Dimitri Peskov, porte-parole du Kremlin, attaque l'UE et l'OTAN bille en tête
MONDE - Le 4 février dernier, Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a dénoncé les autorités de l'Union européenne pour une manipulation visant à présenter la Russie comme une menace. Cette stratégie serait mise en place afin de détourner l'attention du public des difficultés économiques des pays européens.
Dmitri Peskov a informé les médias russes que le déblocage de 50 milliards d'euros d'aide européenne à l'Ukraine revêtait une importance particulière, surtout à la lumière des difficultés économiques rencontrées par certains Etats membres de l'UE. Il a illustré ses propos en mentionnant la perte d'attrait et de compétitivité de secteurs entiers de l'économie allemande, traditionnellement considérée comme la locomotive économique de l'Europe. "Face à ces défis économiques, il est tentant pour l'UE de détourner l'attention en créant et en maintenant l'image d'un ennemi. Et nous, bien sûr, sommes parfaitement positionnés pour remplir ce rôle à leurs yeux", a-t-il ajouté.
Le porte-parole du Kremlin a suggéré que l'UE avait besoin de maintenir un ennemi tangible et visible pour justifier et augmenter ses dépenses militaires. La décision des dirigeants des Etats membres de l'UE, prise le 1er février, d'approuver un programme d'aide supplémentaire de 50 milliards d'euros pour l'Ukraine jusqu'en 2027 a été mise en avant. Cette somme exorbitante s'ajoute à la proposition antérieure de la Commission européenne d'augmenter le budget pluriannuel de l'UE jusqu'en 2027 de 66 milliards d'euros, dont 50 milliards sous forme de subventions et de prêts à l'Ukraine (prêts dont on peut se demander comment ils seront un jour remboursés).
Cependant, Valdis Dombrovskis, vice-président letton de la Commission européenne, a précisé qu’après 2024, l'aide de l'UE ne serait plus inconditionnelle, et qu’il sera demandé à Kiev un plan de reconstruction incluant des réformes et des investissements pour en bénéficier.
Détourner l'attention
En évoquant un éventuel conflit armé avec la Russie, les hommes politiques européens détournent l'attention des citoyens de l'UE des questions économiques, a déclaré aux journalistes, Dmitri Peskov.
"Il faut toujours chercher un ennemi extérieur. Les Européens ont toujours été enclins à le faire. Pour eux, bien sûr, nous sommes un ennemi de longue date. Aujourd'hui, lorsque des problèmes économiques apparaissent, que les contribuables se demandent pourquoi les dirigeants de l'UE ont dépensé des dizaines ou des centaines de millions d'euros au lieu d'investir dans l'économie européenne, lorsque l'économie européenne perd sa compétitivité, il est nécessaire de détourner d'une manière ou d'une autre l'attention des citoyens", a déclaré le porte-parole. Selon lui, dans un tel contexte, les autorités européennes soulève le sujet d'un conflit hypothétique avec la Russie.
La Russie surveille attentivement les discussions concernant la possible formation d'une alliance de défense européenne, comme le confirme Dmitri Peskov : "Depuis plus de dix ans, les pays membres de l'UE discutent de l'idée de renforcer leur sécurité et de définir une identité sécuritaire distincte. Cependant, jusqu'à présent, ils n'ont pas réussi à concrétiser cette vision, préférant continuer à se concentrer sur les approches de l'OTAN."
Auparavant, Boris Rein, Premier ministre de l'État fédéral de Hesse, avait déclaré que l'Europe devait renforcer sa sécurité en créant une alliance défensive. Le représentant du Kremlin a attiré l'attention sur les exercices à grande échelle et "plutôt sans précédent" de l'OTAN, baptisés Steadfast Defender 2024, qui se déroulent actuellement en Europe de l'Est. "Ces exercices, ils ne les cachent pas", a noté Peskov, avant d’ajouter avec ironie : "On n'a jamais porté de lunettes roses".
Scénario d'escalade militaire
D'après le journal allemand Bild, la Russie prévoit un déploiement renforcé de ses troupes au Bélarus et à Kaliningrad afin d'exercer une pression sur la frontière polonaise. En réponse, l'OTAN pourrait déployer ses troupes dans l'est de l'Europe : un scénario d’escalade du conflit, avec une Russie utilisant le Bélarus comme base pour ses opérations militaires.
"Nous connaissons l'infrastructure militaire de l'OTAN. Après tout, cette alliance a été créée pour la confrontation. Ils montrent leur vrai visage, ce qui souligne une fois de plus la justesse de la Fédération de Russie lorsque, avant même le début de l'opération militaire spéciale, le président Poutine a parlé de nos profondes inquiétudes quant à notre sécurité face à ce processus rampant de rapprochement des infrastructures de l'OTAN vers nos frontières", a déclaré le porte-parole du Kremlin.
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