Loi Travail : la CGT lâche du lest et Valls calme le jeu, vers une sortie de crise ?
La gauche a encore un dénominateur commun, aussi petit soit-il. C'est peut-être ce qu'il faut comprendre des récents rebondissements de la contestation contre le projet de loi Travail, survenues dimanche 29 et lundi 30. Des revirements spectaculaires qui pourraient mener à une sortie de crise, alors que Manuel Valls et la CGT campent sur des lignes dures depuis des semaines.
Premier acte, dimanche. Pierre Gattaz, numéro 1 du Medef, décide de s'immiscer dans le bras de fer opposant le gouvernement à la CGT et s'en prend vivement au syndicat qui mène la contestation. Le patron des patrons, dans Le Monde, appelle ainsi à "ne pas céder au chantage, aux violences, à l'intimidation, à la terreur" supposés de la centrale dont les troupes "se comportent un peu comme des voyous, comme des terroristes". Des déclarations qui lui vaudront des poursuites en diffamation, a annoncé ce mardi le syndicat.
Le même jour, une autre information passe plus inaperçue: Philippe Martinez, chef de file cégétiste, confie sur BFMTV avoir été appelé "hier matin (samedi 28)" par Manuel Valls. Une première "depuis deux mois", a-t-il souligné, disant y voir "un bon signe".
Dans le même temps, les démonstrations de forces et autres appels à la grève ainsi qu'au retrait du projet de loi Travail se poursuivent dans les rangs cégétistes, tandis que Manuel Valls campe sur ses positions et reste sur une ligne dure lui aussi.
Le tournant se situe lundi, lorsque Philippe Martinez, invité à débattre sur RTL avec son rival de la CFDT Laurent Berger favorable, lui, à la loi El Khomri, affirme être prêt à "rediscuter" le texte avec le gouvernement. Négocier, en somme. Un revirement spectaculaire de la part de ce "dur", issu de la fédération de la métallurgie et fervent partisan de la lutte des classes, qui menaçait, la veille encore et depuis des semaines, de bloquer le pays si le projet n'était pas retiré. Martinez met ainsi de l'eau dans son vin et ne réclame plus "que" le retrait de l'article 2, inversant la hiérarchie des normes entre accords de branche et d'entreprise au profit de ce dernier.
Une main (à demi) tendue que s'est empressé de saisir Manuel Valls, ce mardi. Le Premier ministre a ainsi condamné publiquement les propos de Pierre Gattaz contre la CGT, alors qu'il était resté étonnamment discret sur le sujet depuis deux jours. "Tout mot qui tend les rapports entre les organisations n’est pas le bienvenu", a ainsi déclaré le chef du gouvernement, visant nommément la sortie du patron du Medef contre la centrale de Philippe Martinez. Puis de louer cette "organisation que nous respectons, (...) qui est une grande organisation". N'en jetez plus!
Là encore, un virage à 180 degrés de la part de Manuel Valls qui martèle depuis des semaines que "la CGT ne fait pas la loi dans le pays" et que Philippe Martinez est "dans l'impasse". Ainsi, de demi-tour en demi-tour, les deux hommes qui se tournaient le dos se retrouvent désormais face-à-face, tout en sauvant les apparences. Ne leur reste plus qu'à se tendre la main.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.