Nucléaire : pour l'ASN, la centrale de Fessenheim n'a "pas de raison de fermer"
L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) considère qu'"il n'y a pas de raison de fermer" actuellement la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin) "du point de vue de la sûreté nucléaire" et que la situation était restée sous contrôle lors d'un incident survenu en 2014. La centrale nucléaire de Fessenheim, mise en service en 1977 et toute proche de la frontière avec l'Allemagne et la Suisse, devrait "être fermée le plus vite possible", a déclaré vendredi un porte-parole de la ministre allemande de l'Environnement Barbara Hendricks.
"Pour nous à l'ASN, aujourd'hui, du point de vue de la sûreté nucléaire, il n'y a pas de raison de fermer la centrale de Fessenheim", a déclaré à l'AFP Sophie Letournel, chef de la division de Strasbourg de l'ASN. "Après, il y a des décisions de politique énergétique qui relèvent du gouvernement et qui peuvent conduire à des choix différents", a-t-elle ajouté. "Fessenheim est tout à fait dans la moyenne de l'appréciation que l'ASN porte sur les centrales nucléaires françaises -c'est-à-dire que c'est globalement satisfaisant", a-t-elle poursuivi. "Nous avons toujours des points à redire, c'est notre rôle de gendarme".
Des médias allemands s'appuyant sur l'analyse d'un expert, Manfred Mertins, ont affirmé qu'un incident survenu le 9 avril 2014 à Fessenheim aurait été plus important qu'annoncé, l'un des deux réacteurs n'ayant été "momentanément plus contrôlable". "L'incident montre une fois de plus que notre requête auprès du gouvernement français de débrancher Fessenheim est justifiée. J'ai déjà exprimé à plusieurs reprises cette demande, me référant aux inquiétudes légitimes de la population à la frontière franco-allemande, et je continuerai à le faire", a déclaré Barbara Hendricks dans un communiqué publié en fin de journée.
Du fait d'une fuite d'eau ayant endommagé des dispositifs électriques, l'un des deux réacteurs de la centrale avait dû être arrêté en utilisant du bore, une procédure rarement utilisée. Le bore, qui la propriété d'absorber les neutrons produits par la réaction nucléaire, permet d'arrêter progressivement le réacteur.
Pour l'ASN, "dire que le réacteur n'était plus contrôlable est inexact", a déclaré Sophie Letournel. "L'incident a été bien géré par EDF", qui avait "le droit d'utiliser du bore". "La situation est restée sous contrôle". "La centrale n'a jamais été dans une situation qui aurait nécessité un arrêt d'urgence", a souligné Sophie Letournel. EDF a lui aussi déclaré à l'AFP que le réacteur était "toujours resté sous contrôle des équipes de pilotage de la centrale qui ont suivi les procédures normales d’exploitation".
Il s'agit d'un "événement notable" qui a été classé au niveau 1 de l'échelle internationale des événements nucléaires qui va de 0 à 7, a commenté Sophie Letournel. "Il n'était pas normal qu'il y ait des projections d'eau au niveau des armoires électriques" et l'ASN a demandé à EDF de mener des actions correctives et "de travailler sur les risques d'inondation interne", a précisé Sophie Letournel.
Selon elle, l'expert allemand "tire des conclusions erronées et exagérées" du courrier de l'ASN adressé le 24 avril au directeur de la centrale suite à cet incident. "Notre courrier aurait pu être plus clair pour le grand public" -qui y a accès via le site de l'ASN-, reconnaît-elle. "Nous aurions pu être plus explicites".
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