Nouvelle-Calédonie : nouvelles violences après le transfert en métropole de figures indépendantistes
Une nouvelle flambée de violences a eu lieu en Nouvelle-Calédonie dans la nuit de dimanche à lundi, après l'incarcération en métropole de militants indépendantistes.
"La nuit a été agitée et marquée par des troubles sur l'ensemble de la grande terre (l'île principale, ndlr), sur l'île des Pins et Maré, nécessitant l'intervention de nombreux renforts: prises à partie des forces de l'ordre, incendies volontaires et barrages", a indiqué lundi dans un communiqué le Haut-commissariat, représentant de l'Etat français en Nouvelle-Calédonie.
Ce regain de tension intervient après le transfèrement en métropole, dans la nuit de samedi à dimanche, de plusieurs figures indépendantistes calédoniennes, dont Christian Tein, le chef de la CCAT, soupçonné d'avoir orchestré les émeutes sur le "Caillou", pour y être incarcérés.
A Dumbéa, au nord de Nouméa, chef-lieu de la Nouvelle-Calédonie, les locaux de la police municipale ont brûlé ainsi qu'un garage. Quatre véhicules blindés dont un de dernière génération - un Centaure - sont intervenus, a constaté un journaliste de l'AFP.
Les affrontements se sont déroulés près d'un garage automobile où des voitures étaient en feu. Quatre militants encagoulés se tenant derrière des barricades de fortune ont lancé des projectiles vers les forces de l'ordre en les invectivant, a observé un journaliste de l'AFP.
- "Libérez nos prisonniers !" -
Près d'un grand magasin de matériel de sport entièrement détruit situé dans les environs, des indépendantistes campaient devant les forces de l'ordre lundi en début d'après-midi, l'un d'eux lançant "Libérez nos prisonniers !".
Des affrontements ont aussi opposé les forces de l'ordre à des indépendantistes à Bourail, commune située à moins de 200 km au nord de Nouméa, qui se sont soldés par un blessé, a appris l'AFP. La personne blessée n'a pas été touchée par une balle et n'est pas membre des forces de l'ordre, a précisé le haut-commissariat.
Lundi, dans le quartier de la Vallée-du-tir, une unité de policiers a délogé des émeutiers d'un barrage en flamme sur un rond-point, a indiqué un policier à l'AFP.
Selon la même source, un homme agitait un drapeau kanak jusqu'à l'intervention de la police, qui déblayait le barrage pour la deuxième fois lundi.
Le Haut-commissariat a fait état "de plusieurs incendies maitrisés", en particulier à Ducos et dans le quartier de Magenta, ajoutant que "les locaux et des véhicules de la police municipale et de véhicules de particuliers" ont été incendiés.
"Des exactions, destructions et tentatives d'incendies ont également été commises à plusieurs endroits sur Païta", a ajouté le Haut-commissariat, soulignant que "la brigade territoriale de Maré a également été prise à partie".
- Réactivation du pont aérien -
La route qui mène à l'aéroport était bloquée lundi en début d'après-midi, en raison d'une opération de déblaiement par les forces de l'ordre, selon des journalistes de l'AFP.
Le pont aérien entre l'aérodrome de Magenta, situé dans le quartier du même nom à Nouméa, et l'aéroport international de La Tontouta, qui devait être levé totalement lundi, a été réactivé pour les passagers à l'arrivée ou au départ lundi, a annoncé la chambre de commerce et d'industrie (CCI), gestionnaire de l'infrastructure.
Lundi matin, de nombreuses écoles étaient fermées en raison du regain de violences et la voie express menant à l'hôpital est bloquée des deux côtés, au niveau du pont des érudits Apogoti.
L'association de prévention et de traitement de l'insuffisance rénale (ATIR) a annoncé lundi dans un communiqué que leurs "unités de dialyse du Grand Nouméa (Robinson, Koutio, DSM) sont actuellement fermées et dans l’incapacité de pouvoir accueillir patients et soignants en sécurité".
"Nos soignants attendent de pouvoir retourner sur les unités de dialyse dès que la situation le permettra à nouveau, tout comme les ambulances transportant les patients qui ont beaucoup de mal à se déplacer", a prévenu l'ATIR.
L'archipel du Pacifique sud est en proie à de violents troubles depuis le 13 mai, nées de la contestation d'un projet de loi de dégel électoral. Les événements ont fait neuf morts, dont deux gendarmes, et d'immenses dégâts, chiffrés à plus d'un milliard d'euros.
Le président Emmanuel Macron a suspendu mi-juin le projet de loi qui a mis le feu aux poudres et cristallisé la colère du camp indépendantiste : il prévoyait une réforme constitutionnelle modifiant les critères électoraux pour les élections provinciales calédoniennes, ce qui aurait eu pour conséquences, selon ses opposants, de marginaliser le poids du peuple autochtone kanak.
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