La guerre par proxy contre la Russie dans son tournant le plus dangereux

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Teresita Dussart, pour FranceSoir
Publié le 28 avril 2022 - 23:00
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Joe Biden téléphone Ukraine
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"Allo Volo ? c'est Joe !"
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CHRONIQUE — Maria Zakharova, porte-parole du ministère des Affaires étrangères russe, a déclaré ce jeudi que "l’Occident [était] en train d’armer ouvertement l’Ukraine pour attaquer la Russie". Et de poursuivre, ajoutant que ces attaques se produiraient avec des "armes provenant de nations de l’Otan". Selon elle, cette incitation serait devenue pour Kiev, son "guide d’action", et expliquerait les frappes de plus en plus proches, voire directement en territoire russe. "Je voudrais que Kiev et les capitales occidentales prennent sérieusement la déclaration de notre ministre de la Défense [Sergueï Shoïgu], que de nouvelles provocations ou attaques de l’Ukraine vont définitivement contribuer à une réponse plus dure de la Russie".

Vladimir Poutine lui-même, ces dernières heures, s’est occupé à faire monter la température : "Si des pays souhaitent s’ingérer dans les événements, alors ils doivent savoir qu’ils créeront une menace géopolitique pour nous et devront savoir qu’il y aura une réponse, une frappe de réponse rapide". Ce qui ne laisse pas beaucoup d’alternatives à l’interprétation sur le type de frappe. Cette déclaration vient s’ajouter à celle de "risque réel" selon Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe, de "conflit nucléaire" et de "troisième guerre mondiale". La gestion d’une crise familiale, en partie endogène, en grande partie alimentée par les États-Unis, serait en train de muter. Pour Sergueï Lavrov, "l’Otan est engagée dans une guerre avec la Russie, via un intermédiaire. Intermédiaire qu’elle [l’alliance atlantique] arme".

Voir aussi : États-Unis: le colonel Macgregor alerte quant à la périlleuse implication américaine en Ukraine

Que Sergueï Lavrov sorte du cadre de prudence rhétorique, qui lui est habituel, est d’autant plus préoccupant que les éléments de langage du côté occidental tendent à lui donner raison. Même si les États-Unis continuent à se poser pour limite de ne pas avoir, officiellement du moins, de présence militaire visible sur le sol ukrainien, l’objectif final de l’opération est "de débiliter la Russie". Ce sont les termes choisis par le secrétaire à la Défense américain, Lloyd Austin, à la suite de sa visite à Kiev, accompagné du secrétaire d’État, Antony Blinken.

Rappelons que Lloyd Austin est le général ayant été appelé à comparaitre devant le Congrès, le 16 septembre 2015, pour justifier du financement et de l'armement de plus de 60 groupes terroristes djihadistes par les États-Unis, durant la guerre en Syrie. Parmi les auteurs d’attentats en Europe de retour de Syrie, certains ont fort probablement été entraînés soit par les sociétés privées mandatées par l’actuel secrétaire à la Défense, soit par des tiers ayant été formé par celles-ci.  

Entre les nombreuses ramifications des groupes terroristes couvés par le parti démocrate en Syrie, se trouvait Al Nusra (ANR par ces sigles en anglais), rebaptisé Fatah al-Sham pour faire oublier sa filiation avec Al-Quaïda. C’est aussi sur les ordres d'Austin qu'a eu lieu l'attaque Deir ez Zor, le 16 septembre 2016, où se trouvaient les forces loyalistes de Bashar al Assad, encerclant le dernier bastion d’Al Bagdadi, permettant aux éléments les plus féroces de Daesh de s’échapper. L’attaque avait fait plus de 100 morts civils et 90 soldats réguliers.  

Jen Psaki, porte-parole de la Maison-Blanche, déclare : "Nous sommes fiers des succès ukrainiens à l’heure de répondre à l’agression russe, et oui nous cherchons à prévenir l’expansion de la Russie au-delà." La notion d’une opération beaucoup plus ambitieuse que de protéger la veuve et l’orphelin est là aussi de plus en plus transparente.

La quantité atypique de fonds alloués à l’Ukraine n’évoque rien qui ne soit un scénario de guerre en grand. Le président Joe Biden a annoncé ce mercredi adresser au Congrès un nouveau projet de 33 milliards de dollars de fonds additionnels. Le gouvernement du démocrate double pratiquement chaque semaine les fonds, passant de 800, à 1 600. En additionnant toutes les injections d’argent, la somme versée au gouvernement ukrainien pour son effort de guerre est de quatre milliards de dollars depuis le début de l'année. Avant l’invasion russe, les États-Unis avaient déjà versé 2,4 milliards de dollars à l’Ukraine. Somme dont on ne sait l'utilité, sachant que jusqu’en février 2022, les unes des journaux ukrainiens étaient entièrement consacrées à la corruption de sa classe politique.

