Appels à un cessez-le-feu à Gaza, Tel-Aviv poursuivra la guerre “avec ou sans soutien international”
MONDE - Plus de deux mois après l’attaque menée par le Hamas en Israël, le combat se poursuit à Gaza. Selon un bilan israélien du jeudi 14 décembre 2023, 1 200 personnes y auraient été tuées. Le ministère de la Santé du Hamas a de son côté dénombré plus de 18 500 morts…
Malgré les appels de la communauté internationale à un nouveau cessez-le-feu après celui qui est intervenu fin novembre, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou affirme que “rien n’arrêtera” ses troupes “sur le chemin de la victoire”, ni la mort des soldats ni les “pressions internationales”. Le chef du Hamas, Ismaël Haniyeh, a estimé depuis le Qatar que toute solution politique dans la bande de Gaza est “illusoire”. La guerre se poursuit au moment où la situation dans la bande de Gaza est jugée catastrophique et suscite de vives préoccupations tant à l’ONU qu’aux États-Unis et en Russie.
Une semaine après le cessez-le-feu conclu le 24 novembre dernier entre le Hamas et Israël, les violences ont repris dans l’enclave palestinienne. Tel-Aviv, qui a juré d'anéantir l'organisation palestinienne, poursuit son opération terrestre. Mercredi, elle a annoncé que 115 soldats ont été tués à Gaza depuis le début de son siège et 135 otages restent captifs.
Les pertes humaines et matérielles à Gaza sont très lourdes. Un bilan du Hamas fait état de 18 608 morts dans les bombardements israéliens, majoritairement des femmes, des enfants et des moins de 18 ans. Selon la même source, plus de 50 000 personnes ont été blessées depuis le 7 octobre. Le commissaire général de l’agence pour les réfugiés palestiniens de l’ONU (UNRWA), Philippe Lazzarini, a déclaré que “partout où l’on va, les gens sont désespérés, affamés et terrifiés (...). Nous sommes au bord d’une possible implosion parce que l’ordre civil s’effondre de plus en plus.”
Tel-Aviv poursuit la guerre “avec ou sans soutien international”
Mercredi, les frappes aériennes et les combats se poursuivaient au sud de l’enclave, particulièrement à Khan Younès et à Rafah, ainsi qu'à Gaza. Le ministère de la Santé du Hamas a accusé l'armée israélienne d'avoir “tiré sur les chambres des patients” de l’hôpital Kamal Adwan, dont le siège aurait été renforcé. Le mouvement palestinien ajoute que la veille, un assaut a été mené contre l’établissement, “bombardé depuis plusieurs jours”. L’armée israélienne accuse le Hamas d’utiliser des hôpitaux pour y abriter des installations militaires.
Le ministère de la Santé du Hamas a mis en garde contre un “épuisement des stocks de vaccins” pour enfants, avertissant contre une pénurie qui “aurait des répercussions catastrophiques sur la santé des enfants et la propagation des maladies, en particulier parmi les déplacés qui vivent dans des camps surpeuplés”.
Des bilans qui ne remettent pas en cause l’intention d'Israël de poursuivre ses bombardements, à en croire Benjamin Netanyahou. Le 13 décembre, le Premier ministre de l’Etat hébreu a déclaré : “Nous irons jusqu’au bout, jusqu’à la victoire, rien de moins.” “Israël poursuivra la guerre contre le Hamas, avec ou sans soutien international”, a ajouté son ministre des Affaires étrangères, Eli Cohen.
Un soutien international apporté principalement par les États-Unis, qui ont opposé vendredi dernier leur veto à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU appelant à un “cessez-le-feu humanitaire immédiat” à Gaza. La France a d’ailleurs exprimé son regret par la voix du porte-parole adjoint de la diplomatie française, Christophe Lemoine, qui a rappelé le soutien apporté par la France au projet de résolution présenté par les Émirats arabes unis. "Comme l'a rappelé notre Représentant permanent auprès des Nations unies à New York, malgré la non prise en compte d'un certain nombre d'éléments qui étaient importants pour nous, nous avons voté en faveur de cette résolution", a-t-il déclaré jeudi.
La situation semble dans l’impasse. Le chef du bureau politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a déclaré depuis le Qatar où il est installé que “tout arrangement à Gaza ou concernant la cause palestinienne sans le Hamas ou les mouvements de résistance est une illusion”, en réponse aux déclarations de Benyamin Netanyahou qui a exclu “l’entrée dans Gaza de ceux qui éduquent au terrorisme, soutiennent le terrorisme et financent le terrorisme”. Le Hamas a prévenu il y a quelques jours qu'aucun des otages encore retenus n'en sortirait "vivant" sans négociation et sans “satisfaction de ses exigences".
