Primaire à gauche : Arnaud Montebourg dépose officiellement sa candidature
Premier à officialiser jeudi 1er sa candidature à la primaire initiée par le PS, Arnaud Montebourg attend désormais de savoir s'il y affrontera François Hollande ou alors Manuel Valls, à deux jours d'une réunion publique très scrutée.
Après les soutiens d'Arnaud Montebourg, venus pousser la porte du siège parisien du PS jeudi matin pour déposer leurs parrainages, verra-t-on les proches de François Hollande défiler à Solférino?
Alors que certains proches du chef de l'Etat ont mis en doute cette semaine l'intérêt pour lui de passer par la primaire, son entourage martèle depuis plusieurs jours que, s'il est candidat, François Hollande se soumettra bien à ce scrutin.
"J'ai cru comprendre que la primaire aurait lieu et que si un candidat socialiste se présente en dehors de la primaire, le sort que réserverait le Parti socialiste à une telle candidature serait l'exclusion. C'est la règle de la primaire", a rappelé jeudi, sourire aux lèvres, l'ancien ministre de l'Economie.
"Si François Hollande décidait d'outrepasser la primaire et de se présenter au suffrage universel des Français, ce serait la destruction finale du Parti socialiste, du parti de Jean Jaurès", a-t-il poursuivi, emphatique, avant de menacer. "Il prendrait là une responsabilité devant l'histoire considérable. Il serait celui qui a laissé un champ de ruines derrière lui, alors qu'il avait été mandaté pour rebâtir et construire un autre pays."
M. Montebourg a dévoilé une liste d'une "centaine" de soutiens, dont 22 parlementaires socialistes, afin de montrer qu'il entrait "en force" dans le scrutin qui se tiendra les 22 et 29 janvier.
M. Montebourg, qui est pour l'heure présenté comme le plus sérieux rival à la primaire pour François Hollande ou éventuellement Manuel Valls, sera suivi la semaine prochaine du député des Yvelines Benoît Hamon, qui a assuré avoir lui aussi réuni tous les parrainages requis, avec notamment l'appui de 20 députés.
En attendant, tous les projecteurs seront braqués sur la "Grande convention nationale de la Belle Alliance populaire" samedi après-midi à La Villette (Paris XIXe). Manuel Valls y interviendra, alors que François Hollande achève un voyage aux Emirats arabes unis. En toile de fond, l'intense mano a mano entre les deux hommes pour une candidature à l'élection présidentielle.
Sur le papier, le but de cette réunion publique où 2.000 à 3.000 personnes sont attendues est de riposter collectivement au "programme conservateur" de la droite, une semaine après l'élection de François Fillon à la primaire, selon Rachid Temal, secrétaire national du PS à la Coordination et à l'Organisation.
Mais l'on guettera surtout les moindres inflexions présidentielles dans le discours du Premier ministre, en point d'orgue d'une semaine qualifiée "de tous les dangers" par un proche du François Hollande.
Si le week-end passé avait été marqué par une offensive vallsiste, François Hollande avait voulu reprendre la main lundi lors d'un déjeuner sous haute tension entre les deux têtes de l'exécutif, au cours duquel "le président n'a jamais dit qu'il ne serait pas candidat", selon le même proche.
Manuel Valls, qui a pourtant assuré mardi de sa "loyauté" envers le président, s'entêtera-t-il dans sa stratégie de dissuasion envers François Hollande? Les deux hommes ont ostensiblement mis en scène leur entente mercredi avec une poignée de mains en sortie de Conseil des ministres qui n'a pas fait oublier le climat délétère.
Mais la crainte existe dans l'entourage du chef de l'Etat que Manuel Valls "saisisse l'occasion d'une salle en attente" samedi pour franchir une nouvelle fois la ligne jaune et faire un pas de plus vers une candidature.
Le Premier ministre sera en tous cas bien encadré par des ministres fidèles au chef de l'Etat dépêchés sur place: Marisol Touraine, Najat Vallaud-Belkacem, Stéphane Le Foll, Emmanuelle Cosse et Jean-Vincent Placé défileront à la tribune.
De son côté, le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis a déminé le terrain: "L'objet, c'est le gauche/droite, et je crois que personne n'a intérêt et ne souhaitera s'en émanciper", a-t-il assuré.
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