Ukraine : la préparation de la capitulation (Partie 2)
Le rappel
Etant à l’opposé de tout ce qui était servi par l’appareil de la propagande étatique inégalée agissant en Ukraine et dans les pays occidentaux depuis bientôt deux ans, les informations révélées fin novembre 2023 ont provoqué une véritable stupéfaction dans la population ukrainienne formatée et endoctrinée.
Pourtant, pour des esprits non aveuglés par des narratifs otaniens, les choses étaient d’une évidence flagrante dès le début du conflit.
Lors de mon interview du mois de mai 2023 publiée dans le journal français L’Eclaireur des Alpes, cette réalité était déjà évoquée non pas comme une probabilité, mais comme l'unique évidence :
" L’Eclaireur : La Russie n’a-t-elle pas néanmoins sous-estimé la capacité de résistance des Ukrainiens ?
Oleg Nesterenko : Rappelez-vous les expertises sérieuses qui ont été faites sur la capacité de l’Ukraine à maintenir la résistance contre la Russie. A l’époque, juste avant le déclenchement de la guerre, on estimait que l’Ukraine ne pouvait tenir qu’un temps très limité face à la Russie.
Contrairement aux informations développées dans les mass médias occidentaux et malgré les événements que l’on observe sur le terrain, j’aimerais souligner que ces experts qui ont prévu que l’Ukraine ne pourrait résister qu’un temps limité n’ont eu nullement tort. Ils ne se sont nullement trompés dans leurs prévisions.
Mes paroles peuvent paraître étonnantes vis-à-vis de ce qu’on observe depuis plus d’un an. Pourtant, il n’y a pas à s’étonner. Il ne faut jamais oublier que le déclenchement de la phase active des hostilités a eu lieu fin février 2022 et que déjà, fin mars 2022, il y a eu des pourparlers à Istanbul entre l’Ukraine et la Russie. Pour quelles raisons une partie qui se sent forte et qui sait qu’elle a encore des capacités considérables de résistance se mettrait-elle autour d’une table de négociation pour convenir d’une forme de reddition ? Ça ne se passe jamais ainsi. Les Ukrainiens se sont mis autour d’une table de négociation en étant conscients que leurs capacités de résistance étaient très limitées.
A Istanbul, quand les deux parties ont trouvé un consensus sur une majorité d’éléments clés de l’accord sur l’arrêt des hostilités, quand ils ont été pratiquement à un pas de la ratification du document d’accord de paix, il y a eu un virage à 180 degrés du côté ukrainien. Pourquoi ? Il ne faut pas avoir une grande expérience du monde des affaires pour le saisir : dans le cadre de négociation, quand une des deux parties fait volte-face du jour au lendemain, cela ne signifie qu’une seule chose : cette partie a eu une contre-proposition de la part des concurrents de ceux qui sont en face d’elle. C’est comme cela que cela se passe dans le monde des affaires. Dans la politique, c’est pareil.
Si l’Ukraine a pu se permettre le luxe de faire une croix sur l’accord de paix, c’est tout simplement qu’elle a reçu une contre-proposition. Et cette contre-proposition ne pouvait venir que du camp occidental. Les évènements qui ont suivi ont dévoilé les éléments de cette proposition : l’Ukraine a reçu une proposition pour l’ouverture d’une gigantesque ligne de crédit partiellement payable en armement. En contrepartie, l’Ukraine devait s’engager à s’interdire de conclure un accord d’arrêt de guerre face à la Russie et fournir “la main-d’œuvre” combattante. C’était ça l’accord.
Afin de répondre au second engagement de Kiev, les frontières nationales de l’Ukraine pour sortir du pays ont été fermées. En France, on n’en parle pas beaucoup — car c’est une vérité trop gênante — mais au début de la guerre, il y a eu un gigantesque exode des populations des territoires ukrainiens, notamment de la population masculine. Les hommes savaient que s’ils ne partaient pas, ils seraient envoyés à la tuerie. Quand on parle à la télévision occidentale de l’héroïsme ukrainien, ça me fait sourire, sachant parfaitement que le pays se serait vidé des futurs combattants en un temps très réduit si les frontières n'étaient pas interdites de passage."
Pour accéder à l'intégralité de cette interview cliquez ici.
La capitulation et le transfert des responsabilités
Dans l’interview de David Arakhamia (voir la partie 1 de cette tribune), l’une des personnalités essentielles du monde politique ukrainien d’aujourd’hui, celui-ci a évoqué la nécessité d’organiser un référendum national sur la question d’éventuelles concessions territoriales à la Russie en échange d’un accord de paix.
La signification de cette déclaration est d’une grande importance, stratégiquement : le régime de Kiev prépare auprès de l’opinion publique du pays non seulement sa capitulation, mais également, et surtout, le transfert sur les épaules du peuple ukrainien meurtri depuis bientôt deux ans de la responsabilité de sa politique désastreuse, mise en place par le camp occidental, et qui a provoqué des centaines de milliers de morts et a dévasté le pays.
Ainsi, ce n’est pas le régime en place, mais soi-disant le peuple qui devra prendre la décision de la fin de la guerre et de la concession de territoires…
Nul doute que ce simulacre de référendum ou une initiative similaire aura lieu. Le fait que Zelensky ait déjà annoncé qu’il sera très probablement impossible de mettre en place et de réaliser les futures élections présidentielles du 31 mars 2024 car, pour commencer, une partie non négligeable de la population se trouve à l’étranger, sur les champs de batailles ou sur les territoires occupés par la Russie et n’aura donc pas l’accès physique aux centres de vote, ce fait ne sera certainement pas un obstacle pour organiser et mettre sur le dos de la population ukrainienne la lourde responsabilité de la perte de la guerre…
Néanmoins, si son Excellence, monsieur le président Volodymyr Zelensky, étant d’ores et déjà un cadavre politique, n’est pas en train de préparer la passation du pouvoir vers le parlement ukrainien (Verhovna Rada) aussi ultranationaliste et corrompu que lui-même, et ceci en dehors de tout processus électoral - ce qui est hautement probable — des surprises fort désagréables pourraient l’attendre dans un avenir proche…
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.