Procureur pour Trump, offensive judiciaire anti-Biden : nouvelle ère d'enquêtes aux Etats-Unis
Alors que l'administration Biden vient de nommer un procureur spécial pour enquêter sur Donald Trump, les républicains, désormais maîtres de l'une des chambres du Congrès américain, promettent eux aussi au président américain une flopée d'enquêtes et d'auditions.
Les Américains peuvent donc s'attendre, d'ici aux législatives et la présidentielle de 2024, à une longue bataille procédurière entre deux camps qui s'accusent mutuellement de détourner la justice et les mécanismes d'enquête parlementaire à des fins politiques.
Le président "Joe Biden a complètement instrumentalisé le ministère de la Justice pour attaquer ses opposants politiques", a par exemple affirmé vendredi sur Twitter le sénateur du Texas Ted Cruz.
Il réagissait à la décision du ministre de la Justice Merrick Garland de nommer un "procureur spécial", Jack Smith, pour reprendre deux enquêtes menées depuis des mois contre Donald Trump.
La première porte sur les efforts du milliardaire républicain pour changer les résultats de la présidentielle de 2020, la seconde sur sa gestion des archives de la Maison-Blanche.
Mais là où une partie de la droite dénonce, comme l'ancien président, une "chasse aux sorcières", les démocrates se préparent eux à faire le même type de reproches aux républicains.
Ces derniers ont en effet la ferme intention d'utiliser leurs prérogatives parlementaires fraîchement acquises pour lancer une série d'enquêtes, avec pour première cible désignée le fils cadet du président.
"Nous n'avons pas l'intention de citer Joe Biden à comparaître. Nous avons l'intention de citer Hunter Biden", avait indiqué jeudi sur CNN James Comer, en détaillant cette stratégie.
Cet élu du Kentucky à la Chambre des représentants est pressenti pour devenir en quelques sortes l'enquêteur en chef de la droite, à la suite des élections de mi-mandat qui ont vu les républicains emporter cette chambre du Congrès, sans réussir toutefois à prendre aussi le Sénat.
James Comer doit prendre selon toute vraisemblance la tête de la commission de la Chambre chargée de superviser l'exécutif et au besoin d'enquêter sur ses actions, le "House Oversight Committee".
L'élu a toutefois bien fait comprendre qu'au-delà de Hunter Biden, c'est bien le président démocrate lui-même qui est visé.
"Il faut appeler cela l'enquête Biden, pas l'enquête Hunter Biden", a dit James Comer, toujours sur CNN.
Le fils cadet du président à la vie privée chahutée et au passé de toxicomane, est depuis longtemps dans le viseur de la droite américaine.
Ukraine et Chine
Les républicains le soupçonnent d'avoir entretenu en Ukraine et en Chine des relations d'affaires douteuses, en capitalisant sur le carnet d'adresses et le poids politique de son père, quand celui-ci était vice-président de Barack Obama (2009-2017).
James Comer a par ailleurs indiqué qu'il ferait plancher sa commission sur les origines de l'épidémie de Covid-19 et sur la responsabilité en particulier d'un laboratoire situé à Wuhan en Chine, un sujet cher aux républicains.
La droite a aussi exprimé son intention d'enquêter sur la gestion de la crise migratoire à la frontière avec le Mexique.
Alors que les démocrates rejettent en bloc toutes les accusations concernant Hunter Biden, l'élu républicain assure que l'activité de la commission d'enquête de la Chambre des représentants ne sera pas "un cirque" politique.
"Ce n'est pas une commission où tout le monde va crier, s'indigner et essayer de faire passer les témoins pour des imbéciles", avait-il promis dans une interview le 8 novembre dernier avec Politico.
Les démocrates, eux, préparent déjà la contre-offensive.
Le site Politico a révélé récemment la création d'une association, le "Congressionnal Integrity Project", exclusivement destinée à riposter aux enquêtes parlementaires des conservateurs.
Son objectif est "d'enquêter sur les enquêteurs" et "d'exposer leurs motivations", a indiqué à Politico son fondateur, Kyle Herrig. Le principal objectif des républicains, selon lui, n'est pas la quête de la vérité mais de "salir Joe Biden pour servir les intérêts politiques de Donald Trump".
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