Élisabeth Borne échappe à la motion de censure, sans gagner la confiance

Auteur(s)
FranceSoir
Publié le 11 juillet 2022 - 18:45
Image
Élisabeth Borne, à l'Assemblé nationale le 6 juillet 2022
Crédits
F. Froger / Z9, pour FranceSoir
Élisabeth Borne, à l'Assemblée nationale le 6 juillet 2022.
F. Froger / Z9, pour FranceSoir

Le 11 juillet entre 16 h 00 et 18 h 00, les débats sur la motion de censure portée par la gauche ont animé l'Assemblée nationale. Résultat : Élisabeth Borne échappe largement à la destitution (défendue uniquement par la gauche), sans toutefois ressortir grandie de cette expérience.

Pour rappel, le mercredi 6 juillet dernier, après un discours de politique générale ambivalent d'Élisabeth Borne, une motion de censure a été présentée par la gauche à l'Assemblée nationale. Portée par la voix de Mathilde Panot et soutenue par 149 de ses collègues, elle visait à destituer le gouvernement fraîchement installé, ni plus ni moins.

"Jupiter, c'est fini !"

Bénéficiant du micro en première, Mathilde Panot attaque frontalement la Première ministre : "Vous êtes à cette fonction une anomalie démocratique." Selon elle, "on trouve une ressemblance frappante" entre le discours d'Élisabeth Borne et celui d'Emmanuel Macron : "mots creux, autosatisfecit et néolibéralisme". "Vous n'avez pas changé, ni sur le fond ni sur la forme", assène-t-elle en rappelant les différents scandales attachés au gouvernement en place, parmi lesquels les récents UberFiles.

Lire aussi : Scandale UberFiles: Emmanuel Macron à nouveau dans la tourmente

Pour les Socialistes et apparentés, Olivier Faure assure que "cette motion de défiance permettrait de sortir du confusionnisme entretenu par le président de la République." "Vous fissurez toutes les digues en préférant l'extrême droite à l'extrême gauche !", martèle-t-il juste après, accusant le parti majoritaire. Masquée, Élisabeth Borne secoue vigoureusement la tête.

Sans surprise, les Écologistes ainsi que la Gauche démocrate et républicaine se joignent à cet avis en assurant que "refuser de se soumettre à ce vote, c'est refuser de se soumettre à la clarification".

"Vous êtes fâchée avec la Constitution"

Élisabeth Borne a répondu clairement : "Vous êtes fâchée avec la Constitution". Et d'enchaîner : "Vous n'avez pas de majorité tout court. En démocratie, on ne gouverne pas avec les voix que l'on aurait pu avoir, mais avec les voix que l'on a." "Nous, nous voulons bâtir des solutions", assure-t-elle en défendant la bonne volonté du gouvernement, qui a du mal à assurer sa légitimité depuis la débâcle des législatives. Elle conclut en martelant que "voter cette motion de censure, ce serait voter pour l'instabilité, sans respecter le choix des Français."

Lire aussi : Législatives: pas de majorité absolue pour Emmanuel Macron, la NUPES perd son pari, score historique pour le RN

Pour Les Républicains, c'est la députée Michèle Tabarot qui porte la voix d'une "opposition lucide" qui refuse le "blocage stérile". Après avoir de nouveau soulevé les manquements répétés du gouvernement, elle assure cependant : "Il va falloir changer de méthode, rompre avec l'arrogance et le mépris". "Travaillez pour l'intérêt des Français, nous serons avec vous. Décevez-les encore, et nous serons vos premiers opposants", conclut-elle au nom de son parti.

Pour le MoDem et les Indépendants, Philippe Vigier assure que "le Parlement est de retour" et que les élus vont devoir "défendre leur pays plutôt que leur parti". Ni eux ni les élus d'Horizons et apparentés n'ont voté la motion de censure.

Évidemment, Aurore Bergé défend pour le parti d'Emmanuel Macron (Renaissance) l'annulation de cette motion de censure, tout en attaquant vigoureusement le "tribun du peuple" Jean-Luc Mélenchon. Elle profite de l'occasion pour "réunir" malicieusement l'extrême gauche et l'extrême droite autour de la Russie, non sans quelques raccourcis.

Du côté du parti Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires, Christophe Naegelen avoue que "les premiers signaux [du gouvernement, ndlr] ne sont pas bons", mais ne soutient pas non plus "la comédie" de la gauche.

Enfin, alors qu'il représentait le potentiel point d'inflexion de l'hémicycle, le Rassemblement national refuse de voter la motion de censure. En leur nom, Alexandre Loubet assure que la "NUPES veut l'anarchie et la violence de la rue" et promet que son parti ne soutiendra pas la "destruction de la Ve République". Il rassure toutefois ses électeurs en se défendant d'approcher de trop près la majorité, souhaitant une "opposition constructive".

En bref, personne n'a confiance en ce nouveau gouvernement, sinon Renaissance, mais personne ne souhaite une censure prématurée non plus, sinon la NUPES. Rien de nouveau, ni de bien constructif.

Lire aussi : "No stress, NUPES, NUPES", le nouvel hymne un peu trop gauche

À LIRE AUSSI

Image
Alain Houpert
"Je crains une guerre civile froide" Alain Houpert, sénateur
Pour évoquer la dernière année qui s'est écoulée depuis l’allocution du président de la République du 12 juillet 2021, au cours de laquelle Emmanuel Macron avait annon...
10 juillet 2022 - 18:30
Vidéos
Image
Laurence Muller-Bronn
"Je n'ai jamais autant douté de la volonté de transparence du gouvernement" Laurence Muller-Bronn, sénatrice
Près d'un an après l'allocution du 12 juillet 2021 au cours de laquelle le président de la République nouvellement réélu avait annoncé l’instauration du passe sanitair...
06 juillet 2022 - 19:00
Vidéos
Image
Travis Travanick Emmanuel Macron Uber
Scandale UberFiles : Emmanuel Macron à nouveau dans la tourmente
Après McKinsey, Rothschild et Alstom, entre beaucoup d'autres affaires sensibles, voici venus les "UberFiles". Un nouveau scandale politico-économique dont les faits r...
11 juillet 2022 - 14:55
Politique

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.