Non-renouvellement de l’agrément d’Anticor : réaction de Philippe Pascot, administrateur de l’association
FRANCE - Ce mardi 26 décembre, le gouvernement n’a pas renouvelé l'agrément d'Anticor qui permettait à l’association de se constituer partie civile dans les procédures pénales relatives aux infractions de corruption. Une décision incompréhensible pour Philippe Pascot, administrateur d’Anticor.
La demande de renouvellement coince depuis avril 2021. Le Premier ministre de l’époque, Jean Castex, l’avait accordée, mais en soulignant une absence de transparence sur certains dons que recevait l’association. En cause des doutes sur l’identité d’un des donateurs, un homme d’affaires ancré à gauche et proche de l’ancien ministre de l’Économie Arnaud Montebourg. Depuis, l’agrément d’Anticor a été annulé en juin 2023. Une décision confirmée en appel le 16 novembre.
La présidente de l’association, Elise Van Beneden, que nous avions contacté, nous avait expliqué en avoir demandé un nouveau, au lieu de refaire appel. L’exécutif ne lui a tout simplement pas répondu.
Une "décision implicite de refus"
Ni un refus, ni un renouvellement, mais plutôt une "décision implicite de refus". Une absence de décision incompréhensible pour Philippe Pascot, l’administrateur d’Anticor, qui rappelle qu’Elisabeth Borne avait pourtant publiquement soutenu l’association dans les colonnes du journal Le Monde en octobre.
"Je suis effaré devant la vacuité de ce gouvernement, même Mme Borne qui est Première ministre disait au premier octobre que nous sommes dans les rails, on respectait toutes les consignes. Donc elle le déclare officiellement dans un premier temps. Puis deux jours avant le délai d’expiration, elle donne la patate chaude au ministère des affaires étrangères, qui prend alors un dossier qui dure depuis 6 mois, et lui nous annonce finalement un refus implicite, à cause « l’opacité » de l’association.”
En effet, la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna, a été chargée à la hâte dans un décret du 24 décembre de trancher la demande d’agrément.
"S’il y avait une malversation financière, il y a longtemps que la brigade financière aurait débarqué chez Anticor”
“Je suis quand même étonné que pour ces gens-là, il n’y ait pas ‘d’opacité’, nous précise-t-il, en soulignant qu’actuellement, "des ministres touchent 20 000 euros de petits cadeaux ou qu'une secrétaire d’Etat a oublié de déclarer 100 000 euros à la HATVP (Haute Autorité pour la transparence de la vie publique).”
Alors qu’au contraire, pour Philippe Pascot, la provenance des dons d’Anticor ne pose pas question : “C’est incohérent, ils nous accusent de recevoir un don, alors que les origines des dons sont publiques, tout le monde peut les consulter. Et s’il y avait une malversation financière, il y a longtemps que la brigade financière aurait débarqué chez Anticor”. Il ajoute : “On nous reproche d’avoir des moutons noirs au sein de l’association, mais dès qu’il y a un mouton noir au sein de l’asso, on le vire immédiatement. On aimerait que certains politiques mis en examen ou condamnés en fassent de même.”
Anticor fait appel
“On a fait appel de cette décision inique”, nous a confirmé Philippe Pascot, qui tient à rappeler que le but de l’association anticorruption est de “prendre des dossiers d’affaires de corruption politico-médiatiques classées sans suite ou enterrées, sous le tapis des bureaux de procureurs qui, rappelons-le, doivent leur carrière au gouvernement.” Pour lui, ce travail est impossible sans l’obtention de l’agrément ministériel : “La partie civile d’Anticor permettait de reprendre ces dossiers, et de les transmettre à un juge qui, constitutionnellement, est indépendant. Apparemment, le gouvernement qui fait semblant de lutter ardemment contre la corruption dans ses déclarations, ne veut absolument pas qu’on s’occupe de celle qui la concerne”, conclut-il.
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