L'inquiétante incompétence de Joe Biden

Auteur(s)
Anthony Lacoudre, pour FranceSoir
Publié le 17 mai 2021 - 17:52
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Joe Biden Lacoudre
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ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP - FS
Joe Biden
ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP - FS

CHRONIQUE - Les Américains viennent de réaliser que le ciel leur est tombé sur la tête. Quatre mois seulement après la prise de pouvoir de Joe Biden, le pays doit faire face à une quadruple crise, dont la combinaison est sans précédent.

 

Un pays sans frontières

La première est la crise de la frontière avec le Mexique. Quand il prend ses fonctions le 20 janvier dernier, Joe Biden hérite d'une frontière Sud sécurisée, 720 km de mur ont été construits, il ne reste plus que quelques kilomètres pour achever l'ouvrage, les arrestations d'immigrés clandestins tentant de franchir la frontière sont au plus bas depuis 45 ans.

Quatre mois plus tard, après avoir interrompu la construction de la fin du mur et méthodiquement démantelé les unes après les autres les mesures efficaces prises par Donald Trump, et après avoir ouvertement appelé les immigrés à venir aux États-Unis, c'est le chaos total (voir nos articles précédents des 2 et 3 mai derniers). À ce jour, la situation est hors de contrôle. Pire, le problème migratoire s'est métamorphosé en une véritable crise humanitaire (abus sexuels sur les mineurs, clandestins qui meurent en nombre pendant leur périple, enfants abandonnés par les passeurs au milieu de la pampa, conditions d'accueil et de détention inhumaines, etc).

D'après les derniers sondages, 73 % des Américains sont très inquiets de la situation à la frontière alors que 57 % y voient une grave crise (et ce, en dépit du cover-up des grands médias). Drogues et criminels passent la frontière en toute impunité. À tel point que plusieurs états du Sud ont déclaré l'état d'urgence et poursuivent en justice l'État fédéral pour refus d'application de la loi. Les élus de l'opposition tirent la sonnette d'alarme : la République est en danger.

Au rythme actuel, ce sera au minimum deux millions d'immigrés clandestins qui auront trouvé refuge aux États-Unis en une année, un record depuis 20 ans. La vice-présidente Kamala Harris, chargée par Joe Biden de régler la crise, répond, avec son rire niais habituel, qu'elle n'est pas prête de se déplacer à la frontière à cause du virus (alors qu'elle est vaccinée). Il est vrai que la situation sanitaire des immigrés clandestins entassés dans les cages le long de la frontière - avant d'être éparpillés dans tout le pays aux frais des contribuables -  constitue une source de contagion préoccupante. 

 

Une économie qui part en vrille

La deuxième crise est économique. Tout d'abord sur le front de l'emploi. Alors que les experts attendaient un rebond spectaculaire des emplois créés par l'économie américaine au mois d'avril, dans le double contexte de la réouverture de l'économie post virus et des dépenses publiques massives adoptées par le Congrès en mars dernier, c'est finalement la douche froide. 266.000 emplois créés au lieu du million attendu.

Les économistes réalisent - un peu tard - que les allocations chômage exceptionnelles votées par le Congrès poussent les chômeurs à rester chez eux plutôt qu'à reprendre le chemin du travail. On comprend ces derniers puisqu'en deçà d'un salaire annuel de $50.000, ils gagnent plus en restant chez eux qu'en allant travailler. Résultat, 8 millions d'offres d'emplois ne trouvent pas preneur, ce qui empêche les entreprises -  principalement des PME - de reprendre leurs activités.

À cela s'ajoute l'inflation. Le chiffre du mois d'avril est un coup de semonce. Une hausse de 0,8 % en un mois, du jamais vu depuis 12 ans. Sur une année, cela porte l'inflation à 4,2 %. Au-delà de 2 %, la banque centrale est supposée remonter les taux d'intérêts. Cette même banque centrale fédérale imprime d'ailleurs des trillions de dollars pour financer les plans de relance de l'économie par la dépense publique mis en place par la Maison Blanche, avec le risque d'affaiblir durablement la monnaie américaine (sans compter les quelques sept trillions de dollars additionnels de dépenses publiques que souhaite imposer Joe Biden (infrastructures, aides à la famille, etc).

Mais surtout, les salaires augmentent sous l'effet de la rareté de la main-d'œuvre. Les prix des biens de consommation, de la nourriture et des matériaux de construction explosent, les entreprises tournent au ralenti, la demande de biens excédant la production. Les économistes de tous bords supplient le gouvernement de prendre six mois de vacances et d'arrêter d'intervenir. Même Larry Summers, l'ancien responsable de la politique budgétaire de Barack Obama, s'inquiète publiquement : "Je fais partie de ceux qui sont inquiets de l'inflation et elle augmente bien plus vite et bien plus tôt que je ne l'avais prévu. Il ne faut pas prendre ces chiffres à la légère, la pente est dangereuse, cela a de quoi nous rendre nerveux pour l'avenir ", rappelant au passage que c'est la forte inflation sous Jimmy Carter qui fit élire Ronald Reagan en 1980.

