États-Unis : les étranges élections de mi-mandat du 8 novembre 2022

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Anthony Lacoudre, pour FranceSoir
Publié le 18 novembre 2022 - 19:55
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Bureau de vote US
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Frederic J. Brown / AFP
"Ces élections de mi-mandat ont été marquées par divers événements plus étranges les uns que les autres."
Frederic J. Brown / AFP

CHRONIQUE - Le 8 novembre dernier, se tinrent les élections américaines de mi-mandat, lesquelles devaient, d'après les derniers sondages, donner une majorité écrasante aux républicains à la Chambre des représentants (entre 230 et 250 sièges, sur 435), au Sénat (avec au moins 54 sénateurs sur 100) et de nombreuses victoires républicaines aux postes de gouverneurs.

Une fois de plus, comme il est de coutume désormais aux États-Unis, les sondages ont été démentis. Qui plus est, ces élections ont été marquées par divers événements plus étranges les uns que les autres.

Le feu d'artifice du début de soirée en Floride

La Floride est le premier État à avoir annoncé ses résultats en début de soirée. On découvre alors la victoire sans appel du gouverneur sortant, Ron DeSantis, qui gagne sa réélection avec 59,4 % des voix contre 40 % pour Charlie Crist, son concurrent démocrate. 

La victoire, même si elle était annoncée, surprend par son ampleur, Ron DeSantis multipliant par deux les prédictions des sondages (il gagne avec 20 % d'avance, alors que les sondages le créditaient de 8 % à 10 % d'avance). Jamais un candidat républicain n'a remporté avec une telle marge une élection dans cet État qui était, jusqu'à tout récemment, un Purple State, c'est-à-dire un État partagé 50/50 entre démocrates et républicains. On rappellera par exemple que Barack Obama y a obtenu une majorité de voix aux élections de 2008 (50,9 %) et de 2012 (50,01 %) alors que Donald Trump a gagné en 2016 (49 % contre 47,8 % pour Hillary Clinton) et en 2020 (51,22 %). 

Ron DeSantis a lui-même été élu pour la première fois gouverneur en 2018 avec 49,6 % des voix, contre 49,2 % pour son concurrent démocrate, ce qui représentait une avance de seulement 32 463 voix (à comparer aux 1 508 314 voix d'avance obtenues récemment).

Lors de ces élections de mi-mandat de 2022, Ron DeSantis a réussi l'exploit d'obtenir la majorité des voix dans 62 des 67 comtés de l'État et surtout 55 % du vote des électeurs hispaniques (notamment dans le comté de Miami-Dade où l'électorat est hispanique à 70 %).

De son côté, Marco Rubio, sénateur sortant républicain, obtient 57,7 % des voix, contre 41,3 % seulement pour sa concurrente démocrate (correspondant à 1 273 821 voix d'avance). La performance de Rubio est tout aussi remarquable. 

En parallèle, le Parti républicain emporte 20 des 28 circonscriptions de la Floride pour la Chambre des représentants à Washington DC, certains candidats étant élus avec plus de 70 % ou 75 % des voix. 

Ce fut donc un véritable raz de marée républicain, d'une ampleur sans comparaison avec ce qui avait été prévu par les sondages. 

Le discours de Ron DeSantis

Lors de son discours de victoire, Ron DeSantis enfonce le clou :

 « La Floride a été le refuge de la raison alors que le monde est devenu fou », « nous avons été la citadelle des libertés pour les citoyens de ce pays  », « nous avons choisi les faits, et non la peur, l'éducation et non l'endoctrinement, la loi et l'ordre et non les émeutes et le désordre », « nous sommes la terre promise pour ceux qui fuient l'autoritarisme de la gauche et le dictat du wokisme », « nous avons non seulement gagné une élection mais nous avons redessiné la carte politique du pays » précise-t-il, alors que la foule amassée scande « 2 années de plus !!! » (en référence au fait qu'il va devoir démissionner dans deux ans de son poste de gouverneur de Floride pour devenir président des États-Unis en 2024...). 

Le discours de Donald Trump

Le camp républicain jubile en ce début de soirée et s'attend à une victoire électorale historique à l'échelle de la nation entière.

C'est à ce moment que Donald Trump prend la parole, depuis sa résidence de Mar-a-Lago (Palm Beach, en Floride) pour commenter des résultats très prometteurs, « des chiffres incroyables », dit-il, se félicitant des premiers scores publiés concernant ses protégés à travers tout le pays.

Le soufflé au fromage se dégonfle

Mais très vite, alors que la soirée avance, on se rend compte que ce raz de marée républicain ne se concrétise pas dans le reste du pays. 

