Manifestation des éleveurs : Stéphane Le Foll les rencontrera jeudi 23
Le mouvement de protestation des agriculteurs aura fini par payer. Cédant à la pression des éleveurs qui manifestent depuis mardi 14 contre la faiblesse du prix de leurs productions, le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a accepté de les recevoir jeudi 23 à Paris. La veille, le médiateur des relations commerciales, Francis Armand, lui aura remis son rapport sur les prix des productions agricoles, qu'il avait lui-même désignés.
Le texte est censé évaluer si les engagements pris le 17 juin par les différents acteurs des filières d'élevage (transformateurs, industriels, grande distribution) ont été tenus. Ce jour-là, les parties prenantes s'étaient engagées à augmenter de 5 centimes par semaine et par kilo le prix de la viande payée aux éleveurs, jusqu’au retour de la rentabilité, soit 10 à 12 semaines pour la viande bovine."On saura qui a joué le jeu, qui l'a fait moyennement, et qui ne l'a pas fait", a donc lancé ce lundi matin Stéphane Le Foll sur Twitter, après avoir reconnu vendredi 17 que près de 10% des exploitations d'élevage, soit entre 22.000 et 22.500 exploitations, étaient au bord du dépôt de bilan en France en raison de la baisse des prix depuis le début de l'année.
Mais pour les agriculteurs, il n'y a aucun doute: la grande distribution ne "joue pas le jeu". Et, ce lundi matin, en Normandie, poursuivant le mouvement entamé dimanche 19 dans l'après-midi, plusieurs dizaines d'éleveurs se sont rassemblés dans leur tracteur pour bloquer les quatre principaux d'accès au périphérique de Caen, en direction de Rennes, Paris, Cherbourg et Falaise. Du fumier et des déchets ont même été déversés devant plusieurs enseignes de la grande distribution et des abattoirs. "On est tous amenés à être mobilisés et c'est pour la bonne cause. Il y a vraiment un problème de fond à régler", a notamment expliqué l'un des manifestants sur LCI. En effet, la Normandie est l'une des régions où se retrouvent les trois productions les plus en difficulté actuellement: le porc, la viande bovine et le lait.
Face à l'urgence de la situation, François Hollande a lancé dimanche un appel à la grande distribution, lui demandant d'augmenter les prix d'achat versés aux éleveurs. "Nous avons accepté d’augmenter les prix d’achat de manière importante (…). La seule chose, c’est que visiblement cet argent ne va pas dans la poche des éleveurs", a lui a répondu ce lundi sur i>Télé Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution. "Je crois que l'élevage est dans une crise forte (...) et on partage cette détresse", a-t-il ajouté.
"Nous avons augmenté comme prévu les prix de 5 centimes chaque semaine, simplement visiblement ça ne redescend pas. Pourquoi ça ne redescend pas? C'est l'opération transparence que nous réclamons aujourd'hui, il faut que ce que nous avons fait se répercute sur les éleveurs", a-t-il poursuivi, poingtant du doigt le rôle joué par les intermédiaires, "industriels, abatteurs, transformateurs". Selon lui, la grande distribution réalise "une marge négative de 1,5% sur la viande fraîche" et "99% de la viande" vendue en supermarchés et hypermarchés est d'origine française.
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