouveau avec des gens nouveaux. Les grands dirigeants comme David Cameron, Tony Blair ou Barack Obama ont été élus avant leur cinquantième anniversaire. Bruno Le Maire fait partie de cette génération. L'âge n'est pas la seule qualité nécessaire mais c'est le symbole de votre capacité à mieux comprendre le monde qui vient et à pouvoir y adapter le pays. Si on éparpille les voix de l'opposition au gré des intérêts des uns et des autres, de leurs aigreurs, de leurs parcours personnels, on risque fort d'avoir une Marine Le Pen extrêmement puissante en 2017, ce que je ne souhaite pas".
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