Les républicains limitent la casse dans leurs bastions

Les républicains tiennent le choc dans leurs bastions, avec par exemple la réélection annoncée en fin de soirée des sénateurs sortants Tim Scott en Caroline du Sud (62,9 % des voix), Chuck Grassley dans l'Iowa (56,1 % des voix), Rand Paul dans le Kentucky (61,8 % des voix), John Kennedy en Louisiane (61,6 % des voix), Mike Lee dans l'Utah (53,3 %) ou des nouveaux candidats choisis par Donald Trump comme Katie Britt, première femme sénateur élue en Alabama (66,8 %) ou Eric Schmitt dans le Missouri (55,5 %). 

De même, les gouverneurs sortants républicains de la Géorgie (Brian Kemp) et du Texas (Greg Abbott) gagnent facilement, avec respectivement 53,4 % et 54,8 % des voix, face aux ex-stars montantes démocrates Stacey Abrams et Beto O'Rourke, dont les carrières politiques sont désormais brisées, et ce, en dépit des quelques 200 millions de dollars dépensés en pure perte par le Parti démocrate.

Les républicains échouent dans de nombreux États

Il n'en demeure pas moins qu'il apparaît évident que les républicains ne réussiront pas à subtiliser aux démocrates le poste de gouverneur du Kansas, du Maine, du Michigan, du Nouveau-Mexique, de New York, de l'Oregon ou de la Pennsylvanie.

De même, la perspective d'une large majorité au Sénat s'éloigne lorsque les protégés de Donald Trump, Blake Masters en Arizona, Herschel Walker en Géorgie et Mehmet Oz en Pennsylvanie sont devancés. 

Et les résultats patinent également du côté de la Chambre des représentants. Les premiers dépouillements dans les 435 circonscriptions sont tellement serrés qu'il est impossible de déclarer le vainqueur dans de nombreux cas. 

Un suspense total

À minuit au soir du 8 novembre, le suspense est total. Personne ne peut dire lequel des deux partis aura la majorité au Sénat ou à la Chambre des représentants. 

S'agissant du Sénat, on ne sait pas qui l'emporte notamment en Arizona, en Géorgie, dans le Nevada, en Pennsylvanie ou dans le Wisconsin. 

En fait, la question n'est plus de savoir si les républicains remporteront un record historique de 250 sièges sur 435 à la Chambre des représentants et 54 sièges au Sénat sur 100, mais bien de savoir s'ils remporteront même une majorité dans chacune des deux chambres du Congrès.

Les lendemains qui déchantent – Le second tour en Géorgie

Le lendemain de l'élection, on apprend que le sénateur sortant démocrate de la Géorgie, Raphael Warnock, est arrivé en tête, avec 49,4 % des voix (il devance son concurrent républicain de 52 000 voix, lequel est crédité de 48,5 % des suffrages, un troisième candidat libertaire étant venu troubler la donne avec ses 2,1 %). 

Mais pas de chance pour Warnock, la loi électorale de cet État – très originale aux États-Unis - prévoit qu'il faut obtenir au moins 50 % des voix pour être élu au premier tour. Les deux candidats arrivés en tête sont donc en ballotage. Un second tour (run-off) se tiendra le 6 décembre prochain, dont l'issue est on ne peut plus incertaine.

L'histoire se répète puisque déjà, à la suite des élections présidentielles de novembre 2020, le sort du Sénat s'était joué en janvier 2021 lors d'un double second tour en Géorgie, finalement emporté par les démocrates Ossoff et Warnock, portant à 50 le nombre de sénateurs démocrates à la chambre haute.

La déroute des républicains - l'élection sénatoriale en Pennsylvanie

S'il y avait un poste de sénateur que les républicains étaient certains d'emporter, c'était en Pennsylvanie. John Fetterman, le candidat démocrate, qui a remporté les primaires de son parti au cours de l'été dernier, avait été victime d'une terrible attaque cérébrale trois mois plus tôt. Il ne faisait donc pratiquement pas campagne (sur le modèle de Joe Biden en 2020) et, pour ses rares interviews, il avait besoin d'un ordinateur retranscrivant sur l'écran les questions posées à l'oral par les journalistes. 

Lors du débat télévisé du mois d'octobre contre son opposant républicain, le chirurgien Mehmet Oz, le public a pu découvrir l'ampleur des dégâts. Fetterman commence par « Bonne nuit tout le monde ! » puis peine à formuler ses phrases, fait de longues poses, répète les mêmes phrases, donne des réponses incohérentes... Il est évident que le candidat démocrate n'a plus les facultés intellectuelles nécessaires pour représenter son État au Sénat à Washington DC. Il devrait être en convalescence à l'hôpital.

