Joe Biden humilié par une "Let's Go Brandon election"
CHRONIQUE - Mardi 2 novembre aux États-Unis, se déroulaient deux élections de gouverneurs, l'une en Virginie et l'autre dans le New Jersey, ces deux États ayant choisi d'organiser l'élection de leurs gouverneurs en décalage d'un an par rapport à l'élection présidentielle - se sont également déroulées, entre autres, l'élection du maire de New York City, de Boston, d'un juge à la Cour suprême de Pennsylvanie, de ministres de la Justice de certains États, etc.
Un novice républicain met à terre l'establishment démocrate
C'est un véritable déluge qui s'est abattu sur le parti démocrate. Terry McAuliffe, leur candidat au poste de gouverneur de l'État de Virginie, proche des Clinton, ancien gouverneur de l'État de Virginie entre 2013 et 2017, donné largement gagnant par les instituts de sondage (en tout cas au départ, avant de dévisser lentement mais sûrement) est sèchement battu par le candidat républicain, Glenn Youngkin.
Ce dernier remporte l'élection avec environ 2,5 % des voix d'avance, dans un État emporté avec 10 points d'avance par Joe Biden à l'élection présidentielle de novembre 2020. En 2013, McAuliffe avait lui-même facilement emporté l'élection alors que son successeur démocrate, Ralph Northam (la constitution de la Virginie interdisant à un gouverneur de briguer deux mandats successifs) avait obtenu 53 % des voix en 2017.
Glenn Youngkin, un novice en politique, ancien CEO de Carlyle Group, qui n'avait donc jamais été candidat à aucune élection auparavant, aura mis à terre l'establishment.
Au cours de cette campagne électorale très suivie par les médias, McAuliffe a dû faire venir en Virginie Barack Obama, Joe Biden et Kamala Harris en renfort. "Nous allons gagner en Virginie" martelait Joe Biden lui-même la veille, depuis la conférence sur le climat de Glasgow.
Alors que Joe Biden apparaît dans les sondages comme le président le plus impopulaire de l'histoire récente des États-Unis depuis le fiasco du retrait de l'Afghanistan (voir notre précédent article "Le naufrage politique de Joe Biden"), ce n'était sans doute pas une bonne idée de la part de McAuliffe de chercher à nationaliser l'élection locale. En l'espace d'un an, la gauche est donc passée en Virginie de +10 % à -1,25 %.
Un bain de sang
"C'est un bain de sang" analyse le soir de l'élection sur MSNBC Larry Sabato, président du Centre d'études politiques de l'Université de Virginie.
En effet, non seulement les républicains ont emporté en Virginie le poste de gouverneur, mais ils ont également emporté le poste de lieutenant gouverneur, celui de ministre de la Justice de l'État ainsi que la majorité à la Chambre des représentants locale (House of delegates), en ravissant au parti démocrate les six sièges qui lui manquaient.
Une élection très serrée dans le New Jersey
L'État du New Jersey fait partie des États les plus à gauche de l'Union (avec New York et la Californie notamment). La réélection de l'actuel gouverneur démocrate Philip Murphy, qui avait obtenu 56 % des voix en 2017, était assurée (+8 % au minimum, d'après les sondages). D'ailleurs, Joe Biden n'avait-il pas battu Donald Trump par 16 points en novembre dernier dans cet État (57 % contre 41 %) ?
Au soir de l'élection, à la surprise générale, le candidat républicain - Jack Ciaratelli, un parfait inconnu - fait jeu égal avec le gouverneur sortant démocrate. Le résultat est tellement serré qu'il faudra attendre le lendemain soir pour que finalement, Murphy soit déclaré vainqueur, avec seulement quelques milliers de voix d'avance... Le boulet est passé tout près.
Une impopularité grandissante
Mais qu'a-t-il donc pu bien se passer en un an pour expliquer un tel retournement ?
Depuis sa prise de fonctions en janvier dernier, Joe Biden a dévoilé au grand public sa propre incompétence, celle de son entourage et de son gouvernement. Crise humanitaire à la frontière mexicaine, crise pétrolière, crise de l'inflation, crise de l'insécurité, crise budgétaire, sans parler des affaires internationales où le président américain encaisse revers sur revers.
L'impopularité du président est à son comble, surtout depuis le fiasco du retrait des troupes américaines d'Afghanistan en août dernier, qui s'est soldé par la mort de 13 soldats américains à l'aéroport de Kaboul et l'abandon sur place de dizaines de milliers d'Américains et de titulaires de cartes vertes.
Dans un sondage NBC publié le weekend dernier, 71 % des Américains déclarent que le pays va dans la mauvaise direction. Un record historique.
Un slogan meurtrier
Depuis quelques mois, les foules - surtout les jeunes dans les stades, concerts et clubs - hurlent en rythme un slogan meurtrier (et assurément vulgaire) : "Fuck Joe Biden". L'effet médiatique est dévastateur. Les médias tentent bien d'étouffer le phénomène, mais rien n'y fait.
Au début du mois d'octobre, alors qu'une journaliste de NBC interroge en direct Brandon Brown, un jeune pilote qui vient de gagner une course NASCAR, le public en arrière-plan dans les stands entonne allègrement "Fuck Joe Biden". La journaliste dit alors au pilote "vous pouvez entendre la foule crier Let's go Brandon".
Depuis lors, le phénomène "Let's go Brandon" devient incontrôlable à la fois sur les réseaux sociaux et dans la vie réelle, symbole de la révolte du peuple américain, contre la censure des médias, et contre son personnel politique inapte.
[Benny Johnson / 31/10/2021 / EN]
— BAN (@BAN05063867) November 1, 2021
WOW - Voici Donald Trump appréciant un chant "Let's Go Brandon" lors des World Series la nuit dernière. pic.twitter.com/5IMbNPEDBc
Joe Biden et son parti démocrate viennent, ni plus ni moins, d'être victimes d'une Let's go Brandon election. Et ce n'est vraisemblablement que le début d'une longue série.
#USA Florida Governor Ron DeSantis :” When you look at the Biden, the Brandon Administration “ “ Let’s go Brandon!” pic.twitter.com/j1lE2lLSb6
— Nicole Elisei (@EliseiNicole) November 3, 2021
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