La santé, compétence européenne ou ingérence ?

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FranceSoir
Publié le 22 mars 2021 - 12:02
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La plupart des pays ont souffert d'un phénomène de mimétisme dans leurs décisions sanitaires.
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Les pays de l’Union européenne sont souverains et responsables des mesures appliquées pour gérer la crise sanitaire. Mais dans certains secteurs, les décisions prises au niveau Européen paraissent avoir plus de poids. Finalement, les pays sont-ils donc vraiment souverains ? L’impact des décisions européennes dans plusieurs aspects de la gestion de la crise du coronavirus peut donner l’impression contraire.

Vaccins, remdesivir, passeport... L’UE n’a pas cessé d’intervenir dans cette crise

Avec le déclenchement de la pandémie, la France a découvert qu’elle n'était pas si souveraine en matière de santé. Lors du débat autour du remdesivir, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) s’est par exemple conformée aux recommandations de l’EMA, l'Agence européenne des médicaments, sans demander une nouvelle analyse complète des données et des éléments de toxicité de ce médicament. Au niveau des vaccins , l’EMA, basée à Amsterdam, contrôle les autorisations de mise sur le marché des vaccins pour tous les pays membres du consortium (Covid-ETF, pour EMA Task Force) créé pour l’occasion. Malgré les craintes de plusieurs pays européens, l'UE a déclaré, jeudi 18 mars, qu'elle était toujours convaincue des avantages du vaccin Covid-19 d'AstraZeneca à la suite d'une enquête sur les rapports de troubles sanguins qui ont incité plus d'une douzaine de pays à suspendre son utilisation.

Concernant le passeport de santé, ignorant une très forte opposition des Français, le passeport vert sera appliqué sur l’ensemble du territoire européen. 
Mais existe-t-il un organisme décisionnel en matière de santé au niveau européen ? Alors que le 27 janvier dernier, le Conseil de l'Europe recommandait que les vaccinations ne soient pas obligatoires, le projet de «passeports vaccinaux» s’est finalement imposé. Comment cela a-t-il été décidé?

Une vraie « Autorité sanitaire européenne » aurait-elle un intérêt ?

Le Conseil de l'Europe est une "vigie" des droits de l'homme mais ses recommandations ne sont pas contraignantes. Jusqu’en 2020, l’Europe n’avait pas de politique sanitaire, la santé relevait de la compétence stricte des États. Comme l’explique Anne Sénéquier, médecin et chercheuse, co-directrice de l’Observatoire de la santé mondiale à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), le traité sur le fonctionnement de l’UE (TFUE) lui donne une base pour intervenir dans le domaine de la santé. Pour l'instant, l’Union européenne n'a pas d’organisme dédié à la santé, et la commission se serait limitée à défendre des intérêts économiques (comme la relance du tourisme à l’aide d’un passeport vert ou la production de vaccins sur le sol européen). Pourtant, les décisions européennes en matière de santé devraient aller au delà des intérêts économiques, prenant en compte, outre les produits médicaux, l’information, les bases de données de santé, le personnel de santé (pour faciliter la mobilité des doctorants et chercheurs), la prestation de services (travailler à la décentralisation de la pratique médicale), le budget (en prévoyant un financement commun et innovant) et surtout, une gouvernance européenne. Seulement une telle autorité sanitaire permettrait la mutualisation des points forts de chacun des États européens tout en rendant le coût de santé plus abordable.

“L’effet domino” : tout le monde copie son voisin

Italie, Espagne, Allemagne, Suède, tous ces pays font partie de l’Union européenne, et pourtant, tous ont géré la crise et les différentes vagues de façons différentes, voire très différentes. Malgré cela, la plupart des pays ont souffert d'un phénomène de mimétisme dans leurs décisions sanitaires. Le mimétisme européen, explique Jean-Marc Four, se caractérise par une force irrationnelle d’aversion au risque.

Le Brexit et la gestion de la crise sanitaire au Royaume Uni, un modèle à suivre?

Le Royaume-Uni fait la course en tête, aux côtés d’Israël, et bat des records de vaccination. Mi-mars, 11 millions de Britanniques étaient vaccinés avec le sérum d’Oxford, soit près de la moitié des personnes vaccinées depuis décembre dans le pays. Les Britanniques font preuve d'originalité et se montrent confiants dans leur vaccin. Outre la vaccination de masse, le confinement de plus deux mois pourrait expliquer une chute libre au mois de mars de leur courbe des contaminations. Leur gestion de la crise, exempte de l'ingérence européenne, pourrait expliquer comment le pays semble échapper à une troisième vague. Le modèle du Brexit, et la gestion sanitaire associée, va-t-il discréditer le modèle fédéraliste européen ?

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