Qui plus est, son programme est radical : interdiction du gaz de schiste (dans un État où l'économie est très orientée sur les énergies fossiles), libération des prisonniers, y compris les condamnés pour meurtres, libéralisation de toutes les drogues, etc... 

Dans les sondages qui suivent le débat télévisé, Fetterman part en vrille. Mais plus de 600 000 électeurs ont déjà voté, avant même d'avoir vu le débat, ayant profité de la possibilité de voter au cours des 5 semaines précédant le jour de l'élection (early vote). 

Puis, le 9 novembre, le couperet tombe. Fetterman est assuré de l'emporter. Les chiffres définitifs lui donneront 4,6 % d'avance (242 297 voix). Les médias sociaux sont grinçants : « Les démocrates ont élu l'un des leurs, une personne souffrant d'une déficience au cerveau ». La défaite n'en est pas moins cuisante pour le candidat républicain choisi par Donald Trump. 

Cette défaite illustre également le fait que la qualité intrinsèque des candidats n'est plus le vecteur principal de la victoire. Dr Steve Turley, observateur politique en vogue dans les cercles républicains, analyse bien le phénomène lorsqu'il explique : « Les républicains ne perdent pas contre une personne, ils perdent contre un plan, contre une tactique ». 

Par ailleurs, le candidat républicain pour le poste de gouverneur de la Pennsylvanie, Douglas Mastriano, ancien sénateur du Sénat de la Pennsylvanie, qui fut le chef de file de la dénonciation de la fraude électorale qui aurait marqué les élections de novembre 2020 dans son État, se fait écraser par son opposant démocrate. Le protégé de Donald Trump n'obtient que 41,9 % des voix.

« C'est un désastre absolu »

« Nous avons la pire inflation en 40 ans, la pire perte de salaires réels en 40 ans, la pire vague de crime depuis les années 1990, la pire crise à la frontière sud de l'histoire du pays, Joe Biden est le président le moins populaire depuis Harry Truman et nous n'avons pas de vague rouge. Les électeurs ont vu tout cela, ils ont évalué l'alternative républicaine et ont dit 'non merci'. C'est un désastre absolu pour le Parti républicain » (Marc Thiessen – ancien rédacteur des discours de Trump).

De rares consolations

Consolation pour les républicains, Ted Budd emporte l'élection sénatoriale, de justesse, en Caroline du Nord, avec 50,7 % des voix ainsi que JD Vance dans l'Ohio, avec 53,3 % des voix et Ron Johnson dans le Wisconsin, avec 50,5 % des voix. 

À ce stade, pour obtenir la majorité de 51 sièges au Sénat, les républicains doivent l'emporter à la fois dans le Nevada (où leur candidat Adam Laxalt est largement en tête alors que 77 % des bulletins ont été dépouillés) et en Géorgie lors du second tour le 6 décembre prochain.

Mais on comprend en fait à ce moment que la partie est perdue d'avance pour les républicains.

La machine démocrate à faire voter les électeurs récalcitrants

Depuis le déroulement des élections présidentielles du mois de novembre 2020, tenues dans le contexte de la crise sanitaire du Covid, les démocrates ont en effet mis au point une véritable machine à faire voter des électeurs récalcitrants, c'est-à-dire ceux qui, jusqu'à présent, n'étaient pas suffisamment motivés pour se déplacer dans un bureau de vote le jour de l'élection (dans leur jargon, ce sont des « low propensity voters »).

Sous le slogan « Get out the vote », l'idée est de permettre aux électeurs de voter (pour les démocrates bien sûr) sans devoir dévoiler leur identité, de préférence depuis leur domicile.

À cet effet, les démocrates ont adapté les lois électorales des États clefs qu'ils contrôlent en instaurant la combinaison redoutable suivante :

1) L'absence de contrôle de l'identité des électeurs, en interdisant aux bureaux de vote d'exiger des électeurs qui se rendent aux urnes (ou qui souhaitent voter par correspondance) de produire une carte d'identité ou un passeport (photo ID). Il suffit à l'électeur de renvoyer son bulletin en le signant ou de se rendre au bureau de vote, de donner son nom. Cela suffit pour voter dès lors que le nom est inscrit sur la liste électorale. L'électeur doit alors signer le registre à côté de son nom, le contrôle se faisant alors uniquement sur la base de la coïncidence de sa signature avec celle enregistrée sur la liste électorale (dans certains États, la signature enregistrée est même visible et il s'agit tout simplement de signer à côté de la signature enregistrée !).

