Etat islamique : des "milliers" de djihadistes étrangers, dont des centaines de Français, quittent la zone irako-syrienne pour rentrer dans leurs pays d'origine
La défaite militaire de l'organisation Etat islamique en zone irako-syrienne pose le gigantesque problème du retour des djihadistes étrangers dans leurs pays d'origine ou leur départ vers d'autres zones de "djihad". Le nombre de ces "revenants" ne cessent de croître à mesure que les derniers sanctuaires du groupe salafiste sont repris par les forces locales, qu'elles soient syriennes ou irakiennes.
On estime que depuis 2011 ce ne sont pas moins de 40.000 combattants étrangers qui ont rejoint les rangs de l'Etat islamique. A titre d'exemple, ils étaient près de 10.000 à avoir rejoint l'Afghanistan à l'époque du djihad contre les Soviétiques. Selon un rapport très détaillé publié ce mardi 24 par le Soufan Group et The Global Strategy Network sur le retour de ces combattants étrangers de l'Etat islamique vers leurs pays d'origine. Ainsi, on apprend que ce sont désormais 5.600 djihadistes, provenant de 33 pays différents, qui ont quitté la zone irako-syrienne et sont rentrés dans leurs pays d'origine, représentant un immense défi de sécurité pour ces Etats.
En moyenne, ce sont 20% à 30% des djihadistes étrangers venus d'Europe y sont déjà revenus - bien qu'ils soient 50% au Royaume-Uni, au Danemark et en Suède. Des milliers d'autres qui se sont battus pour l'EI sont bloqués près des frontières de la Turquie, de la Jordanie ou de l'Irak et cherchent à retourner dans leurs pays par des moyens détournés.
Pour la France, le ministre de l'Intérieur avait fait savoir en août que 271 djihadistes français, dont 54 mineurs, avaient déjà fait leur retour dans le pays et avaient été interpellés. Ils seraient environ 700 encore en zone irako-syrienne et chercheraient à rentrer en France, pour poursuivre leur djihad pour certains.
Néanmoins, les services de renseignement ne sont pas complètement démunis face à la menace des revenants et cela est notamment dû à la relative qualité de l'administration de l'Etat islamique. En effet, les campagnes militaires victorieuses contre l'EI ont permis aux forces soutenues par la coalition internationale contre Daech de mettre la mains sur des milliers de pages de contenus administratifs où sont répertoriés les identités réelles et les kunya (nom de guerre) de certains combattants étrangers de l'EI. Le matériel informatique saisi sur des membres du groupe terroriste a produit les mêmes effets. Ainsi, une liste de surveillance de près de 19.000 identités a pu être établi par Interpol.
Le rapport souligne également le problème posé par le retour des familles de djihadistes étrangers qui rentrent également vers leurs pays d'origine, dont certains n'ont connu que la propagande de l'Etat islamique et la violence extrême de ses membres. Le rapport chiffre à 460 le nombre d'enfants français qui ont rejoint les rangs de l'EI et environ 320 femmes.
Enfin, il est nécessaire de préciser que tous les combattants étrangers de l'EI ne cherchent pas à rentrer dans leurs pays d'origine mais tentent de rejoindre de nouvelles zones de combats où des ramifications de l'Etat islamique sont présentes comme la Libye, le Sinaï égyptien ou encore l'Afghanistan.
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