Donald Trump peut-il encore remporter l'élection présidentielle ?
Lors de l'élection du 3 novembre dernier, avec 74,2 millions de voix, Donald Trump a obtenu 11,3 millions de voix de plus qu'en 2016. Il n'était donc pas si impopulaire que cela. Il obtient même 8 millions de voix de plus que Barack Obama lors de sa réélection triomphale de 2012 face à Mitt Romney. Donald Trump remporte facilement des Etats clés comme la Floride ou l'Ohio (remportés par Obama en 2008 et en 2012) et engrange des scores historiques auprès des minorités, comme aucun candidat républicain n'avait jamais obtenu avant lui, gratifié de 25 % des voix "non-blanches" (deux fois plus qu'en 2016).
Des Républicains qui contredisent les sondages
Qui plus est, contrairement à ce qui avait été prévu par les sondages, les Républicains ont remporté une douzaine de sièges à la chambre des Représentants (qui avaient été tous perdus lors des élections de mi-mandat en 2018), ne laissant qu'une majorité d'une dizaine de sièges aux Démocrates, la plus faible depuis 80 ans. Par ailleurs, les Républicains ont garanti 50 sièges sur 100 au Sénat et obtiendront la majorité absolue dans la chambre haute s'ils remportent l'une ou l'autre des deux élections sénatoriales spéciales du 5 janvier prochain en Géorgie.
Enfin, les Républicains n'ont perdu aucune State Legislature (Congrès de chacun des 50 États), subtilisant même celle du New Hampshire aux Démocrates, ce qui donne au Grand Old Party (Républicain) une majorité de 30 États sur les 50 de la Fédération, un record.
L'exploit de Joe Biden
Pourtant, Donald Trump est tombé sur plus fort que lui. En ayant conduit une campagne virtuelle par Zoom depuis le sous-sol de son domicile (en raison du coronavirus), sans conférences de presse, sans meeting électoral, sans charisme et sans mouvement d'adhésion populaire - comparable par exemple à Barack Obama en 2008 - Joe Biden réussit l'exploit de remporter 81,2 millions de voix, c'est-à dire 11 millions de plus que Barack Obama en 2008 et 15 millions de plus qu'Hillary Clinton en 2016. Aucun candidat à une élection présidentielle n'a jamais obtenu autant de voix dans l'histoire du pays.
Cependant, cela ne s'est joué qu'à 43.735 voix près. En effet, à ce jour, Joe Biden devance Donald Trump de seulement 10.457 voix en Arizona (11 Grands Électeurs), 12.670 voix en Géorgie (16 Grands Électeurs) et 20.608 voix dans le Wisconsin (10 Grands Électeurs). Sans les 37 Grands Électeurs associés à ces trois États, Biden perdait l'élection.
Les bulletins par correspondance dans l'oeil du collimateur
Ce n'est donc pas un hasard si le camp de Donald Trump étudie avec la plus grande attention les soupçons d'irrégularités entachant le dépouillement dans les grandes villes de ces États, comme Atlanta (Géorgie), Milwaukee (Wisconsin) ou Phoenix (Arizona). Plus précisément, les avocats de Donald Trump s'intéressent aux bulletins par correspondance, jugés particulièrement vulnérables à la fraude électorale.
Dans ces villes en effet gouvernées par les Démocrates depuis des décennies, Joe Biden a réalisé des scores époustouflants, grâce à des taux de participation atteignant des records historiques, bien supérieurs aux taux de participation constatés dans d'autres métropoles, comme Los Angeles ou New York City par exemple. Des scores en réalité à peine croyables, le nombre de bulletins excédant même le nombre d'électeurs inscrits sur les listes électorales dans de multiples bureaux de vote.
Des soupçons de fraude qui concernent également les villes de Détroit (Michigan), de Pittsburgh et de Philadelphie (Pennsylvanie). En effet, le Michigan et la Pennsylvanie ont profité du contexte de l'épidémie du coronavirus pour étendre et faciliter le vote par correspondance, notamment en autorisant la réception de bulletins après le jour de l'élection, et ce, même en l'absence de cachet de la poste sur l'enveloppe (!). Le point est important puisque c'est précisément le comptage de ces bulletins par correspondance au cours des quelques jours qui ont suivi le jour de l'élection qui a renversé la tendance et a permis d'effacer l'avance confortable de voix dont disposait Donald Trump dans ces États au soir de l'élection.