2) La période du early voting, pouvant aller jusqu'à 5 semaines précédant le jour de l'élection, pendant laquelle les électeurs peuvent envoyer un bulletin par correspondance ou se rendre en personne dans un bureau de vote pour voter en avance.

3) Le vote par correspondance universel (universal mail in ballot), un bulletin étant envoyé de façon automatique au domicile des électeurs, ceux-ci pouvant le renvoyer par la poste au bureau de vote, voire le déposer dans des boîtes aux lettres réservées aux bulletins (ballot drop boxes), installées dans les quartiers et qui sont vidées à intervalles réguliers par des employés municipaux.

4) La collecte des bulletins (ballot harvesting), autorisant un tiers (par exemple des cadres d'un parti politique) à rendre visite aux électeurs à leur domicile pour les inciter à voter, remplir leur bulletin à leur place et, une fois signés par les électeurs, les envoyer/déposer ensuite en leur nom au bureau de vote ou dans une ballot drop box

5) Le système de l'adjudication (ballot adjudication), qui permet aux responsables des bureaux de vote de comptabiliser, pour un parti ou pour un autre, des bulletins par correspondances incomplets ou viciés (spoiled ballots), au lieu de les rejeter (lorsqu'ils n'ont pas été acceptés par les machines de tabulation). Les employés des bureaux de vote doivent déterminer l'intention de l'électeur pour procéder à ces corrections.

6) La « cure » des bulletins par correspondance viciés, d'après laquelle les bureaux de vote, au lieu de refuser de comptabiliser les bulletins défectueux (par exemple ceux reçus sans la signature de l'électeur ou avec une signature ne coïncidant pas avec celle enregistrée), ont l'obligation de contacter les électeurs afin qu'ils viennent corriger les défauts de leur bulletin, et ce, pendant un délai pouvant aller jusqu'à 7 jours après le jour de l'élection.

Ces nouvelles règles d'un autre temps, qui font froid dans le dos et qui bien évidemment seraient parfaitement illégales en France, ont deux effets immédiats. 

Elles empêchent de connaître les résultats le soir même des élections dans les États démocrates et surtout elles ouvrent la porte à la fraude, comme le fait remarquer Sky News : « On montre du doigt les 'election deniers' (NDLR ceux qui dénoncent la fraude électorale) mais dans ce contexte, il faut comprendre les suspicions ». 

Des bulletins qui arrivent après le jour de l'élection

Dans les États démocrates qui ont instauré le suffrage universel par correspondance, il est impossible d'annoncer les résultats le soir même des élections, comme ce fut fait par exemple en Floride qui a pu compter ses 7,5 millions de bulletins en 5 heures. En effet, les bureaux de vote doivent attendre l'arrivée par la poste des bulletins, qui ont pu être envoyés par les électeurs le jour même de l'élection. La loi dans ces États autorise la prise en compte de ces bulletins parvenus aux bureaux de vote jusqu'à 4 jours après l'élection.

En Arizona et dans le Nevada notamment, ce sont des dizaines de milliers de nouveaux bulletins qui sont arrivés après le jour de l'élection pour s'ajouter aux bulletins déposés par les électeurs au cours des 5 semaines ayant précédé le jour de l'élection et aux bulletins déposés dans les urnes par les électeurs le jour même de l'élection. 

Le pays tenu en haleine

C'est la raison pour laquelle le jeudi soir, c'est-à-dire 2 jours après les élections, les résultats de 33 élections de représentants, notamment en Arizona, en Californie, dans le Nevada, à New York et dans quelques autres États ainsi que les résultats des élections sénatoriales en Arizona et dans le Nevada n'étaient toujours pas connus, tenant le pays en haleine pour savoir quel parti aura la majorité à la Chambre des représentants et au Sénat. 

En Arizona, il restait encore à compter 650 000 bulletins par correspondance (sur un total de 2,5 millions d'électeurs). Et dans le Nevada, il restait encore 120 000 bulletins par correspondance à dépouiller en provenance de quelque 300 boîtes aux bulletins réparties dans le comté de Clarke (Las Vegas). 

Une crise constitutionnelle

Certains observateurs y voient une crise constitutionnelle lorsque la moitié des États (les États républicains) annoncent les résultats d'une élection nationale le soir même alors que l'autre moitié (les États démocrates) fait attendre le pays pendant une semaine. 

Il faudra attendre le 11 novembre pour que soit officiellement annoncée la victoire à l'élection sénatoriale en Arizona de Mark Kelly, le démocrate sortant, remportant 51,4 % des voix. Le dernier espoir des républicains pour obtenir la majorité au Sénat repose alors sur les épaules d'Adam Laxalt, leur candidat dans l'État voisin du Nevada.