 

La crise du pétrole

Et comme si cela ne suffisait pas, le prix du pétrole augmente lui aussi. Une crise de l'énergie directement provoquée par Joe Biden qui, dès le premier jour de la prise de ses fonctions, s'est empressé d'empêcher la finalisation du pipeline Keystone (acheminant le pétrole du Canada vers le Golfe du mexique) et d'interdire tout nouveau projet d'exploration sur les terrains fédéraux. Une vingtaine d'états poursuivent en justice la Maison Blanche pour obtenir l'annulation de l'annulation... La guerre ouverte aux énergies fossiles est déclarée.

Cerise sur le gâteau, des hackers étrangers (russes) ont réussi à bloquer le système informatique du pipeline Colonial (qui achemine le pétrole le long de la côte Est du Texas jusque dans le New Jersey), ce qui eut pour effet immédiat de priver de distribution d'essence les aéroports et les stations du Sud-Est du pays. Le prix du litre d'essence est au plus haut depuis sept ans. Les images des files interminables de voitures qui attendent aux stations leur ravitaillement en essence rappellent la situation dans les années 1970. Les esprits s'échauffent, les conducteurs se battent à main nue. Quatre états du Sud déclarent l'état d'urgence.

Le contraste est saisissant avec l'ère Donald Trump, au cours de laquelle le prix de l'essence à la pompe était au plus bas. Sous Trump, les États-Unis sont devenus, pour la première fois en 75 ans, indépendants énergétiquement et même exportateurs de gaz de schiste. Coïncidence du calendrier, le pipeline Keystone aurait été terminé le jour où le pipeline Colonial a fait l'objet de la cyber attaque. Heureusement, la population est rassurée car le gouvernement a la situation en main. La ministre de l'énergie affirme que l'attaque du pipeline n'aurait pas posé de problème si tout le monde conduisait une voiture électrique (alors même que l'électricité aux États-Unis provient à 60 % d'énergies fossiles...)

Quant à la ministre des relations avec la presse, elle explique tout bonnement que le problème se résoudra de lui-même lorsque la rançon de cinq millions de dollars aura été payée aux hackers. Et Joe Biden a trouvé la solution en suggérant aux enfants de se spécialiser dans la cybersécurité à l'école. "C'est la remarque la plus stupide que j'ai jamais entendue de la part d'un Président" réagit le sénateur Républicain Lindsey Graham.

Pour couronner le tout, le ministre des Transports en profite pour annoncer une prochaine augmentation de la taxe sur la consommation de l'essence pour financer le plan d'infrastructures à trois trillions de dollars.  

 

L'instabilité du Moyen-Orient

Lorsque Joe Biden prend le pouvoir, Donald Trump laisse un Moyen-Orient en paix. Les accords d'Abraham ont été signés entre Israël, Bahreïn et les Émirats Arabes Unis. L'Arabie Saoudite était sur le point de signer la normalisation des relations avec l'État hébreux.

Quatre mois plus tard, le Hamas lance plus de 2.000 missiles sur Jérusalem et Tel Aviv. En ré-instaurant - sans condition, notamment d'abandonner toute action terroriste contre Israël - les programmes de financement des autorités palestiniennes interrompus par Trump, Joe Biden a donné son blanc-seing. Les groupes terroristes palestiniens ont vite compris le message. Par comparaison, lorsque Donald Trump a déplacé l'ambassade américaine à Jérusalem en décembre 2017, les Palestiniens n'ont pas réagit aussi violemment qu'aujourd'hui.

En parallèle, le gouvernement de Joe Biden ne trouve rien de mieux à faire que de négocier la levée des sanctions économiques contre l'Iran. Il s'apprêterait même à fournir à l'Iran des milliards de dollars dans le cadre de la relance de l'accord sur le nucléaire de 2015 promptement dénoncé par Trump en 2017.

 

L'accumulation de ces crises n'est pas une coïncidence

Mike Pompeo, l'ancien ministre des Affaires étrangères de Donald Trump, résume bien la situation : "La sécurité nationale du pays est en cause, tout ceci ne serait jamais arrivé avec Donald Trump comme Président".

Donald Trump constate lui-même que comparer Joe Biden à Jimmy Carter est injuste pour ce dernier car, si Jimmy Carter ne savait pas gérer les crises, au moins il ne les provoquait pas. "Le Président est élu pour résoudre les problèmes, pas pour les créer" précise-il.

La situation est tellement tendue que le 12 mai dernier, 124 amiraux et généraux américains à la retraite ont écrit une lettre ouverte à Joe Biden, l'incriminant d'avoir volé son élection, constatant que l'État de droit a été violé (comme quoi personne n'est dupe sur le sujet de la fraude électorale). Surtout, ils remettent en question la capacité physique et mentale du Président à diriger le pays, soulignant que "Les États-Unis sont en grave danger, comme cela n'est jamais arrivé depuis 1776... La survie de notre nation est en jeu".


 

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