Les conférences de presse présidentielles de la Ve République
En France, sous la Vème république, le rituel de la conférence de presse présidentielle régulière à été instauré par Charles de Gaulle en 1958 et a perduré avec les différents présidents successifs. Il s'agit d'un exercice codifié, qui se déroule généralement depuis le palais de l’Élysée. Le président redéfinit les grandes lignes de sa politique générale devant les Français. Il répond ensuite traditionnellement aux questions des journalistes français et étrangers. Plus que l'attente d'annonces révolutionnaires, c'est l'état d'esprit du président qui est ainsi dévoilé.
La première conférence de presse du général de Gaulle
Le 23 octobre 1958, le Général de Gaulle initie l'exercice. Le palais de Matignon sert d'écrin à cette première, qu'il souhaite annuelle. L'ébauche d'un rituel, appelé à évoluer légèrement par la suite, est esquissée. On aperçoit le bureau du président, dans une pièce faisant la part belle aux ors de la république. Le président, assis, confirme la fin imminente de la guerre d'Algérie, et lance les bases de la nouvelle constitution de la Vème République.
Georges Pompidou et l'affaire Gabrielle Russier
Le 22 septembre 1969, Le président Georges Pompidou se prête à l'exercice. Il respecte les lieux et le rituel initié par Charles de Gaulle. Le contexte judiciaire, social et de mœurs est lourd. Madame Gabrielle Russier, professeur de Lettres condamnée pour avoir entretenu une liaison avec l'un de ses élèves, vient de se suicider. Georges Pompidou évoque ce fait divers en citant Paul Eluard. C'était la dernière question d'une conférence dont la situation économique tendue a fait l'objet de l'essentiel des questions.
Valéry Giscard d'Estaing renouvelle le genre
Le 25 juillet 1974, Valéry Giscard d'Estaing renouvelle le genre. Il rebaptise la conférence de presse présidentielle en "réunion de presse", qui devient également semestrielle et se veut moins formelle. Le président se tient debout derrière un pupitre, face aux journalistes, faisant montre d'une grande décontraction. Il déroule la feuille de route de son septennat, une centaine de jours après son accession au pouvoir et assure "être un traditionaliste qui aime le changement". Le régime pénitentiaire, la réforme de l'ORTF et l'avortement sont parmi les principaux sujets abordés.
François Mitterrand, un grand adepte de l'exercice
François Mitterrand donne sa première conférence de presse officielle depuis le palais de l’Élysée le 24 septembre 1981. Le président, après une introduction de dix minutes, aborde les priorités de son septennat: relance économique, chômage, Proche-Orient, sécurité intérieure, peine de mort. Très habile communiquant, il organise ensuite de nombreuses conférences de presse. La huitième, le 9 septembre 1991, est largement consacrée à la guerre en Irak. Le chef des armées adopte un ton martial et solennel pour évoquer les responsabilités historiques de la France.
Jacques Chirac, moins amateur de grand-messes officielles
Jacques Chirac donne en tout quatre conférences de presse officielles en douze ans de présidence. La première se tient le 13 juin 1995, et est essentiellement consacrée à la reprise des essais nucléaires français sur les sites de Mururoa. La dernière, le 29 avril 2004, est dédiée à l'extension de l'union Européenne à dix pays membres.
Nicolas Sarkozy personnalise l'exercice
Grand communiquant, Nicolas Sarkozy veut donner à l'exercice une tonalité plus personnelle. Il entend ainsi tout à la fois incarner la fonction présidentielle et jouer la carte de la proximité avec les électeurs. Lors de sa première conférence, le 8 janvier 2008, il évoque notamment la stabilisation de sa vie privée par la phrase "Carla et moi, c'est du sérieux". Il aborde ensuite sa vision des "civilisations", la fin de la publicité sur les chaînes publiques et l'abrogation de la loi sur les 35 heures. Ayant promis de rassembler la presse deux à trois fois par an lors de sa campagne de 2007, Nicolas Sarkozy se contente toutefois de reproduire l'exercice trois fois seulement jusqu'à la fin de son mandat, préférant les interviews télévisées à ce format.
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