Élection sénatoriale dans le Nevada - La lente agonie du candidat républicain Adam Laxalt

L'exemple de la descente aux enfers subie dans le Nevada par le candidat républicain au Sénat illustre parfaitement le mécanisme des nouvelles règles électorales. Au soir de l'élection, Adam Laxalt possède plus de 22 500 voix d'avance. En Floride, où toutes les mesures précitées sont prohibées, Adam Laxalt aurait donc emporté le siège de sénateur. 

Mais c'est sans compter sur le fait que de nombreux bulletins par correspondance doivent faire l'objet d'une "cure". Par ailleurs, doivent être comptabilisés les bulletins par correspondance arrivés au cours des 4 jours suivants le jour de l'élection. Rapidement, son avance de 22 500 voix se réduit à peau de chagrin, passant à 15 000 le 9 novembre, puis à 9 000 le 10 novembre, puis à 892 voix le 11 novembre, son concurrent démocrate obtenant en moyenne 60 % de ces bulletins de la dernière heure. Le samedi 12 novembre au soir, il est alors officiellement annoncé que le candidat démocrate emporte le siège de sénateur avec 9 007 voix d'avance sur son opposant républicain. 

Le Parti démocrate conserve la majorité au Sénat

Avec cette victoire dans le Nevada, le Parti démocrate conserve la majorité au Sénat, avec 50 sénateurs (plus la voix de Kamala Harris pour départager un blocage en cas d'égalité), voire 51 sénateurs si le parti emporte le second tour en Géorgie le 6 décembre prochain. 

On soulignera que le Parti démocrate aura dépensé deux fois plus que les Républicains pour financer l'ensemble des élections sénatoriales (370 M$ contre 190 M$ pour les républicains), le président de la minorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, ayant montré peu d'entrain à soutenir financièrement certains MAGA candidates jugés trop proches de Trump, comme Masters en Arizona (10 M$ contre 30 M$ dépensés par son concurrent démocrate), Walker en Géorgie (40 M$ contre 72 M$), Bolduc dans le New Hampshire (2 M$ contre 26 M$), ou Oz en Pennsylvanie (35 M$ contre 65 M$ dépensés par Fetterman).

Le plan machiavélique des républicains pour reprendre la majorité au Sénat

En réponse, la stratégie des républicains est simple : remporter le second tour de l'élection sénatoriale en Géorgie afin de garantir 50 sénateurs républicains puis soudoyer le sénateur démocrate Joe Manchin, élu de la Virginie-Occidentale pour qu'il rejoigne le parti conservateur, donnant alors une majorité de 51 sénateurs républicains contre 49 sénateurs démocrates.

Joe Manchin a été élu au Sénat en 2018 sous l'étiquette démocrate, dans un État très à droite, qui a voté majoritairement pour Trump en 2016 (68,5 % des voix) et en 2020 (68,6 %). Il sait qu'il risque gros s'il vote en faveur du programme législatif délirant de Joe Biden. Le Parti démocrate ne comptant que 50 sénateurs depuis novembre 2020, Manchin a donc pu à lui tout seul faire dérailler les réformes les plus importantes proposées par la Maison-Blanche au cours des deux années écoulées. Notamment, il a pu bloquer l'adoption de la Build Back Better Bill de Joe Biden (voir nos articles « La Constitution américaine vient de sauver la République » du 29 décembre 2021 et « Deux sénateurs démocrates empêchent un coup d'État » du 25 janvier 2022).

Le contrat proposé à Joe Manchin par Mitch McConnell est le suivant : en échange de son ralliement au Parti républicain dès à présent, le parti ne lui opposera pas de candidat lorsque Joe Manchin se présentera à sa réélection en 2024. S'il refuse, Joe Manchin a toutes les chances de perdre en 2024 face à un concurrent républicain qui bénéficiera de tous les moyens nécessaires. 

La porte ouverte aux irrégularités

Il va de soi que cette combinaison de nouvelles règles électorales constitue une véritable invitation, voire incitation, à la fraude électorale organisée. 

Quid par exemple si les listes électorales ne sont pas régulièrement mises à jour, de telle sorte que les noms des électeurs décédés ou ayant déménagé restent inscrits dans la liste. Il est alors possible à n'importe qui ayant connaissance de ces noms d'aller voter à leur place.

