La mort de Rémi Fraisse s'invite dans le débat sur l'utilité du barrage de Sivens

Auteur(s)
Victor Lefebvre
Publié le 29 octobre 2014 - 15:12
Mis à jour le 06 novembre 2014 - 18:16
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Des messages de à la mémoire de Rémi Fraisse sur le site du barrage de Sivens.
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©Regis Duvignau/Reuters
Rémi Fraisse est mort en protestant contre la barrage de Sivens
©Regis Duvignau/Reuters
La mort de Rémi Fraisse en marge des manifestations écologistes du barrage de Sivens a mis en lumière sans l’éclaircir la question de l’utilité des travaux. Mais le mélange des deux affaires crée des tensions supplémentaires dans la classe politique.

La mort d’un homme doit-elle servir sa cause? Tel est le sujet de philosophie proposé à la classe politique suite au décès de Rémi Fraisse. Pour les uns il est le martyr des anti-barrage de Sivens (Tarn), pour d’autres la victime collatérale d’une situation encore peu claire.

Le manifestant écologiste de 21 ans, décrit par son entourage comme pacifiste, aurait succombé dans la nuit de samedi à dimanche à une explosion alors qu’il protestait contre la mise en place du barrage. L’enquête se dirige vers les grenades utilisées par les forces de l’ordre.

Qu’elle soit accidentelle ou le résultat d’une erreur, voire d’une bavure policière, cette mort "relativement stupide et bête" selon Thierry Carcenac, président (PS) du Conseil général du Tarn, justifie pour certains la suppression du projet. Noël Mamère, député écologiste, a le premier eu la phrase choc: "On ne construit pas un barrage sur un cadavre".

Dans son sillage Cécile Duflot s’était emportée contre le gouvernement mardi, dénonçant "des forces de l’ordre qui jettent des grenades pour défendre un grillage" et "une tâche indélébile sur l’action du gouvernement". Et de comparer Rémi Fraisse à Malik Oussekine, un jeune homme battu à mort par des policiers durant les manifestations étudiantes de 1986 alors qu’il n’était même pas impliqué.

La tragédie a mis en lumière un dossier qui n’avait qu’un retentissement local, faisant planer le doute de la récupération politique. Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a critiqué "une instrumentalisation sans vergogne". François Rebsamen, ministre du Travail, donnait lui son "avis personnel" de suspendre le projet pour ramener le calme. C’est chose faite depuis mardi par le conseil général du Tarn, qui refuse pour l’instant de l’enterrer définitivement.

Le gouvernement semble donc condamné à un numéro d’équilibriste: ne pas avoir l’air de reculer face à la polémique sans passer pour des insensibles au décès du jeune homme.

Des voix se sont élevées pour demander la distinction entre le drame et la qualité du projet ainsi que pour ne pas exonérer trop vite les manifestants violents. Mercredi matin, Manuel Valls rappelait que ce barrage était "un projet utile auquel les habitants sont favorables". La veille, François Fillon déclarait: "ceux qui font de la violence politique une arme systématique contre tous les projets d’infrastructure ont aussi une part de responsabilité dans cette mort (...). On dit que ce sont des casseurs qui étaient au premier rang dans ces manifestations, en réalité ce sont des extrémistes politiques".

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