Mélenchon à L'Emission politique : le symbole du néant de l'opposition
Pas une réussite. Alors que le passage de Jean-Luc Mélenchon a L'Emission politique devait être son sacre de premier opposant à Emmanuel Macron -c'est d'ailleurs ainsi que l'a présenté Léa Salamé d'entrée de jeu- il a surtout entériné son incapacité à garder ses nerfs. Jeudi 30 novembre, le patron de la France insoumise à été tel que le caricaturent ses ennemis: emporté, parfois à la limite du mépris pour ses interlocuteurs, et finalement peu solide sur le fond.
Tout avait pourtant bien commencé pour le candidat éliminé au premier tour de la présidentielle. Invité vedette de l'émission longue de politique la plus regardée en France (après y avoir été le contradicteur d'Edouard Philippe en août dernier), Jean-Luc Mélenchon semblait déterminé à saisir l'occasion pour élargir sa base. Montrer le visage d'un gouvernant potentiel, propre à représenter tous les Français.
Sauf que son mauvais caractère l'a très vite rattrapé. Dès les premières contradictions, Jean-Luc "bombardier" Mélenchon enfile les gants, tout en muscles comme à son habitude. Il n'était finalement pas venu pour beurrer les sandwichs, Jean-Luc.
Manuel Valls? "D'extrême droite", à cause de sa position sur la laïcité (jugée islamophobe). Les syndicats? Responsables de l'échec de la mobilisation contre la loi travail, selon celui qui a pourtant tout fait pour tenter de récupérer le mouvement et doubler les centrales. La gauche? Embourbée dans la "tambouille politicienne", alors que lui ne pense qu'au peuple. Rien que du très classique pour qui a déjà vu un meeting de l'Insoumis en chef.
Lire aussi: Danièle Obono "antisémite": le lapsus de Mélenchon à "L'Emission politique"
Au-delà de la forme -et notamment son lapsus sur Danièle Obono "antisémite"-, sur le fond aussi la soirée cathodique de Jean-Luc Mélenchon a été ratée. Pour le traditionnel déplacement, l'un des temps forts de l'émission, l'ancien sénateur socialiste a été confronté à des agriculteurs utilisant du glyphosate, "comme mon père et mon grand-père" dit l'un d'eux. Débat insoluble, mais posé, où chacun campe sur ses positions. Bilan: "faut que j'améliore mon argumentaire", concède en partant un Mélenchon qui a pourtant une présidentielle dans les pattes.
Son argumentaire devient même parfaitement vide sur le Venezuela. Interrogé sans ménagement certes mais de manière constructive sur son soutien au régime chaviste de Maduro, coupable d'une répression sanglante, Mélenchon franchit les limites. Vindicatif, revendiquant carrément -ce sont ses mots- son mépris pour son interlocutrice, il sombre même dans le complotisme lorsqu'il l'accuse de soutenir l'impérialisme américain "qui envoie du monde" pour déstabiliser le pays. Comble du déshonneur: Mélenchon laisse huer Laurence Debray par l'assistance ("composée à 80% de soutiens de la France insoumise" a rappelé Léa Salamé, elle aussi conspuée) et va jusqu'à lui tourner le dos.
Voici le premier opposant à Emmanuel Macron et le leader du premier parti d'opposition, selon les sondeurs mais sixième (sur sept) seulement en termes de députés par exemple. La France insoumise n'émerge ainsi que d'une courte tête du marasme qui frappe la politique française: LR est en perte totale de repères, Marine Le Pen fait face à une fronde et à des désertions au FN, le PS est orphelin et agonisant, le PC n'existe plus depuis longtemps, le centre est vampirisé par LREM.
La vacuité dont a fait preuve Jean-Luc Mélenchon jeudi soir en prime time de la plus grande chaîne de télévision publique n'est finalement qu'un symptôme. Le trublion autrefois aiguillon de la gauche permettant de ramener au bercail les masses désabusées par l'exercice du pouvoir du PS et les crises, (auto?) condamné aux seconds rôles, est désormais tête d'affiche. Au vu de sa prestation se pose la question: et si le costume (il avait troqué sa veste de travailleur "prolétaire" contre un complet bleu très présidentiel jeudi soir) était finalement trop grand pour lui?
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