Les remodelages constants dans la filière agricole épuisent ses acteurs

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France-Soir
Publié le 02 septembre 2024 - 09:13
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blocage des routes par les agriculteurs
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ARNAUD FINISTRE / AFP
ARNAUD FINISTRE / AFP

De nouvelles négociations annoncées dans le secteur agricole espèrent permettre un rebond suite à la crise et les manifestations traversées cette année. Cependant, les industriels de l’agroalimentaire ont du mal à partager ce nouvel espoir et restent sceptiques. Afin d’offrir une nouvelle voie à l’économie agricole, la Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles (FNSEA) soumet au gouvernement ce jeudi 29 août son projet de loi, « entreprendre en agriculture ».

Au cours d’une Rencontre des entrepreneurs de France (REF), le président du Groupement Les Mousquetaires, Thierry Cotillard, a affiché la possibilité d’une entente avec Arnaud Rousseau, le directeur de la FNSEA. Ceci serait l’occasion d’envisager de prochaines négociations commerciales et proposer une nouvelle loi, Egalim IV. La loi Egalim III, adoptée en mars 2023, permettait notamment de « rééquilibrer les relations commerciales entre les fournisseurs de l’agroalimentaire et la grande distribution ».

L’objectif de ce nouveau calendrier serait de permettre une première date limite aux négociations où les industriels vont pouvoir fixer leur prix avec les producteurs. Une première étape qui offre ensuite l’opportunité d’échanger sur ces nouveaux prix avec la grande distribution.

De quoi soulever inévitablement la question de la bonne rémunération des agriculteurs. Tous types de productions confondues, l’Insee établit la moyenne du revenu mensuel d’un exploitant à 1 860 euros en 2021. Outre les rémunérations, le secteur est reconnu pour les pressions et l’état d’esprit qu’il suscite. Dans son rapport « charges et produits 2024 », la mutualité sociale agricole (MSA) relève qu’en 2020, « les consommants de soins du régime agricole de 15 à 64 ans ont un risque de mortalité par suicide supérieur de 30,9 % à celui des assurés tous régimes ».

Alors, à tout le moins, une chose est certaine. Ces négociations doivent déboucher sur une prise en compte de la parole des agriculteurs, dans la tourmente depuis trop longtemps. Espérons que ces espoirs ne soient pas vains.

Un acteur de la filière témoigne : « Cette année, certains industriels ont discuté un prix avec les distributeurs avant même d'en parler avec les agriculteurs… Ils ont outrepassé Egalim. Cela ne peut pas se passer comme cela ».

En contrepartie, le patron de la Fédération des Entreprises et Entrepreneurs de France (FEEF), Léonard Prunier, s’exclame que « c’est impossible, ces histoires de contrats en amont ! Pour une PME, cela veut dire 400 à 500 contrats à signer, dans chaque entreprise! ». Encore et toujours, la contrainte des lourdeurs administratives entache le secteur et provoque le besoin de raccourcis. Et ces raccourcis, ce sont les agriculteurs qui en pâtissent.

Pourtant, cette lourdeur administrative est à l’origine, avec l’inflation, de la colère des agriculteurs lors des manifestations de ce début d’année. Sans répondre à ces exigences, les lois portant l’étendard de la protection des agriculteurs deviennent leur goulot d’étranglement.

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