Présidentielle 2017 : Cambadélis propose une primaire de la gauche de gouvernement
Les socialistes vont se prononcer ce samedi 18 en Conseil national sur la proposition de Jean-Christophe Cambadélis d'organiser fin janvier une primaire de la gauche de gouvernement, dont les modalités encore floues alimentent les craintes par certains d'un "verrouillage" au profit de François Hollande.
Selon une version provisoire du texte de la "résolution sur les primaires", qui sera soumise au vote des membres du Conseil national (parlement du parti), "faute de soutien des Verts et du PCF à une primaire de toute la gauche, le Parti socialiste décide d'organiser une primaire ouverte aux acteurs de la Belle Alliance populaire (PS, PRG et UDE, NDLR) et tous ceux qui soutiendraient la démarche". Le texte propose d'organiser ces "primaires de l'unité les 22 et 29 janvier". La date d'ouverture des candidatures est fixée au 1er décembre et leur clôture au 15 décembre, calendrier compatible avec celui de François Hollande, qui a annoncé qu'il se déterminerait sur une candidature à un second mandat "en décembre".
La proposition du premier secrétaire du PS a été faite en plein accord avec le chef de l'Etat, qui serait prêt à cet exercice, selon certains proches. Le PS avait d'abord sorti en avril un scénario d'organisation de la primaire les deux premières semaines de décembre, dans l'hypothèse où PCF et EELV s'y associeraient. Mais, début juin, ces deux partis ont décliné la proposition. Pour la primaire telle que dévoilée vendredi soir par le numéro un du PS, un nouveau conseil national, prévu le 2 octobre, devra ratifier des modalités de vote et de débats, après une discussion en commission de suivi des primaires et une consultation des partenaires du PS, selon le texte soumis au conseil national.
Mettant fin à un suspens de plusieurs mois, l'annonce de Jean-Christophe Cambadélis a suscité, à moins d'un an de la présidentielle, des réactions contrastées de divers défenseurs d'une primaire. Favorable "depuis un an" à une telle consultation même si le président de la République se représente, Karine Berger s'est félicitée auprès de l'AFP d'avoir "réussi à amener tout le monde sur l'organisation de primaires citoyennes". Satisfecit aussi du président Ecologistes! François de Rugy. "L'organisation d'une primaire permettra le rassemblement. Les y prendront toute leur place", a twitté ce député écologiste ayant rejoint le groupe socialiste à l'Assemblée. Il pourrait lui-même être candidat, a-t-il indiqué à l'AFP.
Bien plus prudent, le chef de file des frondeurs PS, Christian Paul a réagi sur Twitter: "Nous avons voulu la primaire. Elle a de l'avenir si elle est irréversible dès ce soir, loyale dans ses règles, et ouverte aux citoyens". Cela signifie, à ses yeux, que les fédérations doivent être immédiatement "mobilisées" pour réserver des salles et rassembler les listes électorales, qu'il doit y avoir "des milliers de bureaux de vote et trois débats télévisés", qu'il doit s'agir d'une primaire "citoyenne" ouverte.
Circonspecte, la présidente du PRG et ancienne ministre Sylvia Pinel a twitté vendredi soir que les "radicaux ont toujours été favorables aux primaires de la gauche. Mais pas à un simulacre ou à une parodie de primaires ...". "Nous voulons toutes les modalités de 2011, avec 10.000 bureaux de votes, et un filtre efficace pour distinguer les candidatures sérieuses des candidatures anecdotiques", a de son côté expliqué à l'AFP François Kalfon, porte-parole de l'ancien ministre de l'Economie Arnaud Montebourg qui n'exclut pas d'être candidat. M. Kalfon a regretté que la résolution du PS ne dise pas "en une phrase que la primaire suivra les modalités de 2011". "Renvoyer cela à une commission n'est pas de nature à nous rassurer", a-t-il dit, en pointant le risque d'une "primaire canada dry".
Ce renvoi peut d'ailleurs se lire comme une manière pour le PS de lier les mains des frondeurs tentés de déposer une seconde motion de censure du gouvernement sur la loi travail en cas de 49-3, au risque d'être exclus. "Les frondeurs se retrouvent piégés: s'ils votent la censure, ils ne pourront plus agir sur la primaire", analyse un éminent responsable de la majorité.
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