Greta Thunberg, poursuivie par la justice en Suède pour "désobéissance" aux forces de l’ordre, risque la prison
SIT-IN - Cette fois-ci, Greta Thunberg n’échappera pas à la justice. Maintes fois interpellée puis libérée ces derniers mois par les polices allemande et norvégienne lors de manifestations contre les énergies fossiles, la militante pour le climat est poursuivie par la justice suédoise pour “désobéissance à la police”. Elle a refusé de quitter le lieu d’une manifestation, bloquant des pétroliers dans le port de Malmö et risque, selon le parquet, jusqu’à six mois de prison ou une amende.
Les faits se sont déroulés à partir du 17 juin, date à laquelle Greta Thunberg a rejoint un groupe de jeunes activistes pour participer à une manifestation initiée par l’organisation suédoise “Ta Tillbaka Framtiden” (Reprendre l’avenir en main, ndlr). Des manifestants sont même montés sur des pétroliers, selon des images publiées par cette ONG (Organisation Non Gouvernementale) sur son compte Twitter.
Det här är självförsvar. pic.twitter.com/1CTwUK7SMo
— Ta tillbaka framtiden (@TTFramtiden) June 18, 2023
Jusqu'à 6 mois de prison
Peu avant de rejoindre ce sit-in (manifestation non-violente consistant à s'asseoir en groupes sur la voie publique, ndlr) qui a bloqué le port de Malmö pendant six jours, la militante écologiste de 20 ans a écrit sur son compte Instagram que “la crise climatique est déjà une question de vie ou de mort pour d’innombrables personnes. Nous choisissons de ne pas être des spectateurs et d'arrêter physiquement l'infrastructure des combustibles fossiles. Nous réclamons le futur !”, lit-on. Sommée par la police de quitter les lieux, Greta Thunberg a refusé d’obtempérer avant d’être emmenée, tout comme la porte-parole de “Ta Tillbaka Framtiden”, Irma Kjellström.
Cette dernière a déclaré avoir "bloqué le port afin d'arrêter l'utilisation de combustibles fossiles qui tuent des innocents". "Les vrais crimes se poursuivent à l'intérieur du port. Nous n'allons pas rester assis et attendre que l'industrie des combustibles fossiles nous enlève nos rêves".
Dans un communiqué publié mercredi 5 juillet 2023, le parquet suédois annonce la mesure prise contre Greta Thunberg. "Le procureur a porté plainte contre une jeune femme qui, le 19 juin de cette année, a participé à une manifestation climatique qui, selon le parquet, a perturbé la circulation à Malmö". Le ministère public ne cite pas Mme Thunberg nommément, ajoutant que "la femme a refusé d'obéir à l'ordre de la police de quitter les lieux". C’est Annika Collins, porte-parole du parquet, qui a confirmé à CNN qu’il s’agit bel et bien de Greta Thunberg.
Elle est accusée d’“intrusion illégale” et “désobéissance aux forces de l'ordre” selon le procureur, qui précise que “l'acte a été commis avec intention”. La militante pour le climat comparaîtra ainsi le 24 juillet prochain devant le tribunal, avec trois autres manifestants. Elle risque une amende ou une peine de 6 mois de prison, toujours selon la partie plaignante. Interrogée sur l’issue du procès, sa camarade, Irma Kjellström affirme être “plus inquiète du mal horrible que l’industrie des combustibles fossiles cause au monde”.
Si la militante écologiste a plusieurs fois été arrêtée par les forces de l’ordre de plusieurs pays où se sont déroulées des actions de protestations auxquelles elle a pris part, c’est la première fois qu’elle est visée par une plainte.
Greta Thunberg, multiple récidiviste
En janvier 2023, elle a été interpellée en Allemagne lors d’une manifestation contre l’extension d’une mine de charbon à ciel ouvert en Rhénanie. Maintenue pendant plusieurs heures dans un bus de police stationné près des lieux, elle a été relâchée après un contrôle d’identité. Son interpellation avait fait les gros titres des journaux, en raison des images la montant emmenée, sourire aux lèvres, par deux agents. La scène, filmée et largement relayée, a d’ailleurs suscité le scepticisme chez certains, qui ont accusé Greta d’avoir mis en scène son arrestation.
En mars, elle est de nouveau interpellée, cette fois-ci à Oslo en Norvège, lors d’une manifestation de soutien à une population autochtone. La protestation a bloqué l’accès à certains bâtiments du gouvernement, dissuadant même le ministre de l’Énergie, Terje Aasland, de se rendre en Grande-Bretagne pour une visite officielle. Les manifestants exigeaient le retrait de 150 éoliennes, dont l’installation dans la région de Fosen a été déclarée illégale par la cour suprême en 2021. La vue et le bruit des éoliennes perturberaient le pâturage des rennes, dont l’élevage est une tradition du peuple Sami.
Greta Thunberg a peu après été relâchée par la police norvégienne. La protestation à laquelle elle a pris part au port de Malmo pouvait-elle perturber l’approvisionnement du pays en pétrole ? En tout cas, interrogé par la BBC, un responsable de la société Shell affirme qu’une réduction de la production mondiale de pétrole et de gaz serait “dangereux et irresponsable”. L’industrie pétrolière et gazière soutient, par ailleurs, que cette production est encore nécessaire pour faire face à la demande énergétique mondiale.
Outre ses actions et protestations en faveur du climat et contre les énergies fossiles, Greta Thunberg est réputée, depuis quelques années, pour ses critiques envers les responsables politiques, qu’elle accuse “d’inaction”. En janvier, lors du forum de Davos en Suisse, elle a reproché au Forum économique mondial (WEF) de réunir "les gens qui alimentent le plus la destruction de la planète, qui sont en plein cœur de la crise climatique, qui investissent dans les énergies fossiles, etc.", jugeant qu’il était "absurde" de les écouter parler.
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