Pour Ismaïl Haniyeh le Hamas est prêt à négocier “un arrêt de l’agression à Gaza” et de “remettre la maison palestinienne en ordre, à la fois en Cisjordanie et dans la bande de Gaza”, à condition que cette “voie politique assurera le droit du peuple palestinien à un Etat indépendant avec Jérusalem comme capitale”.
Israel “perd le soutien de l’opinion internationale”
Un scénario vivement rejeté par les Israéliens, selon Joe Biden. Mardi, le président américain a déploré que le gouvernement israélien ne souhaite pas une solution à deux États, soulignant que Tel-Aviv commençait à perdre le soutien de l'opinion internationale. "C'est le gouvernement le plus conservateur de l'histoire d'Israël", a-t-il fait remarquer, exprimant, pour la première fois, ses divergences. Son conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a entamé une visite en Israël jeudi. “Nous avons des préoccupations et nous les avons exprimées sur l'offensive militaire” israélienne à Gaza et sur son impact sur la population civile, a de son côté ajouté John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain.
Les appels à un cessez-le-feu proviennent des pays occidentaux comme de la part de la Russie et de la Chine. Lundi dernier, Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne, a estimé que le niveau de destruction à Gaza est “plus ou moins, voire supérieur” à celui de l’Allemagne durant la Seconde Guerre mondiale. Plus de la moitié des habitations ont été détruites ou endommagées par la guerre, selon l’ONU.
Pékin a jugé “décevant et regrettable” le veto américain. "Il est extrêmement décevant et regrettable qu'un projet de résolution du Conseil de sécurité de l'ONU exigeant un cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza ait fait l'objet d'un veto", a déclaré Zhang Jun, représentant permanent de la Chine auprès de l'ONU.
Après le véto américain, suivie d’une manifestation organisée devant le bâtiment de la mission américaine auprès des Nations unies, les États membres de l’ONU se sont réunis mardi 12 décembre lors d’une Assemblée générale pour réclamer, à une écrasante majorité, “un cessez-le-feu humanitaire immédiat” dans l’enclave palestinienne.
D’est en ouest, appels insistants à un cessez-le-feu
Quant au président russe Vladimir Poutine, il a qualifié jeudi 14 décembre de “catastrophique” la situation dans la bande de Gaza. “Regardez l’opération militaire spéciale [en Ukraine] et regardez ce qu’il se passe à Gaza et voyez la différence. Il n’y a rien de tel en Ukraine”, a-t-il déclaré lors d’une interview télévisée. Son chef de la diplomatie, Sergueï Lavrov, a appelé la veille les Nations unies à organiser une conférence internationale sur le règlement du conflit, y voyant le seul moyen possible de régler la crise “une bonne fois pour toutes”.
L’Australie, le Canada et la Nouvelle-Zélande se sont également alarmés contre “les souffrances continues” des Palestiniens, appelant à une trêve. “Le prix d'une défaite du Hamas ne peut pas être la souffrance continue de tous les civils palestiniens”, ont déclaré dans un communiqué commun les premiers ministres Anthony Albanese, Justin Trudeau et le tout nouveau dirigeant néo-zélandais Christopher Luxon.
L’Espagne, qui s’est toujours montrée très critique envers Israël, a appelé à "faire la distinction" entre les "objectifs terroristes" et les civils à Gaza, affirmant que les lieux de culte, les hôpitaux et les locaux de l'ONU ne peuvent pas être pris pour cibles. "La voix de l’Espagne va toujours s'élever pour la protection des droits de la population civile palestinienne à Gaza. Il faut faire la différence entre les objectifs terroristes et la population civile. On ne peut pas avoir comme cibles des lieux de culte, des hôpitaux, des sièges des Nations Unies", a martelé José Manuel Albares.
En France, théâtre plus de deux mois après le début des combats de manifestations et d’appels à manifester, des proches d’otages bédouins à Gaza ont été accueillis à l’Assemblée nationale et au Sénat mercredi. Le Quai d’Orsay a reçu le même jour les représentants d’une vingtaine de pays pour une réunion visant à lutter contre le financement du mouvement palestinien. La rencontre, à laquelle a pris part Israël, a été boudée par tous les pays arabes conviés…
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