À quelques jours du premier tour en France, Gabriel Attal annonçait que le gouvernement français venait de concéder 100 millions d’euros d’aide militaire à Volodymyr Zelensky. Mais surtout, il révélait que depuis 2014, la France avait été le principal fournisseur d’armes à l’Ukraine. D’autant plus troublant que la France et l’Allemagne sont les états garants des accords de Minsk. De ce fait, il aurait été assez normal que la France s’en tienne à une stricte neutralité.

L’Ukraine est la place par excellence du trafic d’armes du monde. Mais les armes qui sont en train de lui être livrées le sont pour un usage beaucoup plus sérieux que celui de nourrir des cartels de drogue latino-américains, des dictateurs africains ou des djihadistes. Cette fois, il ne s’agit pas pour l’Ukraine d’agir comme le "broker" préféré des mormons de la CIA vers les affreux utiles du moment. Obus de 155 mm, véhicules blindés M113, hélicoptères MI-17, explosif C-4, radars antiaériens divers, drones Switchblade, Javelin, Stinger, et bien d'autres. Tout se passe en dehors de tout contrôle. Il pourrait même entrer des armes violant la Convention d’Ottawa. Sans compter le fait que l’Ukraine est devenue une plateforme de développement d’armes biologiques et chimiques, sous l’effet des investissements de Hunter Biden à partir de 2013. Chose que le fils de Joe Biden n’aurait pu faire dans aucun autre pays du monde autre que l’Ukraine.

Lire aussi : Confirmation des laboratoires d’armes biologiques en Ukraine, compromission de la famille Biden

C’est la première fois dans l’histoire des conflits contemporains que la diplomatie a été écartée d’office, substituée par une stratégie d’armement. La seule tentative a été celle engagée par la Turquie, aboutissant le 20 mars 2022 à un accord de retrait des troupes russes de Kiev, et la déclaration de la part de Volodymyr Zelensky de vouloir rencontrer Vladimir Poutine, car "les conditions étaient données". Apparemment, cet accord de paix a désagréablement surpris les États membres de l'alliance atlantiste. Quelques jours après le retrait des troupes russes apparaissaient des cadavres jonchant les rues de la ville de Boucha. Les Russes auraient donc laissé ces corps sans même chercher à dissimuler leur forfait, alors qu’un accord de paix venait d’être signé. L’épisode Boucha marque la fin des négociations avec l’Ukraine et le début de la vraie guerre par proxy.

Serguei Lavrov évoquait mardi, pour la télévision nationale russe, la crise des missiles de Cuba en 1962. "Il y avait alors des règles", a-t-il précisé. Une de ces règles était la diplomatie avant tout. Ces règles n’existent plus avec Joe Biden, car le vieil homme est marqué au fer rouge comme tout ce qui vient du gouvernement de Barack Obama. Ce sont les humiliés de Vladimir Poutine, en Syrie.

Il est très difficile de comprendre l’obsession ukrainienne de Joe Biden, outre les intérêts mafieux de son fils et son frère, sans avoir à l’esprit l’histoire récente de l’administration dont il a été le vice-président. Un grand moment de russophobie comme politique d’État du parti démocrate au pouvoir, aura été la réjouissance non dissimulée après l’assassinat de l’ambassadeur russe à Ankara, Andrei Karlov, le 19 décembre 2016, par des membres du Fatah al Islam confédérés au sein d’Al Nusra. Un des groupes terroristes financés par les États-Unis faisant partie des "rebelles modérés", tels qu’ils étaient alors évoqués par les médias. Ce même Fatah al Islam avait assassiné à Amman en 2002, l’ambassadeur américain Laurence Foley. Mais ce rapprochement ne devait pas venir assombrir les réjouissances face à l’assassinat du Russe, interprété comme un acte de résistance.   

Le fait est que les Russes ne devaient pas voler la vedette à Barack Obama, car exposer ses crimes est impardonnable. La conférence sur le désarmement chimique de la Syrie est organisée à l’initiative de la Russie en 2013. L’administration Obama voulait confier leur destruction aux "rebelles modérés". Ce sont les Russes qui assurent la démilitarisation de ce qui reste de djihadistes à Idlib en 2016, pacifiquement et professionnellement. C’est à Moscou que se discute le cessez-le-feu du 27 décembre 2016. C'en est trop.

Barack Obama, en même temps, quitte le pouvoir avec sur la conscience la mort de millions de personnes dans la zone du Sham, et partout où il s’est occupé de jouer au "regime change". Les victimes des plus de 60 groupes terroristes salafistes lui restent sur la conscience à jamais. Néanmoins, son retentissement est grand à l’égard de la Russie qu’il qualifie (en disant au revoir au pouvoir) de "petite nation", "sans capacité de créativité". Il est certain que lui a été très créatif avec "ses printemps arabes". Depuis s’installe l’idée, pour la première fois depuis la fin de la guerre froide, qu’il y a un pouvoir de trop. Le monde serait meilleur en version singleton. Et Joe Biden est là pour finir le boulot. Au prix de la pire crise énergétique, au prix d’une dépression économique, au prix d’une troisième guerre mondiale en gestation. Mais que peut-il y avoir de moralement pire que ce qu'ils ont démontré être capable de faire en Syrie  ?

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