Stade de France : le Sénat met en cause les justifications de Gérald Darmanin
Un "échec" imputable aux "décisions" de la préfecture de police de Paris et des explications du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin loin de "la vérité": les sénateurs ont pointé du doigt mercredi les "défaillances" des autorités françaises lors de la finale de la Ligue des champions au Stade de France qui a viré au chaos fin mai.
Le sénateur Laurent Lafon, président de la commission culture, a évoqué le 13 juillet "un enchaînement de dysfonctionnements" pour expliquer les incidents au stade de France en marge de la finale de la Ligue des champions le 28 mai, évoquant des "défaillances" aussi bien "dans l'exécution" que dans la "préparation" de l'événement.
Laurent Lafon sur les événements du Stade de France : «Il y a eu des défaillances lors de la préparation» pic.twitter.com/PD7qwryfvI
— CNEWS (@CNEWS) July 13, 2022
"Chacun était dans son couloir sans qu'il y ait une véritable coordination", a relevé le sénateur lors d'un point presse, en présentant le rapport sénatorial sur cette soirée. Pour Laurent Lafon, si "la gestion de la billetterie a été inadaptée [elle] ne peut en aucun cas être considérée comme la cause unique ou comme la cause des incidents".
"Cet échec tient aux décisions prises par la préfecture de police de Paris", a critiqué François-Noël Buffet (LR), le président de la commission des Lois.
Voir aussi : Stade de France: les déflagrations politiques d'une "soirée du chaos"
Les rapporteurs ont notamment souligné le manque d'adaptation pour gérer les flux de spectateurs, arrivés en masse par le RER D en raison de la grève sur le RER B.
Les sénateurs soulignent aussi la responsabilité de l'UEFA, l'accusant d'une "gestion de la billetterie inadaptée". Ils reprochent notamment à l'instance de ne pas avoir prévu de "dispositif particulier" pour identifier les faux billets, alors que leur nombre a été "dix fois supérieur aux moyennes observées".
Les sénateurs demandent ainsi, parmi les 15 recommandations qui concluent leur rapport, de "rendre obligatoire le recours à des billets infalsifiables" lors de tels événements, alors que la France s'apprête à accueillir la Coupe du monde de rugby en 2023, puis les Jeux Olympiques un an plus tard.
Incriminés par Gérald Darmanin, les supporteurs de Liverpool exemptés de toute responsabilité
"Ce n'est pas parce qu'il y avait des supporteurs de Liverpool qui ont accompagné leur équipe que ça s'est mal passé", a déclaré Laurent Lafon, président de la commission Culture du Sénat, lors de la présentation à la presse d'un rapport d'information sur le fiasco sécuritaire du match Real Madrid-Liverpool le 28 mai.
Dès la fin de la rencontre, le ministre Darmanin avait fait porter l'essentiel de la responsabilité des incidents sur "30 000 à 40 000 supporters anglais" qui, avait-il affirmé contre la plupart des observateurs sur place, s'étaient présentés au stade "sans billet ou avec des billets falsifiés".
Pressé par les critiques, il avait fini par présenter des "excuses" aux supporters et admis, fin juin, une part de responsabilité" dans les ratés de la soirée.
Voir aussi : Stade de France : les supporters anglais rapportent les incidents au Sénat
"L'analyse faite" par le ministre Darmanin, "n'était pas la bonne", a dénoncé Laurent Lafon. Elle était "partielle et imprécise", a-t-il encore dit.
"Les positions ont évolué au fur et à mesure des auditions", a rappelé François-Noël Buffet (LR) le président de la commission des Lois, mais "les premières déclarations ne correspondaient pas à la vérité".
Le rapport revient aussi sur la non-conservation d'une partie des images de vidéosurveillance, qui avait nourri la polémique. "Ni le consortium (...) ni la préfecture de police, ni le parquet de Bobigny, n'ont agi avec diligence pour sauvegarder une preuve indispensable à la manifestation de la vérité", dénoncent-ils.
Le 10 juin sur BFM TV, Marine Le Pen avait estimé que la destruction d’images de vidéosurveillance des violences au Stade de France était "volontaire", accusant Gérald Darmanin d’avoir voulu "couvrir" des "mensonges énormes".
Les sénateurs recommandent d'"imposer aux opérateurs" des lieux où se tiennent de grands événements sportifs de conserver ces images "pendant la durée légale d'un mois".
Ils demandent aussi au ministère de l'Intérieur de "définir une doctrine d'emploi du gaz lacrymogène", qui "prévienne l'exposition de personnes ne présentant pas pour eux un danger immédiat".
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