Macron, Covid et prix de la vie humaine d’un Français

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Philippe Simonnot journaliste pour FranceSoir
Publié le 25 novembre 2020 - 11:49
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Emmanuel Macron à l'Elysee le 17 novembre 2020
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© Ludovic MARIN / POOL/AFP/Archives
Emmanuel Macron
© Ludovic MARIN / POOL/AFP/Archives

Bis repetita ! Emmanuel Macron nous a encore déclaré hier soir 24 novembre sa formule magique : « quoi qu’il en coûte ». Le 12 mars dernier lors de sa « déclaration de guerre » au coronavirus, il avait proclamé : "La santé n'a pas de prix. Le gouvernement mobilisera tous les moyens financiers nécessaires pour porter assistance, pour prendre en charge les malades, pour sauver des vies. Quoi qu'il en coûte".   Pas un bouton de guêtre ne devait manquer à nos valeureux combattants, comme le disait un certain maréchal Le Bœuf, ministre de la guerre sous Napoléon III,  qui devait mener en 1870 au désastre de Sedan et à la capitulation de la France ! En septembre 1939, nous avions encore la meilleure armée du monde. Et ce fut la débâcle de juin 1940. Au début de cette année, notre système de santé était le meilleur du monde. On connaît la suite de cette nouvelle fanfaronnade française.

Ce que nous ne devrions jamais oublier, malgré les dires présidentiels, c’est que, oui, la santé a un prix, parce que la vie humaine, en ce bas monde, a elle-même a un prix, qui n’est pas infini.

En voici un exemple : on compte encore aujourd’hui plus de 15 000 passages à niveau des voies de chemin de fer dans notre beau pays. Ces passages sont l’occasion d’un nombre d’accidents causant chaque année entre 15 et 42 décès. On pourrait en finir avec cette tuerie annuelle en supprimant tous les passages à niveau. Mais on ne le fait pas parce que la vie n’a pas un prix assez élevé pour justifier un tel investissement. Dans les calculettes de nos ingénieurs des BTP, le prix maximum d’une vie humaine sauvée est fixé à 3 millions d’euros. S’il dépasse ce seuil, on renonce à l’investissement. Après tout, disent implicitement les gestionnaires des fonds publics, les « passeurs à niveau » n’ont qu’à faire attention, on ne va pas dépenser des fortunes pour pallier les conséquences de leur imprudence ou de leur étourderie...Aux citoyens d’aujourd’hui, on dit pareillement : faîtes gaffe ! soyez responsables ! pensez aux personnes fragiles, aux vieux etc.

Ainsi a-t-on justifié – dans le monde d’avant – la réduction de 90 à 80 kms/heure sur les routes secondaires par une réduction du nombre des morts accidentels. On aurait sans doute pu arriver au même résultat en contrôlant davantage l’usage du portable au volant, ou l’acuité visuelle du conducteur ou son niveau d’alcoolémie, mais cela aurait exigé davantage de moyens policiers, et donc aurait coûté plus cher. Plus simple et moins coûteux de mettre un 8 à la place du 9 sur les panneaux de signalisation, quitte à encourir la colère des Gilets Jaunes et des chauffards impénitents.

On va terminer l’année avec plus de 50 000 morts dues au coronavirus. Mais si on n’avait pas confiné, combien en aurait-eu à déplorer ? Une étude de l’Imperial College de Londres a estimé à  690 000 le nombre de morts évitées en France grâce au confinement à la date de 6 mai  2020.   Chiffre tellement énorme qu’il a été contesté par nombre d’épidémiologistes.  

Rappelons tout de même que la grippe espagnole, aux lendemains de la Grande Guerre, avait fait en quelques mois plus de 400 000 morts en France pour un pays de 40 millions d’habitants. C’est plus que le tribut annuel que la France a payé au dieu de la guerre de 1914 à 1918….

La perte de PIB  en 2020 due au confinement  sera de 10% du PIB de 2019, soit 266 milliards d’euro. Si on rapporte ce chiffre au nombre de morts évitées, on est très au-dessous du chiffre habituel donné pour la vie humaine dans notre pays. Encore faudrait-il tenir compte du manque de croissance qui va être infligée à l’économie française pendant plusieurs années, qui risque de faire monter la facture finale de la facture. Mais même dans ce cas, on est au-dessous du barème BTP indiqué plus haut. A un prix de la vie aussi bas que celui qui résulte de ces calculs, on pourrait remplacer tous les passages à niveau de ce pays par de véritables œuvres d’art.

Conclusion : le quoi qu’il en coûte présidentiel est un leurre et l’on aurait pu dépenser davantage sauver plus de vies humaines dans ce pays.

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