"Le peuple français peut avoir des élans de reprise de son destin" Pierre-Yves Rougeyron
ENTRETIEN - Spécialiste d'intelligence économique, militant souverainiste et président du Cercle Aristote, Pierre-Yves Rougeyron participera à la "fête de la démocratie", qui réclame un nouveau référendum sur l'Union européenne. Par quatre chemins, quatre questions, quatre réponses :
Vous organisez cet après-midi un rassemblement place Vauban à Paris (14h30), une "fête de la démocratie" qui célèbre le "non" du 29 mai 2005. Pourquoi se rassembler 16 ans après ce référendum sur le traité constitutionnel européen ? Y a-t-il une raison particulière à la « célébration » de cet anniversaire plutôt qu’un autre ?
Pour se rappeler ensemble que le peuple français peut avoir des élans de reprise de son destin et ne pas oublier comment la trahison de Sarkozy (NDLR : allusion au traité de Lisbonne en 2008) a largement fait la modernité politique qui est la nôtre, soit une "guerre informationnelle" entre le peuple français et son élite qui démarre sur chaque sujet. Un face à face qui est la toile de fond de la vie politique française depuis 16 ans et qui explique largement le degré de violence retenue que nous sentons dans l'air. Si on ne comprend pas 2005, on ne comprend pas le "populisme", les Gilets jaunes etc. Nous avons toujours célébré cet anniversaire, l'initiative de "Génération Frexit" nous permet de le faire presque tous ensemble.
Croyez-vous vraiment qu’il soit possible d’obtenir un nouveau référendum ? N’est-ce pas illusoire ?
Je pense que c'est d'autant plus possible qu'à un moment ou un autre la situation va devoir aboutir politiquement en France. Le pays s'enfonce dans une convergence de crises qui se répondent, s'entretiennent et s'enveniment réciproquement. Le seul moyen est l'appel au peuple. La seule institution non discréditée pour de nombreux Français étant l'armée - d'où la gravité de l'affaire dite de la tribune des généraux - et celle-ci ayant une tradition légaliste, il ne reste que cela. L'institution présidentielle elle-même, la clé de voûte de nos institutions, a été atteinte par l'effacement de la souveraineté française dont la conséquence la plus visible est le devenir médiocre de la classe politique française particulièrement bien résumé par les trois derniers "résidents de la République".
Au fond, ce que vous voulez, c’est un Frexit ? Le Brexit ne vous a pas échaudés ?
Bien au contraire. Les résultats de la Grande-Bretagne sont extraordinaires. Elle a déjà procédé en à peine quelques mois de liberté retrouvée à des réformes majeures dans les domaines des infrastructures (nationalisation du rail), sociaux (le salaire horaire britannique est passé au-dessus du salaire horaire français), sécuritaire (des lois anti-immigration drastiques sont en train d'être prises). En plus, les clameurs des mauvais prophètes quant à l'état de la Grande-Bretagne relèvent aujourd'hui de l'histoire des délires millénaristes. Les chiffres des investissements internationaux sont bons, les pertes sont modestes par rapport aux scénarios annoncés comme nous l'avons vu dans le secteur bancaire notamment. La diplomatie britannique travaille à rendre à Londres sa place. Quant on voit cela, on espère être les prochains à prendre la porte.
Vous rassemblez des souverainistes de tout bord, croyez-vous que cela puisse trouver un prolongement politique ?
Bien sûr, mais sous une forme moderne. Le parti politique pyramidal est un modèle insuffisant. Un réseau transpartisan qui pourrait épouser les divisions sociologiques de la France pour influer sur l'opinion et s'incarner sous différents visages, dont un visage électoral, mais pas uniquement, serait pour moi une forme à considérer. Il faut faire le pari d'aider à la repolitisation de la société en même temps que de proposer le Frexit.
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