Propos sur les prières de rue : Marine Le Pen relaxée
Deux jours après avoir été battue aux régionales, Marine Le Pen a gagné une bataille judiciaire en étant relaxée ce mardi 15 par le tribunal correctionnel de Lyon devant lequel elle était poursuivie pour incitation à la haine; une première pour la présidente du Front national qui n'était pas présente à l'audience.
"Cinq ans de calomnies, une relaxe... Et maintenant combien de diffamateurs présenteront des excuses?", a tweeté Mme Le Pen après le délibéré.
Les magistrats ont suivi l'avis du parquet qui avait requis la relaxe à l'encontre de Marine Le Pen à l'audience le 20 octobre.
Jugée pour "provocation à la discrimination, à la violence ou à la haine envers un groupe de personnes à raison de leur appartenance à une religion", une première pour elle, elle avait comparé, fin 2010, les prières de rue de musulmans à l'Occupation nazie lors d'une réunion publique à Lyon, alors qu'elle était en campagne pour la présidence du FN face à Bruno Gollnisch.
"Le tribunal indique qu'il n'y a pas d'exhortation générale à détester ou à haïr une communauté dans son ensemble (...) et que les explications qui avaient été données au cours de la procédure et à la barre par Mme Le Pen, à savoir que le terme d'occupation avait un sens littéral et non pas historique, ont été retenues", s'est réjoui son avocat, Me David Dassa Le Deist, à l'issue de l'audience.
Certaines associations parties civiles se réservent toutefois le droit de faire appel, possible durant 10 jours. Me Mathieu Hénon, au nom du Mrap, s'est dit peu "surpris au vu des réquisitions": "je considère que la comparaison des musulmans contraints de prier dans la rue à l'Occupation, stigmatise la communauté dans son ensemble".
"C'est une déception car, pour la Licra, les propos de Marine Le Pen avaient dépassé les limites de la liberté d'expression", a déploré pour sa part Me Sabrina Goldman.
"Est-ce que les tous les justiciables sont égaux dans ce pays? C'étaient des propos quand même assez violents et qui étaient clairement une incitation à la haine", s'est ému Me Henri Braun, conseil du Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF).
Marine Le Pen encourait un an de prison et 45.000 euros d'amende. Le procureur Bernard Reynaud avait requis la relaxe, estimant que "Mme Le Pen, en dénonçant ces prières dans l'espace public, imputables non à l'ensemble de la communauté musulmane mais à une minorité, n'a fait qu'exercer sa liberté d'expression".
"Je suis désolée, mais pour ceux qui aiment beaucoup parler de la Seconde Guerre mondiale, s'il s'agit de parler d'Occupation, on pourrait en parler, pour le coup, parce que ça c'est une occupation du territoire", avait lancé Marine Le Pen un soir de décembre 2010, sous les applaudissements des militants.
Et d'ajouter: "c'est une occupation de pans du territoire, des quartiers, dans lesquels la loi religieuse s'applique, c'est une occupation. Certes, il n'y a pas de blindés, pas de soldats, mais c'est une occupation tout de même et elle pèse sur les habitants".
Le procès, très médiatisé, s'était tenu six semaines avant les régionales, la prévenue accusant alors le gouvernement d'être responsable des poursuites.
Déjà poursuivie en diffamation, Marine Le Pen n'avait encore jamais comparu pour provocation à la haine, contrairement à son père, condamné plusieurs fois en particulier pour avoir dit que les chambres à gaz étaient un "détail" de l'Histoire. Celle qui a précisément fait exclure son père du FN, cette année, pour ses dérapages à répétition, avait assuré au tribunal avoir seulement parlé d'occupation, sans majuscule ni référence au nazisme.
"J'ai voulu m'intéresser aux problèmes des Français et non pas me lancer dans des références au passé ou à l'histoire, 70 ans en arrière", avait plaidé cette avocate de profession, qui avait déjà entamé, fin 2010, sa stratégie de "dédiabolisation" du FN.
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