Contestations en justice
Les avocats de Donald Trump contestent les résultats de ces États devant les tribunaux, avec l'intention de porter ces affaires devant la Cour Suprême des Etats-Unis, composée de 9 juges, dont 3 nommés par Donald Trump lui-même au cours de son mandat. Trois griefs sont principalement mis en avant.
Le premier grief concerne le fait que les assesseurs Républicains auraient été interdits d'observer le dépouillement des bulletins par correspondance de façon simultanée dans les grandes villes de ces États. A l'appui de cette allégation fracassante, le camp Républicain produit de nombreuses vidéos et témoignages sous serment. A Philadelphie, les Républicains ont même obtenu une ordonnance en référé obligeant la réintégration de leurs assesseurs mais les portes restèrent closes, la police municipale refusant d'exécuter la décision de justice. Les avocats de Donald Trump demandent donc logiquement à ce que les bulletins dépouillés en l'absence des observateurs Républicains ne soient pas pris en compte. Cela concernerait par exemple 690.000 bulletins en Pennsylvanie.
Le second grief est l'absence de vérification des signatures des bulletins par correspondance, ce qui correspond à ne pas demander à un électeur qui se rend aux urnes en personne de montrer sa carte d'identité. Le cas est flagrant en Géorgie notamment, le gouverneur ayant exclu de procéder à cette vérification par voie de décret. Résultat : le nombre de bulletins par correspondance rejetés pour anomalies diverses (problème de date, personnes décédées ou qui n'habitent plus en Géorgie, adresse erronée, absence de signature ou signature ne correspondant pas à celle enregistrée sur le registre électoral, etc...) est quasi nul en Géorgie cette année, alors qu'il excéda 6 % aux élections présidentielles de 2016. Près de 85.000 bulletins par correspondance frauduleux auraient donc été comptabilisés à tort en 2020 sur un total de 1,3 million. De même, il est établi que plus de 27.000 bulletins par correspondance ont été envoyés en Géorgie par des personnes ayant plus de 90 ans et plus de 2.000 par des centenaires. Par ailleurs, de nombreuses personnes ont témoigné sous serment qu'elles se sont rendues aux urnes le jour de l'élection pour apprendre qu'elles avaient déjà voté (par correspondance !). Les avocats de Donald Trump demandent à la justice de constater que les bulletins par correspondance ne peuvent pas être comptabilisés dans ces conditions.
Le troisième grief concerne la comptabilisation de bulletins par correspondance reçus dans les jours qui ont suivi le jour de l'élection. Dans le Michigan et en Pennsylvanie par exemple, la loi prévoit que les bulletins par correspondance reçus après le 3 novembre au soir sont nuls. Toutefois, dans chacun de ces deux Etats, le délai été étendu de plusieurs jours au-delà du 3 novembre. Les avocats du président sortant demandent donc à la justice de constater la nullité des bulletins reçus le 4, le 5 ou le 6 novembre, le pouvoir exécutif local n'ayant pas le pouvoir de repousser la date de l'élection fédérale. Cela concernerait par exemple 1,2 million de bulletins par correspondance dans le Michigan (sur un total de 3,1 millions).
Les allégations de fraude sont tellement sérieuses que Trey Trainor, le Président de la Commission des Élections Fédérales a déclaré le 18 novembre dernier que "les élections n'étaient pas légitimes".
Le sort du pays dans les mains de la Cour Suprême
Le sort de cette élection présidentielle est désormais dans les mains de la justice. Si Donald Trump réussit à renverser par exemple la Géorgie, le Michigan et la Pennsylvanie, il gagne l'élection. A l'inverse, si les juges constatent la légalité du vote par correspondance dans les Etats contestés, Joe Biden devient le 46° président des Etats-Unis. Il est à craindre cependant que le résultat final qui sera retenu par les juges - quel qu'il soit - suscite de violentes réactions de la part du camp qui aura perdu la bataille, dénonçant un coup d'État orchestré par l'autre parti.
Anthony Lacoudre est avocat et vit à New York.
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