Quid des cas d'intimidations d'électeurs qui seraient contraints de remplir un bulletin de vote par un tiers qui se propose de collecter les bulletins ? Quid du cas où ce tiers rémunère les bulletins collectés auprès des électeurs ? Quid des conditions dans lesquelles la vérification de la conformité des signatures, les adjudications et les « cures » sont effectuées ?

Cerise sur le gâteau, en Arizona, Cathy Hobbs, la candidate démocrate pour le poste de gouverneur, n'est autre que le Secretary of State sortant de l'Arizona, élue à ce poste en 2018, c'est-à-dire la personne directement chargée de l'organisation et du contrôle des élections dans son État... Le conflit d'intérêt était flagrant. 

Pourtant, en dépit des demandes des républicains, elle n'a pas cru bon de se désister de ses fonctions de supervision des élections. Sa propre victoire contre la protégée de Donald Trump, Kari Lake, sera finalement annoncée après un suspense tendu d'une semaine. Donald Trump s'empressa d'ailleurs de dénoncer la fraude, déclarant que cette élection du gouverneur de l'Arizona avait été « volée ».

Dick Morris, ancien conseiller de Bill Clinton, résume bien la situation (le 15 novembre) : « La défaite des républicains en Arizona peut être attribuée en partie aux efforts des démocrates de suppression des électeurs. Ce qu'ils ont fait, c'est encourager tous leurs électeurs à voter en avance, si bien que la plupart des électeurs démocrates avaient voté avant le jour de l'élection. Ensuite, au jour de l'élection, mystérieusement, les machines n'avaient plus d'encre pour imprimer les bulletins, les machines de tabulations étaient défectueuses, et les files d'attente devenaient énormes, créant 2 à 3 heures de queue. Comme les démocrates avaient déjà voté, ces queues avaient pour objectif de supprimer le vote des républicains. De nombreux électeurs ont dû partir, ce qui a coûté aux républicains des milliers de voix. Et bien évidemment, la personne chargée d'organiser le vote le jour de l'élection était elle-même candidate au poste de gouverneur. Cette stratégie des démocrates a capitalisé sur le fait que le Parti républicain n'a fait aucun effort pour encourager ses propres électeurs à voter en avance, ce qui l'a rendu vulnérable ».

8 jours pour connaître le résultat de la Chambre des représentants

Le dimanche 13 novembre, on attendait encore les résultats de 20 circonscriptions, principalement situées en Arizona, en Californie, dans le Colorado, dans le Maine, à New York et dans l'Oregon. 

Le mardi 15 novembre, c'est-à-dire une semaine après le jour de l'élection, le Dr Steve Turley pose la question : « Eh bien, qui va obtenir le contrôle de la Chambre des représentants alors que notre système électoral digne d'une République bananière du tiers monde continue de constituer un embarras devant les yeux du reste du monde ? »

Il faudra attendre le lendemain, le mercredi 16 novembre au soir, pour enfin connaître officiellement les résultats de la Chambre des représentants, ou plus précisément pour apprendre que les républicains ont atteint le chiffre magique de 218 représentants après leur victoire dans les 1ière et 6e circonscriptions de l'Arizona, les 3e, 27e, 41e et 45e en Californie, la 22e de New York et la 5e de l'Oregon. 

Il reste encore 8 circonscriptions en jeu, dont la 3e du Colorado où la candidate très MAGA Lauren Boebert, arrivée en tête avec 1 200 voix d'avance, risque d'être victime de la « cure ». 

Certains sièges ont été emportés sur le fil du rasoir par les candidats républicains, comme dans la 17e de New York, avec seulement 2 314 voix d'avance. Cette victoire est particulière puisqu'elle a vu le candidat républicain Mike Lawler prendre le dessus sur Sean Patrick Maloney, qui était le directeur de campagne du Parti démocrate pour ces élections de mi-mandat ! C'est la première fois depuis 1981 qu'un républicain remporte ce siège.

Pour ces élections à la Chambre des représentants, les républicains font un carton plein dans le Dakota du Nord (1/1), dans le Dakota du Sud (1/1), dans le Wyoming (1/1), dans l'Idaho (2/2), dans le Montana (2/2), en Virginie-Occidentale (2/2), dans le Nebraska (3/3), dans l'Iowa (4/4), dans l'Arkansas (4/4), dans l'Utah (4/4) et dans l'Oklahoma (5/5). 

Et quasiment un carton plein dans le Kansas (3/4), dans le Mississippi (3/4), dans le Kentucky (5/6), en Louisiane (5/6), dans l'Alabama (6/7), en Caroline du Sud (6/7), dans le Tennessee (8/9), et dans l'Indiana (7/9), ou encore dans le Wisconsin (6/8). 

