Primaire à gauche : Valls veut y croire, Hamon s'y voit déjà
A trois jours du second tour de la primaire organisée par le PS, Manuel Valls reste à l'offensive pour tenter de combler son retard sur Benoît Hamon qui, en position de force, a déjà adopté la posture du rassembleur en vue de la présidentielle.
Au lendemain d'un duel télévisé de bonne tenue et suivi par 5,5 millions de téléspectateurs mercredi 25 au soir, les deux candidats ont de nouveau occupé le terrain jeudi 26, se partageant entre médias et réunions publiques.
En soirée M. Valls a tenu un meeting devant environ 500 personnes à Alfortville (Val-de-Marne), quand M. Hamon, d'abord en déplacement à La Courneuve à partir de midi, a fait une démonstration de force devant environ 3.000 personnes à Montreuil (Seine-Saint-Denis). La journée a donné l'occasion à chacun d'exposer les divergences fondamentales entre deux visions de la gauche, cette fois dans un climat relativement plus serein qu'en début de semaine.
L'ancien Premier ministre (31,48 % des voix au premier tour) a maintenu ses critiques à l'égard du revenu universel cher à Benoît Hamon (36,03%), lequel peut se targuer du soutien d'Arnaud Montebourg (17,52%).
"Ce que propose Benoît Hamon, c'est un quinquennat à 500 milliards. Personne ne trouve cela crédible. Personne ne pense un seul instant qu'on peut se faire élire sur un tel programme", a dit M. Valls. Il a répété une formule déjà testée mercredi soir face à M. Hamon: "je ne veux pas être le candidat de la feuille d'impôt, je veux être le candidat de la feuille de paie".
Plus tôt sur l'antenne d'Europe 1, M. Valls avait déjà appelé à faire le choix d'un "chemin possible" pour éviter la "déception et l’illusion". Il a enfoncé le clou à Alfortville en vantant sa "gauche de vérité". "Je ne veux pas que lundi il y ait la gueule de bois", a-t-il déclaré, en plaidant pour que le scrutin de dimanche soit "une sorte de référendum pour la conception de la laïcité qui doit être la nôtre."
Ces attaques de fond n'avaient cependant pas la virulence des flèches lancées lundi et mardi par M. Valls et son entourage contre M. Hamon. Signe, peut-être, qu'au-delà des ambitions opposées, les deux candidats se projettent déjà vers une élection présidentielle délicate pour le camp socialiste, pour l'instant distancé, quel que soit le vainqueur de la primaire, par Marine Le Pen, François Fillon, mais aussi Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon.
Certes, Benoît Hamon n'a pas manqué de piquer son rival devant un public chauffé à blanc, moquant ceux qui voient en M. Valls la meilleure chance pour son camp, "comme si la ligne (politique) qui nous a fait perdre toutes les élections intermédiaires depuis 2012 pouvait nous faire gagner".
Mais dans la matinée, sur BFMTV, il avait aussi tenté de minimiser leurs divergences. "L'exercice de la primaire ne facilite pas les convergences puisqu'on insiste sur ce qui clive", a-t-il tempéré, soulignant que les deux candidats s'étaient toutefois retrouvés sur certains points du débat comme "la transition écologique".
Quatrième homme du premier tour (6,81%) après avoir adopté un positionnement au centre du PS, Vincent Peillon a pour sa part estimé que "les voies du rapprochement se sont esquissées hier (mercredi, NDLR). "J'ai vu la possibilité du rassemblement, des hommes de qualité, et donc une espérance qui pourrait revenir", s'est-il réjoui.
Prenant de la hauteur, M. Hamon a promis que s'il remportait la primaire dimanche, il commencerait dès lundi "à s'adresser aux autres dirigeants de la gauche", l'écologiste Yannick Jadot, Jean-Luc Mélenchon ou le communiste Pierre Laurent. Emmanuel Macron devra en revanche, selon M. Hamon, "clarifier ce point" de son éventuelle appartenance à la gauche.
"Dimanche le choix est assez simple" entre "un candidat qui peut rassembler et un candidat qui clive", a résumé M. Hamon à Montreuil. M. Mélenchon n'a cependant pas saisi la main tendue, en raillant lors d'une réunion à Périgueux les supposés revirements de M. Hamon concernant l'application de son revenu universel.
"Quelque chose qui commence avec le revenu universel et qui finit avec un RSA amélioré, c'est pas sérieux", a ironisé le leader de la France insoumise.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.