Pour lutter contre la "propagation des théories complotistes", l’Allemagne veut interdire Telegram

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FranceSoir
Publié le 30 janvier 2022 - 13:45
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Natalia Seliverstova / Sputnik / Via AFP
Le logo de la messagerie Telegram.
Natalia Seliverstova / Sputnik / Via AFP

Alors que le Danemark, l’Angleterre et la Catalogne abandonnent toute forme de restrictions sanitaires, le gouvernement social-démocrate allemand doute du bien-fondé de cette stratégie et planche plutôt sur une éventuelle vaccination obligatoire. Par ailleurs, il a dans son viseur les réseaux de « complotistes » réfractaires à la vaccination et aux mesures sanitaires. C’est pourquoi la messagerie chiffrée Telegram, devenue une alternative aux autres réseaux sociaux qui pratiquent la censure, est devenue la cible des autorités, bien décidées à enrayer l'essor du « complotisme ».

La vaccination obligatoire bientôt en discussion

Si aucun projet de loi n'a encore été déposé au Parlement, les députés vont entamer mercredi des discussions préliminaires sur l'obligation vaccinale, soutenue par le chancelier de centre-gauche Olaf Scholz. Une mesure qui génère une atmosphère électrique outre-Rhin. Les opposants à la vaccination contre le Covid-19 sont, par ailleurs, mobilisés depuis des semaines en Allemagne, où ils manifestent régulièrement dans tout le pays.

Face à la montée des tensions, la ministre de la Justice, Nancy Faeser, entend présenter d'ici Pâques un plan d'action visant à contraindre la plateforme Telegram à supprimer les messages « haineux » et à identifier leurs auteurs.

Jusqu'à 200 000 personnes

Certains groupes de discussion opposés à la vaccination obligatoire, où sont partagés des informations à rebours du discours officiel sur le Covid, réunissent jusqu'à 200 000 personnes, d’après un décompte de l'AFP. Si Telegram ne coopère pas avec les désidératas des autorités allemandes, la ministre Nancy Faeser envisage l'interdiction pure et simple de l'application en Allemagne, à l’instar du Parti communiste chinois qui a déjà censuré ce réseau.

La solution est simple : exiger de Google ou d'Apple qu'ils retirent l'application de leur catalogue de téléchargement. Pour Simone Rafael, responsable numérique de la Fondation de la lutte contre le racisme Amadeu Antonio, la seule façon de venir à bout du service est de l'interdire complètement en Allemagne.

« Parce que les grandes plateformes comme Facebook n'autorisent plus la haine raciste, antisémite et les contenus d'extrême droite comme le négationnisme, les personnes qui veulent diffuser cela cherchent de nouveaux moyens. Actuellement, le plus populaire en Allemagne est Telegram », explique-t-elle à l'AFP.

Un autre argument mis en avant : lutter contre les appels au meurtre. Si l’on en croit les journalistes du service public ZDF, qui avaient infiltré un groupe de messagerie Telegram, des menaces de mort auraient été proférées contre Michael Kretschmer, ministre-président CDU (Union chrétienne-démocrate), favorable à la vaccination. Suite à ces informations, la police allemande avait mené une opération le 15 décembre. « Les déclarations de certains membres du groupe laissaient supposer qu'ils pourraient être en possession d'armes réelles et d'arbalètes », avait-elle ensuite déclaré dans un communiqué sans, en revanche, préciser si, au bout du compte, des arrestations avaient bel et bien eu lieu, rapportait le Figaro.

À l’inverse de Telegram, les autres géants du numérique se conforment aux exigences de censure des autorités allemandes, en plus de réaliser un fact-checking, pour le moins controversé.

Voir aussi : Le British Medical Journal étrille le fact-checking de Facebook: "inexact, incompétent, irresponsable"

Ainsi, Facebook avait annoncé en septembre dernier la suppression de comptes, pages et groupes liés aux « libres penseurs » en Allemagne, une mouvance opposée aux restrictions sanitaires.

L'opposition à la politique sanitaire ne s'était pas cantonné aux réseaux sociaux. En juin 2021, le journal le plus lu d'Allemagne, Bild, avait présenté des excuses à son lectorat pour sa couverture médiatique anxiogène de la crise Covid, n'hésitant pas à aller jusqu'à accuser le gouvernement de « propagande ».

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