Procès Cahuzac : c'est le jour des réquisitions contre l'ancien ministre

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 14 septembre 2016 - 10:21
Image
Jérôme Cahuzac.
Crédits
©Lionel Bonaventure/AFP
J'ai 64 ans, ma vie politique est terminée" a déclaré Jérôme Cahuzac.
©Lionel Bonaventure/AFP
Après un procès aux multiples rebondissements et aveux, Jérôme Cahuzac va devoir faire face aux réquisitions de l'accusation. Il risque sept ans de prison et un million d'euros d'amende.

Des comptes en Suisse, à Singapour ou sur l'île de Man. Des montages toujours plus sophistiqués. Le parquet va demander mercredi des sanctions contre Jérôme Cahuzac, l'ex-ministre du Budget poursuivi pour avoir menti des années au fisc français.

L'ancien héraut de la lutte contre l'évasion fiscale est jugé depuis le 5 septembre pour fraude fiscale et blanchiment, ainsi que pour avoir minoré sa déclaration de patrimoine en entrant au gouvernement en 2012. Celui qui est à l'origine du plus retentissant scandale politico-financier du quinquennat encourt une peine de sept ans de prison et un million d'euros d'amende.

C'est aussi le procès d'un couple dans la tourmente, "conscient de l'illégalité" de montages toujours plus sophistiqués. Patricia et Jérôme Cahuzac ont reconnu une fraude "familiale", une plongée dans l'opacité offshore comme une fuite en avant, mais nié avoir construit "un système organisé".

Jusqu'au bout, Jérome Cahuzac a ménagé ses effets. Prenant la parole mardi après-midi, il a affirmé n'avoir "pas menti au président les yeux dans les yeux" car François Hollande ne lui avait "jamais demandé" s'il avait "oui ou non un compte à l'étranger". L'Elysée a démenti.

Le premier jour du procès, l'ancien ministre avait fixé une nouvelle ligne de défense. A la surprise générale, il avait déclaré avoir ouvert un premier compte à l'Union des banques suisses (UBS) de Genève en 1992 par l'intermédiaire d'un ami pour "financer les activités politiques" de feu Michel Rocard.

Une affirmation inédite et une piste écartée par les juges d'instruction mais qui explique, pour le prévenu Cahuzac, toute son aventure "folle".

Une stratégie risquée au procès du mensonge, celui d'un homme enferré dans ses secrets et dont la "vérité" sera jugée "sur pièces", comme l'a prévenu le président de la 32e chambre correctionnelle Peimane Ghaleh-Marzban.

Au fil des jours, l'ex-ministre devenu le fraudeur se faisant livrer du cash à Paris a livré ses secrets bancaires: l'ouverture dès 1993 d'un compte en son nom propre chez UBS, nom de code "Birdie". Compte très vite géré par la banque genevoise Reyl, qui organise en 2009 le transfert de tous les avoirs-quelque 600.000 euros-à Singapour, via des sociétés offshore enregistrées au Panama et aux Seychelles.

La banque Reyl a nié toute "volonté d'opacité", assurant n'avoir répondu qu'au désir de "confidentialité accrue" de son client.

Patricia Cahuzac a décrit une fraude familiale bien rodée: "De même que je savais qu'il y avait un compte en Suisse-sur lequel j'avais procuration-, le compte à Man était pour nous deux, à nos deux noms", a dit l'ex-épouse. "On était très conscient de l'illégalité de tout cela."

Le couple de médecins versera aussi, de 2003 à 2010, des chèques de patients de leur clinique d'implants capillaires sur les comptes de la mère du chirurgien gagné par le virus de la politique.

Cet argent a servi à acheter des appartements aux enfants, à Londres et à Paris, des tableaux, à payer de luxueuses vacances à l'île Maurice ou à La Baule. A eux deux, les Cahuzac ont subi un redressement majoré de plus de 2,5 millions d'euros.

Quand l'affaire éclate en décembre 2012, Jérôme Cahuzac, qui a "peur de tout perdre", nie. Il dira à la barre, la voix brisée, avoir "renoncé au suicide" pour "dire la vérité et en payer le prix".

Le ministre démissionne le 19 mars 2013, avoue le 2 avril.

Trois ans et demi plus tard, il assume "une faute impardonnable". Et constatait mardi: "J'ai 64 ans, ma vie politique est terminée."

 

À LIRE AUSSI

Image
Jérôme Cahuzac caméras procès 8.02.2016
Jérôme Cahuzac : de ministre superstar à paria
Autrefois ministre charismatique et populaire, Jérôme Cahuzac, jugé à partir de ce lundi pour fraude fiscale, est aujourd'hui "brisé", selon ses proches. Mais qui est ...
05 septembre 2016 - 12:41
Politique

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
ARA
Décès de ARA, Alain Renaudin, dessinateur de France-Soir
Il était avant toute chose notre ami… avant même d’être ce joyeux gribouilleur comme je l’appelais, qui avec ce talent magnifique croquait à la demande l’actualité, ou...
07 novembre 2024 - 22:25
Portraits
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.