En Arizona, ils emportent 6 des 9 circonscriptions, contrastant avec l'échec de l'élection sénatoriale et du gouverneur. 

De leur côté, les démocrates ont fait un carton plein dans le Delaware (1/1), dans le Vermont (1/1), à Hawaï (2/2), dans le Maine (2/2), dans le New Hampshire (2/2), à Rhodes Island (2/2), dans le Connecticut (5/5) et dans le Massachusetts (9/9). 

Mais au total, les démocrates ont accusé à ce jour une perte nette de 6 sièges, ce qui était suffisant pour leur faire perdre la majorité compte tenu de l'étroite majorité qu'ils détenaient à la chambre basse depuis 2020. 

Une majorité historiquement étroite pour les républicains à la Chambre des représentants

Cette majorité, aussi étroite qu'elle sera in fine, est essentiellement due aux bons scores des républicains en Floride (4 sièges emportés de plus qu'en 2020) et dans l'État de New York (+ 3 sièges). 

Avec une majorité de seulement quelques sièges à la chambre basse, il suffira qu'une poignée de RINOs (Republican In Name Only) votent avec le bloc démocrate pour empêcher l'adoption de textes par la nouvelle majorité républicaine ou la création d'une commission d'enquêtes (oversight committee).

Le Parti républicain dévoile d'ailleurs aussitôt ses divisions sur les futures enquêtes parlementaires pouvant déboucher sur d'éventuelles procédures d'impeachment à l'encontre de Joe Biden et/ou de certains membres de son gouvernement. Certains jeunes élus veulent tourner la page (« Nous n'avons pas été élus pour cela », chantent-ils en chœur) alors que d'autres, plus chevronnés, insistent sur l'importance d'informer le public des potentielles malversations de la famille Biden, fortement soupçonnée de trafic d'influence.

Un Parti républicain dépassé par les événements

Manifestement, le Parti républicain n'a pas compris la leçon du fiasco de 2020 tant il est évident que pour ces élections de 2022, il n'avait strictement rien prévu pour « exploiter » à son profit les nouvelles règles du jeu électoral. 

Les électeurs républicains étaient tout simplement sommés de voter le jour de l'élection. Les caciques du parti pensaient sans doute que la « vague rouge » allait emporter avec elle les early votes et les mail in ballots démocrates. Il n'en fut rien. C'est même l'inverse qui s'est produit. 

« La première explication des résultats de ces élections est la parfaite maîtrise par les démocrates des bulletins par correspondance, de la collecte des bulletins et de la machinerie des votes en avance. Les républicains pensaient gagner au mérite, mais cela n'a pas suffi », explique le 14 novembre Stephen Miller, ancien conseiller de la Maison-Blanche.

Il est donc grand temps désormais pour le Parti républicain, qui n'a pas gagné une élection depuis 6 ans, de mettre en place sa propre stratégie, notamment en matière de collecte de bulletins auprès de son électorat potentiel afin de battre les démocrates à leur propre jeu, par exemple en installant des ballot drop boxes et des centres électoraux dans les églises et dans les maisons de retraite ou dans les zones rurales pour aider les personnes âgées ou isolées à remplir leurs bulletins, comme a commencé à le faire avec succès le Parti républicain en Californie.

Les républicains remportent le vote populaire

S'agissant des élections des membres de la Chambre des représentants, on notera toutefois que le GOP (Grand Old Party) a remporté le vote populaire avec 53,4 millions de voix, ce qui correspond à 4 % d'avance (51,2 % contre 47,3 % pour les démocrates, soit une avance de 4,6 millions de voix), ce qui est conforme aux prédictions des sondages. Cela correspond à une progression historique de 7 % par rapport aux précédentes élections à la Chambre des représentants de novembre 2020 où les républicains avaient obtenu 3 % de voix de moins que les candidats démocrates. 

« Le pays a connu une vague rouge après tout », titre le journal Just the News le 11 novembre, mais cela ne s'est pas traduit par des sénateurs ou des représentants élus. 

Par comparaison, lors des premières élections de mi-mandat de Barack Obama en novembre 2010 (alors qu'Obama était tout aussi impopulaire que Biden aujourd'hui), les républicains obtinrent 51,4 % des voix (44,5 millions), mais à l'époque, cela s'était traduit par un gain de 63 sièges à la Chambre des représentants !  

« Il y a eu une vague républicaine, mais elle fut régionale, en Floride, au Texas et dans une certaine mesure en Californie et à New York, c'est-à-dire dans des États très à droite ou très à gauche. Mais pas dans les Swing States », analyse le responsable du site d'analyse politique Red Eagle le 12 novembre. 

