Moscou annonce des exercices nucléaires près de l’Ukraine, sur fond de convocations des ambassadeurs français et britannique
La Russie hausse le ton. Face à la persistance des Occidentaux à doter Kiev d’armes capables d’atteindre le territoire russe et leurs “déclarations belliqueuses”, Moscou a annoncé lundi 06 mai 2024 la tenue prochaine d’exercices nucléaires près de l’Ukraine. Cette annonce intervient la veille de l’investiture de Vladimir Poutine pour un cinquième mandat non consécutif à la tête de son pays, après un quatrième mandat marqué par l’invasion de l’Ukraine et la menace de recourir à l’arme nucléaire en cas d’intervention occidentale sur le front. A ce propos, Moscou a affirmé son intention de frapper des “cibles britanniques” si jamais les missiles de longues portées fournis par Londres à Kiev atteignent le territoire russe.
Le chef du Kremlin a profité hier mardi de son discours d’investiture pour tracer les grandes lignes de son nouveau mandat, le cinquième depuis 2000 : poursuivre cette confrontation, jusque-là indirecte, avec l’OTAN. Vladimir Poutine a dénoncé la “politique d’agression” de l’alliance transatlantique, qui n’empêchera pas la Russie de “devenir encore plus forte”. “Ensemble, nous vaincrons”, a-t-il affirmé. Quant à son bilan, il a particulièrement insisté sur les “terres historiques” de la Russie, qui “ont défendu le droit de rejoindre leur patrie”.
Moscou dénonce des déclarations “belliqueuses”
Ces déclarations font référence aux territoires ukrainiens annexés par Moscou et interviennent dans un contexte marqué par une percée, ces derniers mois sur le front, des troupes russes, qui ont tiré profit d’un essoufflement de l’aide occidentale. Celle-ci s’est ressaisie dernièrement avec une reprise des aides financières et militaires, auxquelles s’ajoutent des déclarations que le Kremlin a qualifié, lundi, de “belliqueuses”.
Pour Dmitri Peskov, porte-parole du gouvernement russe, il s’agit essentiellement de celles qui évoquent l’envoi des contingents armés en Ukraine, c’est-à-dire placer des soldats de l’Otan face à l’armée russe”. Il a nommément critiqué Emmanuel Macron et sa “rhétorique très dangereuse”, tout comme celle des dirigeants britanniques et américains.
Le président français défend depuis plusieurs semaines la possibilité d'envoyer des troupes occidentales au sol en Ukraine, en réponse à une percée de Moscou. Cette idée, exprimée déjà en février, a de nouveau été abordée la semaine dernière, malgré la désapprobation des alliés de la France. "Si les Russes devaient aller percer les lignes de front, s'il y avait une demande ukrainienne – ce qui n’est pas le cas aujourd'hui – on devrait légitimement se poser la question", a-t-il indiqué, estimant qu’écarter “a priori” une telle possibilité “c’est de ne pas tirer les enseignements des deux dernières années".
Cette question, tout comme le transfert d’équipements militaires comme les chars et les avions vers Kiev ou encore le discours ambiant en Europe appelant à se préparer à un conflit direct avec la Russie, suscite l’ire de celle-ci. Vladimir Poutine, avait déjà annoncé en février dernier la sortie de son pays de l’accord de désarmement nucléaire New START (Strategic Arms Reduction Treaty - Traité sur la réduction des armements stratégiques) passé en 2010 avec les États-Unis.
A peine deux mois plus tard, lundi 06 mai, Moscou annonce la tenue prochaine d'exercices nucléaires près de l'Ukraine, annonce faite par le ministère russe de la Défense, qui ne précise pas encore la date et le lieu de leur tenue. Ces exercices doivent permettre à l'armée russe de "s'entraîner à la préparation et à l'utilisation d'armes nucléaires non stratégiques, créées pour être utilisées sur le champ de bataille.
Le nucléaire comme réponse aux armes “conventionnelles”
L’aviation, la marine et les forces terrestres russes du district militaire Sud, basé tout près de l’Ukraine et couvrant des régions ukrainiennes annexées par Moscou, seront impliqués dans ces exercices, dont le nombre de militaires et d’équipements mobilisés n’a également pas été révélé. La Défense russe insiste sur le caractère “strictement défensif” d’un recours à l’arme atomique, c’est-à-dire “en cas d’agression avec des armes” non pas nucléaires mais “conventionnelles”, qui menaceraient “l'existence même de l’État”.
Le Kremlin a par la même occasion averti Londres, menaçant de frapper ses cibles en Ukraine “et au-delà” si Kiev utilisait des armes britanniques pour atteindre le territoire russe. L’ambassadeur britannique Nigel Casey a été convoqué lundi après des déclarations de David Cameron, chef de la diplomatie britannique, "sur le droit de l'Ukraine à frapper le territoire de la Russie à l'aide d'armes britanniques".
"Nigel Casey a été prévenu que n'importe quelle installation militaire ou équipement britannique en Ukraine et au-delà de ses frontières pourrait être pris pour cible en riposte à des frappes ukrainiennes avec des armements britanniques sur le territoire russe", a réagi le ministère russe dans ce communiqué.
Si Washington affirme n’avoir observé “aucun changement” sur le positionnement “des forces stratégiques” russes, le Pentagone, par la voix de son porte-parole, Pat Ryder, a dénoncé une “rhétorique irresponsable que nous avons vue de la part de la Russie par le passé. C'est totalement inapproprié compte tenu de la situation sécuritaire actuelle".
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