La Chine s’attaque aux géants de la Tech pour un Internet plus ouvert et pour réaffirmer leurs valeurs
Régulation de la collecte des données, du caractère addictif des jeux vidéos, ou même des images véhiculées par les personnages de fiction... La Chine s'est mise à contrôler l’utilisation d’Internet par sa jeunesse, et cela avec un objectif clair : anéantir la mauvaise influence des loisirs sur les forces vives de la nation, la jeunesse. La Chine considère en effet que les efforts des jeunes seront déterminants pour assurer l'économie future du pays.
La répression contre les grands groupes technologiques chinois s’intensifie
La Chine a vécu ces dernières décennies une explosion numérique sur laquelle ont surfé plusieurs géants de la Tech. Les usages numériques, eux aussi, ont explosé. Le secteur technologique représente près d'un tiers de l'économie chinoise, mais la répression gouvernementale a fait déjà disparaître plus d'un milliard de dollars du marché. Ce lundi 13 septembre, Pékin a déclaré la guerre à Alipay, la super application détenue par Jack Ma, le fondateur d’Alibaba. L'objectif pour le gouvernement est d’éviter qu’Alipay ait le contrôle sur les données de toutes les transactions en ligne et en même temps des applications financières. En effet, "le gouvernement pense que le pouvoir de monopole des grandes technologies vient de leur contrôle des données", selon une personne proche des régulateurs financiers à Pékin citée par le Financial Times, Pékin vient aussi d’imposer à Tencent, ByteDance et Alibaba, de cesser de bloquer les liens des sites web concurrents, sous peine de sanctions. Selon des déclarations du porte parole du régulateur technologique du pays, Zhao Zhiguo, cela vise à faciliter la connectivité dans l'industrie de l'Internet, nécessaire pour promouvoir le développement de haute qualité de ce secteur, protéger l'expérience des utilisateurs et promouvoir un marché plus ouvert, donc, moins de concentration de pouvoir de la part des géants de la "Big Tech".
Un mouvement anti trust à la chinoise mais aussi une lutte sur les valeurs
Pour l'économiste Michel Santi, la raison pour laquelle la Chine s’attaque à son industrie la plus florissante est aussi culturelle. Il s’agit d’une nouvelle guerre culturelle contre les valeurs occidentales. Selon Santi, le modèle recherché par Pékin pour son industrie de la Tech est celui d’un « développement durable et sain », en ligne avec les valeurs de l’État, c’est-à-dire une politique “axée sur des priorités autrement plus vitales pour la nation que les réseaux sociaux, les jeux, la consommation et les loisirs”. Alors que la Chine a connu une croissance économique phénoménale, qui était sa priorité, elle souhaite désormais se concentrer sur “sa puissance”. Les jeunes chinois, eux, ne concentrent pas leurs facultés et leurs énergies vers cet objectif. Ils sont au contraire, selon le régime, distraits par les offres des plateformes numériques. Mardi 14 septembre, l'agence de presse du régime Xinhua a déclaré que les sites et plateformes doivent promouvoir les valeurs socialistes et l'éducation sur le parti communiste et ses réussites, les bonnes valeurs morales, et encourager les jeunes à utiliser Internet « correctement », « en toute sécurité », tout en améliorant l'autodiscipline. Dans ce contexte, pour combattre la dépendance aux jeux vidéo chez les jeunes, la Chine a mis en place des restrictions sur l’usage des jeux en ligne, considérés comme fortement addictifs.
La Chine s’attaque aussi aux influenceurs et aux modèles représentés dans les jeux vidéo
Le président Xi Jinping ne s’attaque seulement aux usages laxistes des plateformes. L'image des hommes véhiculée par les jeux vidéo est aussi visée. Selon le gouvernement chinois, des hommes efféminés, appelés hommes "sissy", dont la représentation serait courante dans les jeux vidéos, ne peuvent pas défendre la nation. Les célébrités à haut revenu, les stars de cinéma et les grands propriétaires d’entreprises technologiques sont concernés par ces mesures. La Chine considère la culture des célébrités et la poursuite de la richesse comme une importation occidentale dangereuse, qui menace le communisme et promeut l'individualisme plutôt que le collectivisme.
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