Des interrogations persistent

« C'est curieux, à chaque fois qu'il y a un retard dans le dépouillement des bulletins et dans l'annonce des résultats, le résultat est toujours en faveur des démocrates. Les républicains gagnent les élections là où le vote par correspondance n'existe pas et ils sont confrontés à un mur là où le vote par correspondance universel a été instauré comme dans le Nevada ou en Pennsylvanie, là où des bulletins continuent à apparaître après le jour de l'élection », note Tucker Carlson (Fox News, le 10 novembre).

Mark Mitchell, le président de l'institut de sondage Rasmussen Reports, renchérit (interview « Post election wrap-up » du 10 novembre) : « En Pennsylvanie, presque tous les électeurs indécis ont voté pour Shapiro (NDLR : le candidat démocrate pour le poste de gouverneur) alors que beaucoup d'entre eux ont voté pour Oz (NDLR : le candidat républicain pour le Sénat). Cela constitue une différence extrême de vote qui défie vraiment l'entendement. Alors personnellement, je regarderais du côté des irrégularités des élections dans cet État. Idem en Géorgie, où Walker (NDLR : le candidat républicain pour le Sénat) a sous-performé par rapport à Kemp (NDLR : le candidat républicain pour le poste de gouverneur). Notre sondage s'est trompé de 6 % sur Walker. Le différentiel de vote nécessaire pour obtenir ces résultats est tout simplement stupéfiant ».

Il poursuit : « C'est surtout étonnant, car lorsque notre institut a demandé aux électeurs pour qui ils voteraient si se tenaient aujourd'hui des élections présidentielles Joe Biden contre Donald Trump, Trump l'emporte avec + 8 % en Géorgie, + 12 % dans le Nevada, + 7 % en Pennsylvanie. En Arizona, Trump obtient 13 % de plus que Blake Master (NDLR : le candidat républicain au Sénat) et 11 % de plus que Kari Lake » (NDLR : la candidate républicaine au poste de gouverneur). 

Par exemple, de nombreux commentateurs observent qu'en Arizona, Kimberley Lee, la candidate républicaine, a emporté le poste de Trésorier de l'État avec presque 1,4 million de voix, ce qui est beaucoup plus que les voix obtenues par les candidats républicains pour le Sénat et le poste de gouverneur (environ 1,2 million de voix). C'est même plus que les voix obtenues par les candidats démocrates au Sénat et au gouverneur qui ont gagné, avec chacun environ 1,3 million de voix ! Là encore, le phénomène de « ticket splitting » est inexplicable pour bien des observateurs. 

Une majorité d'Américains pense que le vote par correspondance universel favorise la fraude

Charlie Hunt, journaliste au Washington Times, commentait le 15 novembre : « À l'évidence, c'est un désastre, une semaine après l'élection, on ne connaît toujours pas les résultats. Le problème est qu'on vote toujours avec les règles de la crise du Covid où on a remplacé le jour de l'élection par plusieurs semaines de l'élection, ce qui, bien évidemment, suscite de réels problèmes en termes de crédibilité des élections et génère des résultats faux. Tout le monde pense que le jeu est truqué, qu'il y a de la fraude. Mais c'est impossible à prouver ! »

D'après un sondage de Rasmussen des 8 et 9 novembre 2022, 57 % des électeurs (79 % des républicains, 40 % des démocrates et 50 % des indécis) pensent qu'il est probable ou très probable que certains résultats de ces élections de mi-mandat ont été marqués par de la fraude (contre 40 % qui pensent le contraire) et 51 % estiment que la fraude est facilitée par le recours aux bulletins par correspondance.

Conclusion

Au cours de ces élections de mi-mandat, alors que l'économie est sous tension, que 81 % de la population américaine pense que le pays va dans la mauvaise direction (sondage Gallup du 7 novembre 2022) et que Joe Biden est au plus bas dans les sondages de popularité, pas un seul sénateur ou gouverneur sortant démocrate n'a perdu. Qui plus est, John Fetterman, le candidat démocrate diminué intellectuellement, a facilement remporté l'élection sénatoriale en Pennsylvanie. En réalité, seuls les électeurs de Floride ont manifesté leur mécontentement dans les urnes.  

Joe Biden, le président le plus impopulaire de l'histoire des États-Unis, aura donc réussi l'exploit de gagner les élections de mi-mandat, là où ses prédécesseurs démocrates Bill Clinton et Barack Obama ont lamentablement échoué.

 

Correspondant de FranceSoir aux États-Unis, Anthony Lacoudre est avocat fiscaliste basé à New York et également professeur de droit fiscal international.

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