Espagne : record historique de condamnations de mineurs pour des délits sexuels
MONDE - En Espagne, les agressions sexuelles perpétrées par des jeunes âgés de 14 à 17 ans ont augmenté de 14 % en un an. Le ministère public constate une inquiétante escalade de la gravité des délits commis par les mineurs.
En 2022, 501 mineurs ont été condamnés pour avoir commis un total de 636 délits sexuels en Espagne. C’est ce que révèlent les statistiques sur les condamnations publiées par l'INE (Instituto nacional de estadística). Ces chiffres confirment une tendance alarmante : une augmentation de 14 % de ce type de délits au cours de l'année écoulée.
C'est le chiffre le plus élevé enregistré depuis le début du comptage en 2017. À l'époque, 269 jeunes âgés de 14 à 17 ans avaient été condamnés pour un total de 609 infractions. Parmi les 636 infractions commises l'année dernière, 389 étaient liées à des abus sexuels et à des agressions sur des mineurs de moins de 16 ans.
Une hausse de 30 % des agressions sexuelles
Les délits d'agression sexuelle, en dehors de ceux commis par des mineurs, ont également connu une augmentation significative, augmentant de 31,5 % pour atteindre 9 603 cas. Ce chiffre représente une augmentation de plus de deux mille par rapport aux 7 302 cas enregistrés en 2021.
Selon le ministère public, cette hausse pourrait être en partie attribuée à l'entrée en vigueur de la loi de garantie intégrale de la liberté sexuelle connue sous le nom de loi "solo sí es sí" ("un oui est un oui"), qui a unifié les abus sexuels et les agressions en un seul délit pénal depuis le 6 octobre 2022.
De plus, bien que le nombre d'abus sexuels faisant l'objet d'une enquête ait légèrement diminué de 3,39 %, passant de 8 937 à 8 634 cas, les abus sexuels sur des victimes de moins de 16 ans ont augmenté de 2,86 %. Les agressions sexuelles sur des filles de moins de 16 ans ont quant à elles augmenté de 36,44 %.
Le ministère public met également en garde contre l'augmentation des délits contre la liberté sexuelle perpétrés via Internet ainsi que dans les environnements récréatifs, où l'usage fréquent de la soumission des victimes à l'alcool ou à d'autres substances est devenu préoccupant.
Impunité et violences sexuelles dissimulées
Le ministère public dénonce l'existence d'un "taux d'impunité indéfini" car de nombreux faits ne sont pas révélés, se produisant fréquemment au sein de relations étroites entre la victime et l'agresseur, que ce soit au sein de la famille, à l'école ou dans des clubs sportifs. "Il incombe à chacun de créer un environnement de soutien pour encourager les victimes à briser le silence", souligne-t-il.
Néanmoins, le ministère public reconnaît que la loi sur la garantie intégrale de la liberté sexuelle, ainsi que ses modifications ultérieures, ont mis en lumière les crimes sexuels et que les campagnes de sensibilisation portent leurs fruits.
Il explique que la sensibilisation a contribué à une augmentation des signalements de ces crimes. Les affaires qui ont suscité un grand intérêt médiatique et social ont renforcé les victimes, les incitant à parler, soutenues par les manifestations publiques de groupes spécifiques et de la société en général, révulsés par ces crimes.
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