Terrorisme, laïcité, tacles appuyés à la droite : les temps forts du discours de François Hollande de ce jeudi

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Pierre Plottu
Publié le 08 septembre 2016 - 18:56
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François Hollande.
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©Philippe Wojazer/AFP
"Je ne laisserai pas la France être abîmée, réduite, voir ses libertés mises en cause, son état de droit contesté, son éducation réduite et sa culture amputée", a prévenu François Hollande.
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François Hollande a prononcé un discours de près d'une heure sur le thème de "la démocratie face au terrorisme", ce jeudi à la salle Wagram de Paris. Esquissant sa vision de la France -tout en distribuant quelques coups-, le président a voulu signifier que lui aussi a fait sa rentrée politique, voire son entrée en campagne.

Il était attendu et à répondu présent. Alors que ses soutiens le pressent de renverser la table, voire de se mettre en colère, François Hollande a prononcé ce jeudi 8 un discours volontaire sur "la démocratie face au terrorisme". Alors que la séquence de la rentrée politique ne lui a pas du tout été favorable, entre une primaire de la droite accaparant les médias, la multiplication des candidatures hostiles sur sa gauche et la démission d'Emmanuel Macron, François Hollande voulait lancer un signal. A son tour d'apparaître clairement, à défaut d'officiellement, comme un candidat à l'élection présidentielle de 2017.

Dans un style plus offensif qu'à l'ordinaire, le président a voulu expliquer sa vision de la France. Une France qui doit rester elle-même face au terrorisme, ne pas céder aux sirènes sécuritaires ou du repli sur soi, a-t-il expliqué. Dans son viseur figuraient clairement, bien qu'il ne les ait pas nommées, la droite et l'extrême droite: "je ne laisserai pas la France être abîmée, réduite, voir ses libertés mises en cause, son état de droit contesté, son éducation réduite et sa culture amputée", a-t-il prévenu. Puis d'ajouter, semblant annoncer qu'il se battra jusqu'au bout: "c’est le combat d’une vie". Sauf qu'il n'est pas le seul à décider s'il pourra le mener à nouveau.

Terrorisme, laïcité, réponse aux attaques de la droite et même une touche de programme pour 2017: voici les moments forts du discours prononcé par François Hollande, ce jeudi à la salle Wagram de Paris.

> Lutte contre le terrorisme

"Au terme de la lutte, la démocratie triomphera. Pour avoir conduit pendant plus de quatre ans le combat de la République contre un fanatisme meurtrier, je n’ai aucun doute. (...) La démocratie sera toujours plus forte que la barbarie". Offensif dès le début de son discours sur un sujet qui est peut-être le seul sur lequel son action est largement saluée, François Hollande a joué à plein le rôle de protecteur de la Nation dévolu au chef de l'Etat.

Les "assassins" de Daech "dévoient l’islam pour diffuser la haine", a rappelé le président. Pas question toutefois de répondre par "l'Etat d'exception", a-t-il martelé en ciblant la droite. "L’histoire nous enseigne que, face à des périls bien plus graves, c’est quand la République a tenu bon qu’elle s’est élevée et c’est quand elle a cédé qu’elle s’est perdue".

> La place de l'islam en France et la laïcité

"L'islam peut-il s'accommoder de la laïcité comme l'ont fait avant lui le catholicisme, les religions réformées, le judaïsme? Ma réponse est oui, clairement oui. L’immense majorité de nos compatriotes musulmans nous en donnent chaque jour la preuve. Tant que je suis président de la République, il n’y aura pas de législation de circonstance, aussi inapplicable qu’inconstitutionnelle", a lancé François Hollande sous les applaudissements d'une salle acquise à sa cause à propos de la laïcité. "La laïcité n'est pas une mystique, elle n'est pas la religion d'Etat contre les religions, elle est un ensemble de règles et de droits qui organise la vie de la République. C’est avant tout un principe de neutralité qui s’impose à l’Etat. Mais aussi aux citoyens qui doivent la respecter". Il n'y aura donc pas de "législation de circonstance" qui serait "aussi inapplicable  qu'inconstitutionnelle", sur le burkini.

> La droite, et notamment Nicolas Sarkozy, dans le viseur

Attaqué de toutes parts, François Hollande répondait jusqu'ici au compte-goutte, cherchant à rester au-dessus de la mêlée. Ce temps semble révolu, signe qu'il est bien entré en campagne. Mais le fait qu'il ait choisi de répondre quasi-exclusivement à l'opposition est le signe qu'il espère toujours rassembler son camp derrière lui.

"La liberté n’est pas un handicap", a-t-il tout d'abord lancé, puis de fustiger les propositions "inquiétantes" des responsables de l'opposition qui "battent les estrades en oubliant que le seul camp qui vaille, c'est celui de la République". Puis de moquer, sévère, leurs propositions: "Pour défendre le droit, voilà qu’il faudrait commencer par l’abaisser? (...) Ces reniements seraient autant de renoncements mais sans nullement assurer la protection des Français". Un air qu'il avait déjà entonné en mai dernier, déjà à l'invitation de la Fondation Jean Jaurès, lorsqu'il s'en était pris à une droite accusée de "vouloir tout défaire".

Mais c'est pour Nicolas Sarkozy que François Hollande a réservé ses meilleures flèches. Il a ainsi répondu à l'ancien président qui mène une campagne axée sur l'autorité et avait dénoncé les "arguties juridiques" qui freineraient la lutte contre le terrorisme au lendemain de l'attentat contre l'église de Saint-Étienne-du-Rouvray. "Arguties juridiques, la présomption d’innocence? Pourtant, bien commode à brandir lorsqu’il s’agit de plaider pour son propre compte", a-t-il ironisé à propos de son rival menacé d'un procès en correctionnel pour son rôle présumé dans l'affaire Bygmalion.

> Une première proposition de campagne?

Au milieu des arguments mis en avant pour défendre son bilan -création de 9.000 postes de policiers, réformes des retraites, de la pénibilité...- François Hollande a enfin annoncé ce qui ressemble fort à sa première promesse de la campagne pour 2017. Il a ainsi proposé de "limiter le cumul des mandats dans le temps" pour les élus, parmi d'autres "réformes institutionnelles" nécessaires pour que la vie politique et la démocratie soient "renouvelées". Curieux choix lexical pour un président sortant qui aspire à être reconduit, même si le fait de "renouveler" recouvre deux sens bien différents.

 

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