Gaza : Tsahal entre à Rafah, Joe Biden menace Israël, les pourparlers entre Tel Aviv et le Hamas reprennent

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France-Soir
Publié le 10 mai 2024 - 09:03
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La tant appréhendée opération terrestre à Rafah se concrétise
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La tant appréhendée opération terrestre à Rafah se concrétise. L’armée israélienne bombarde toujours cette ville du sud de Gaza et y mène depuis lundi dernier des incursions, dans le cadre d’une “opération antiterroriste”. Selon l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), environ 80 000 personnes ont déjà fui Rafah. Le ministère de la Santé gazaoui a annoncé jeudi 09 mai 2024 un bilan de 34 904 morts depuis le 07 octobre tandis que l’ONU alerte contre la fermeture de point de passage et ses conséquences sur l’approvisionnement en nourriture et en fioul pour les hôpitaux. Les incursions israéliennes interviennent après la reprise des pourparlers entre Tel Aviv et le Hamas et suscitent l’inquiétude de Joe Biden qui conditionne son aide à Israël.  

Les forces israéliennes sont entrées dans Rafah 

Lundi, l’armée de Tsahal a déployé des chars dans Rafah, ville de Gaza bombardée sans cesse depuis des semaines, où se réfugient environ 1,5 million de personnes depuis le début de la guerre dans l’enclave palestinienne. Ses forces affirment y mener une “opération antiterroriste”, à travers des incursions qui ciblent “certaines zones spécifiques”, à savoir des “positions du Hamas”. L’armée israélienne a pris le contrôle du passage frontalier avec l’Egypte, fermant deux principaux points d’accès à l’aide humanitaire, c’est-à-dire ceux de Rafah et de Kerem Shalom.  

Les Palestiniens réfugiés dans cette ville du sud ont été sommés d’évacuer les lieux vers une zone côtière, située un peu plus au nord. Mercredi, de nouveaux bombardements ont visé Gaza. Le dernier hôpital encore en activité à Rafah a indiqué recevoir "des dizaines de morts" et "des blessés en continu". L’établissement dit craindre "un désastre sanitaire important en raison du bombardement intense d'Israël" et des tirs d’artillerie, selon l’ONU. 

Les Nations Unies s’alarment également après la fermeture du point de passage de Rafah, qui “aggrave les conditions de vie” à Gaza. L'ONU a affirmé ne plus disposer que d'un jour de réserves de fioul pour ses opérations humanitaires. L’OMS a souligné qu'il ne restait que "trois jours de carburant" aux hôpitaux du sud de Gaza, "ce qui signifie qu'ils pourraient bientôt cesser de fonctionner. L’autre agence onusienne, l’UNRWA, dénombre environ 80 000 personnes déplacées depuis lundi, en raison des incursions israéliennes.  

Jeudi, le ministère de la Santé du Hamas a annoncé un nouveau bilan de 34 904 morts dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre le 7 octobre dernier. Au moins 60 morts supplémentaires ont été recensés en 24 heures, selon un communiqué du ministère qui fait état de 78 514 blessés en sept mois de guerre. 

Le gouvernement du Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, a également communiqué sur la découverte d’une troisième fosse commune du complexe hospitalier Chifa, théâtre des semaines auparavant d’une opération israélienne. Quarante-neuf corps ont jusque-là été extraits de cette nouvelle fosse commune.  

Washington conditionne la livraison d’armes à Israel 

Le déploiement des chars israéliens et son opération à Rafah a suscité une vive réaction à l’international. Washington, fidèle allié de Tel Aviv, a haussé le ton. Le président Joe Biden a conditionné jeudi matin son aide à Israël : les États-Unis ne livreront pas certaines armes en cas d’offensive majeure contre cette ville gazaouie, a-t-il affirmé, reconnaissant la mort de civils à cause de bombes américaines. “C’est mal”.  

La veille, l’administration Biden avait déjà annoncé la suspension de la livraison la semaine passée d’une cargaison de bombes, en raison du mutisme d'Israël face aux “inquiétudes” de l’Oncle Sam. "Nous avons suspendu la livraison d'une cargaison d'armes la semaine dernière. Elle se compose de 1.800 bombes de 2.000 livres (907 kg) et de 1.700 bombes de 500 livres (226 kg)", a déclaré un haut responsable de l'administration du président américain Joe Biden sous le couvert de l'anonymat. "Nous n'avons pas pris de décision définitive sur la façon de procéder concernant cette expédition", a-t-il précisé. 

La déclaration de Biden à CNN a fait réagir l'ambassadeur d'Israël à l'ONU, qui juge "difficile à entendre et très décevante" la menace du président américain. "Il est assez clair que n'importe quelle pression sur Israël, n'importe quelle restriction qui lui est imposée, même de la part d'alliés proches soucieux de nos intérêts, est interprétée par nos ennemis" et "leur donne espoir", a estimé Gilad Erdan. 

Les pourparlers reprennent au Caire 

Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a regretté que “l’offensive terrestre contre Rafah [ait] repris, malgré les appels de la communauté internationale. Les États-Unis, les États membres de l’UE, tout le monde, demande au Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou de ne pas attaquer Rafah”. “Je crains que cela ne fasse à nouveau de nombreuses victimes, des victimes civiles, malgré ce qu’ils [Israël] prétendent”, a-t-il ajouté. 

Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, qui a exprimé dernièrement sa décision de reconnaître l’État palestinien, a déclaré que “la communauté internationale ne peut pas rester passive face à cette tragédie” et qu’une telle offensive aggraverait les souffrances “déjà endurées par le peuple palestinien”. La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a pour sa part rappelé que le million de personnes réfugiées dans la zone ne peut pas “simplement s’évanouir dans la nature”. “Elles ont besoin de protection. Elles ont besoin de toute urgence d’une aide humanitaire supplémentaire. Pour ce faire, les points de passage de Rafah et de Kerem Shalom doivent être rouverts immédiatement”, a-t-elle indiqué, sans dénoncer les opérations israéliennes.  

Alors que le Hamas, sous les sommations américaines, a fini par donner l’attendue réponse favorable à une proposition de trêve formulée par l’Égypte et le Qatar, c’est finalement Benjamin Netanyahou qui l’a rejetée. Le bureau du Premier ministre a déclaré que cette proposition est “loin des exigences israéliennes” et que le cabinet de guerre a décidé “à l’unanimité” de poursuivre «”l’opération à Rafah afin d’exercer une pression militaire sur le Hamas dans le but de progresser vers la libération des otages et l’atteinte d’autres objectifs de la guerre”. 

Les négociations indirectes ont repris depuis mercredi au Caire “en présence de toutes les parties” pour tenter de parvenir à un compromis sur une trêve et éviter cet assaut. Nétanyahou rencontrait au même moment à Jérusalem le directeur de la CIA, William Burns, pour discuter d'une possible "pause" dans les opérations militaires en échange de la libération d'otages 

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